Charente-Maritime
Un péage écologique pour le pont de l’île d’Oléron : entre nécessité et controverse
Gratuit depuis plus de trois décennies, le pont de l’île d’Oléron pourrait bientôt devenir payant sous la forme d’une écoparticipation. Si les élus locaux défendent ce projet comme une solution pour préserver les espaces naturels et financer l’entretien de l’infrastructure, l’idée suscite une vive opposition parmi les habitants et les associations.
Un projet pour préserver l’île et son pont
Selon France 3, chaque jour, 15 000 automobilistes traversent gratuitement le pont reliant l’île d’Oléron au continent. Mais cette situation pourrait évoluer. Lors d’une réunion tenue le 6 novembre 2024, les présidents des Communautés de communes des îles d’Oléron, de Ré et de Noirmoutier ont remis à l’ordre du jour l’idée d’un droit de passage, cette fois présenté sous la forme d’une écoparticipation.
« Aujourd’hui, les usagers ne participent pas à l’entretien et à la valorisation des espaces naturels qui sont magnifiques et qui ont besoin d’être protégés. Il me semble naturel qu’ils y contribuent sous la forme de l’écoparticipation », explique Michel Parent, président de la Communauté de communes de l’île d’Oléron.
Selon lui, cette contribution permettrait de financer l’entretien et la sécurisation du pont, mais également de lutter contre l’érosion qui menace l’île.
Inquiétudes des commerçants et des habitants
Si les élus défendent ce projet comme un moyen de garantir la durabilité du pont et des paysages de l’île, les habitants et les commerçants y voient une menace pour leur économie locale.
Paul Dupuis, restaurateur à l’entrée de l’île, redoute un impact sur sa clientèle :
« Rien que l’hiver, j’ai une grosse clientèle qui vient de l’extérieur de l’île. S’ils doivent payer à chaque fois, je perds cette clientèle, c’est sûr. »
L’instauration d’une taxe pourrait également affecter le coût de la vie pour les résidents.
« Les transporteurs vont payer l’écotaxe et vont forcément répercuter sur le prix des transports. Le prix des marchandises va donc augmenter sur l’île d’Oléron, il y aura forcément un impact pour les Oléronais », alerte Michel Rivault, président de l’Association pour la Gratuité du Pont de l’île d’Oléron (AGPIO).
Un débat récurrent
Ce n’est pas la première fois que cette idée est évoquée. Déjà en 2021, un projet similaire avait été abandonné faute de majorité au sein du conseil départemental. Mais trois ans plus tard, les besoins d’entretien du pont rendent la question plus pressante : des réparations sont estimées à 60 millions d’euros, selon le département de la Charente-Maritime.
Le débat reste cependant vif, comme en témoigne la reconstitution de l’AGPIO pour faire face à cette nouvelle tentative d’instaurer un péage. L’association tiendra une assemblée générale le 5 décembre à la salle du Sémaphore à Bourcefranc-le-Chapus, afin de mobiliser les opposants au projet.
Un équilibre à trouver entre écologie et économie
Pour les élus, l’écoparticipation est une manière de financer des enjeux cruciaux pour l’île : entretien du pont, protection des espaces naturels et lutte contre l’érosion. Mais pour les habitants et les commerçants, cette mesure pourrait mettre en péril l’attractivité économique et alourdir le coût de la vie.
Le sort du pont de l’île d’Oléron cristallise ainsi un dilemme entre préservation de l’environnement et impact économique local, un débat qui semble loin d’être tranché.