Charente-Maritime
Le secteur du BTP en Charente-Maritime : entre crise des chantiers et pénurie de main-d’œuvre
Le secteur du bâtiment et des travaux publics (BTP) en Charente-Maritime traverse une période difficile, marquée par une baisse de l’activité et des difficultés de recrutement.
Selon France Bleu, en pleine « Semaine des métiers du bâtiment et des travaux publics », la situation de cette branche, pourtant essentielle, fait l’objet de toutes les attentions.
Une crise des chantiers qui freine l’activité
Philippe Borne, président de la Fédération Française du Bâtiment et des Travaux Publics en Charente-Maritime, alerte sur la baisse significative du nombre de projets. « Les carnets de commande s’effondrent. On fait face à une baisse globale de l’activité du bâtiment », explique-t-il. La crise est particulièrement marquée dans le secteur résidentiel, où les projets de construction s’espacent. « Il faut compter entre 18 et 24 mois pour la construction d’une maison, et jusqu’à 60 mois pour des immeubles. Cette inertie nous mène vers des années difficiles, surtout avec la fin du Prêt à Taux Zéro (PTZ) et l’absence de taux attractifs pour les primo-accédants », précise Borne.
Recrutement : une main-d’œuvre difficile à fidéliser
En parallèle de cette baisse d’activité, le secteur fait face à un casse-tête quotidien : recruter du personnel qualifié. Si les offres de postes sont nombreuses, les profils intéressés se font rares. Les employeurs doivent non seulement gérer ce manque de main-d’œuvre, mais aussi composer avec des absences de dernière minute. Farid Dupuis, chef de chantier à l’entreprise Pianazza, basée à Angoulins-sur-Mer, témoigne : « J’ai toujours des absences de dernière minute avec certains intérimaires, souvent issus de milieux sociaux compliqués et moins fidèles au poste. Pour y pallier, je prends 5% de personnel supplémentaire sur chaque chantier. »
Intérim, une flexibilité privilégiée par certains travailleurs
Si certains employeurs peinent à fidéliser leurs équipes, des travailleurs comme Farid, un ouvrier de 34 ans, choisissent volontairement la voie de l’intérim. Originaire du Maroc, Farid a débuté avec un contrat Pro, avant d’opter pour le CDI. Mais, rapidement, il a décidé de changer de mode de fonctionnement. « Le travail ne manque pas, c’est certain, donc j’ai préféré l’intérim. Je change souvent de patron, c’est plus flexible. Quand l’entente est bonne avec un chef de chantier, comme ici, je suis souvent rappelé. Cela fait 15 ans que je travaille ainsi, et ça me plaît », raconte-t-il. Pour lui, cette liberté de choix et la variété des missions sont des atouts majeurs dans un métier qu’il envisage de continuer longtemps.
Une hausse des salaires pour retenir les talents
Face à cette pénurie de main-d’œuvre et pour attirer et retenir les talents, les employeurs ont dû réagir. « Cela fait plusieurs années que nous avons fait un effort sur les salaires », souligne Farid Dupuis. Ce constat est partagé par l’ensemble du secteur : les employeurs n’ont d’autre choix que d’améliorer les conditions salariales et de travail pour faire face à cette concurrence accrue sur le marché de l’emploi.