Politique
Emmanuel Macron consulte pour la formation d’un gouvernement « d’intérêt général »
Dans un contexte politique tendu, Emmanuel Macron a lancé, ce vendredi, une série de consultations en vue de la constitution d’un nouveau gouvernement. Après la chute de son précédent exécutif dirigé par Michel Barnier, le chef de l’État cherche à rassembler autour d’un « arc républicain » les forces politiques prêtes à soutenir un gouvernement « d’intérêt général ».
Une allocution pour marquer une étape
Jeudi soir, le président s’est adressé à la nation lors d’une allocution télévisée suivie par 17,5 millions de téléspectateurs. Il a fermement écarté la possibilité de démissionner avant la fin de son mandat en 2027. Emmanuel Macron a dénoncé une situation politique qu’il juge bloquée par « un front antirépublicain » entre La France insoumise (LFI) et le Rassemblement national (RN), accusant ces deux partis d’avoir provoqué une crise inédite depuis 1962.
« Nous devons bâtir une majorité d’action, sans laquelle le pays ne peut avancer », a-t-il martelé, tout en appelant les partis de l’arc républicain à prendre leurs responsabilités.
Des consultations excluant les extrêmes
Les discussions ouvertes vendredi matin n’incluent ni LFI, ni le RN, ni les écologistes ou le Parti communiste. Emmanuel Macron a débuté ses rencontres avec les représentants de son propre camp (Ensemble, MoDem, Horizons, UDI), avant d’accueillir à midi les cadres du Parti socialiste, dont Olivier Faure, Boris Vallaud et Patrick Kanner. L’après-midi est dédié aux Républicains, parti auquel appartient Michel Barnier, désormais chargé des affaires courantes après avoir présenté sa démission.
Pour Olivier Faure, premier secrétaire du PS, l’enjeu est de taille. « Il faut bien à un moment venir arracher un certain nombre de décisions en échange de compromis et de concessions réciproques », a-t-il déclaré sur franceinfo, évoquant la possibilité d’un « contrat à durée déterminée ».
Un débat sur l’unité républicaine
Le dialogue entre les forces politiques n’est cependant pas gagné d’avance. Marine Tondelier, secrétaire nationale des écologistes, a vivement critiqué sur RMC une démarche qu’elle considère comme excluante. « Emmanuel Macron a forgé son propre arc républicain et il n’a pas beaucoup de flèches dans son arc », a-t-elle ironisé.
Raphaël Glucksmann, député européen et cofondateur de Place publique, a pour sa part insisté sur la nécessité de surmonter les divisions pour contrer la montée du RN. « Nous devons construire un contrat de législature pour empêcher le pays de sombrer dans l’abîme », a-t-il déclaré sur RTL.
Vers un gouvernement de compromis
Emmanuel Macron a évoqué la possibilité d’un gouvernement rassemblant des représentants de plusieurs formations politiques ou, à défaut, bénéficiant de leur soutien tacite pour éviter de nouvelles censures. Le modèle du « préfigurateur », rarement utilisé en France, a été mentionné par Olivier Faure. Ce rôle consisterait à organiser les négociations entre les partis pour définir une feuille de route commune et proposer un chef de gouvernement consensuel.
Alors que la France traverse une période d’incertitude, le chef de l’État mise sur l’urgence de la situation pour convaincre les acteurs politiques de dépasser leurs antagonismes. Le président espère ainsi poser les bases d’un gouvernement capable de stabiliser le pays et de répondre aux défis économiques, sociaux et environnementaux à venir.
Cependant, les critiques fusent sur la faisabilité de cette coalition hétéroclite. « Les classes populaires risquent de se retrouver, une fois de plus, en dehors du cercle des négociations », prévient Marine Tondelier, appelant à ne pas ignorer les préoccupations des électeurs souvent exclus des sphères décisionnelles.
Le dénouement de ces consultations, attendu dans les prochains jours, déterminera si Emmanuel Macron parviendra à bâtir un exécutif à même de traverser la crise actuelle ou si la France s’enfoncera davantage dans l’impasse institutionnelle.