Culture

« Honneur à notre élue », une pièce en écho avec l’affaire Fillon ? au Quai à Angers

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Crédit TB – La troupe vous explique pourquoi vous devez aller voir « Honneur à notre élue

Marie NDiaye raconte l’histoire d’une élue qui est reconduite à son poste depuis 10 ans dans sa ville. La pièce porte une réflexion sur la face du politique à travers tout ce que l’on peut penser d’un politique. « C’est une écriture très unique qui au début quand on lit la pièce parait lyrique mais plus on la travaille, plus il y a une concrétisation de la pensée. L’auteur met en mots, les êtres et elle va au bout des sentiments qui les animent dans une pleine sincérité toujours que ce soit pour l’opposant ou l’élue. Et le fait d’être arriver à incarner ces personnages, cette écriture, donne une humanité à ces personnages qu’on connait du politique » précise Frédéric Bélier-Garcia, le metteur en scène de la pièce.

Une élue intègre

Isabelle Carré, joue l’élue dans la pièce. « À chaque pièce, j’essaie de réécrire tout le texte mais pour me l’approprier. Par exemple, ma première réplique fait une page. Mais à force de l’apprendre, cela deviens naturel » confie l’actrice.

Niveau inspiration ? « J’ai plutôt pensé à Audrey Hepburn. Car je sortais d’un monologue d’elle qui sortait d’une intégrité et d’une humanité admirable par rapport à mon personnage. Son engagement aussi par rapport à l’UNICEF » rapporte l’actrice française.

Son personnage ? « Elle est un peu à part, c’est justement peut-être ça qui résonne d’une façon assez terrible par rapport à ce que l’on vit. Car oui, elle est incorruptible, dans l’idéal. Et elle est incarne ce que l’on veut des politiques. Elle n’essaie pas de se défendre et c’est tout son mystère et sa beauté car à aucun moment, elle ne veut rentrer dans ce jeu là. Elle ne veut pas se corrompre en essayant de prendre sa propre défense. Elle veut rester droit dans ses bottes, dans son intégrité, dans sa pureté et laisser faire ce qu’il doit être fait » affirme Isabelle.

Un opposant obsédé de la politique.

Patrick Chesnais joue le personnage l’opposant dans « Honneur à notre élue ». « J’essaie de conserver l’originalité de la pièce tout en le rendant proche au spectateur » explique l’acteur.

Un politique ne voulant pas la défaite. « L’opposant est obsédé par la gagne. Mais il est aussi par son adversaire. Une obsession qui l’empêche de vivre sa vie même dans sa vie d’élu. Et cette obsession fait que quand il obtient sa victoire, il y a quelque chose qui se défait, brûlé en lui. Il refuse sa victoire. C’est peut-être aussi le raccourci de la vie politique. La lutte pour la victoire pour les élections. C’est un personnage très complexe et contradictoire. On a du mal à le cerner dans un premier temps notamment quand je l’ai lu pour la première fois. C’est ce qui en fait, un vrai personnage, un grand personnage du théâtre. » s’exclame l’acteur.

« Nous sommes dirigés par des grands malades »

« La lutte pour l’élection est quelque chose qui est destructeur. C’est pour ça qu’en général les personnes politiques sont très critiqués et fascinent en même temps. Parce que, ce sont des gens qui se brûlent les ailes. Ce sont des fous, ces grands malades pour arriver à être président de la République, il faut être un grand malade. Donc nous sommes dirigés par des grands malades. Mais comme des grands artistes, sportifs sont des grands malades. Quand on arrive à un point ultime de responsabilité, on est en dehors du moule quotidien ».

Une résonance avec l’actualité

Selon le metteur en scène, « je crois que la pièce résonne avec l’époque. Je la ressens comme un hommage à la grandeur de la politique et à sa difficulté magnifique dans laquelle tout le monde se brûle. Soit par trop d’intégrité, soit par volonté de gagner, de dépasser l’humiliation de la défaite. ».

Isabelle Carré fait aussi un rapprochement avec l’affaire Fillon qui a secoué la France ces derniers temps. « Il y avait une phrase que j’avais oublié et pas des moindre qui faisait résonance. « Vous affirmez que ce sont des calomnies. Oh je n’en doute pas » dans la dernière scène de la pièce. Je l’ai oublié car j’étais en train de penser aux gens, à la façon dont cela pouvait résonner par rapport à la conférence de presse de Fillon. Mais il y a aussi des passages entiers qu’on pourrait mettre dans la bouche d’un tel ou d’un tel. Et en même temps, mon personnage réagit à l’opposé de Fillon. »

Pour l’acteur de 69 ans, Patrick Chesnais, le rapprochement ne fait aucun doute aussi « Il y a un écho extraordinaire sur l’actualité. Il y a des phrases entières dans la pièce qui font un écho direct avec François Fillon. On est des réceptacles de l’actualité. On fait passer une espèce d’humeur des responsabilités des personnages ».

La morale de la pièce ?

« Je trouve que cette pièce est comme une mise en garde sur le fait qu’on peut aller faire le pire, vers cette attirance là sous prétexte de changements, sous prétexte d’aller vers quelqu’un à qui on peut s’identifier » alerte Isabelle.

L’actrice explique aussi comment l’image de la politique est friable. « Finalement cette attirance là est plus facile, plus simple que de préserver certains acquis. Tout comme l’élue j’incarne. Elle est là depuis des années, elle satisfait tout le monde. Mais il y a un espèce de vent de modernité qui souffle sur un nouveau visage qui lui se permet d’utiliser tout les moyens pour gagner. Et finalement on s’interroge plus sur ces moyens, on ne fait que lyncher l’ancienne figure ».

« Donc oui, aujourd’hui, on a jamais été aussi inquiet, fébrile à l’approche des élections. Et je pense que même si le texte semble par moment un peu opaque, il y a des portes d’entrées partout, on peut y voir un écho à ce que l’ont vit » éclaircit Isabelle Carré.

Le pouvoir ne dure qu’un temps et la pièce entreprend d’aborder cette thématique pour cette dernière, « c’est pour ça qu’il y a un coté shakespearien à la pièce. C’est effectivement, cet accès au pouvoir qui corrompt, brise les hommes mais en même temps, je trouve cela très agréable d’avoir une pièce moderne. Ce n’est pas une morale mais un questionnement sur les choses qui peuvent nous détruire ».

Une correspondance de Thomas Baritaud

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