Vendée
Harcèlement moral : l’État condamné à indemniser une directrice d’établissement en Vendée
Le tribunal administratif de Nantes a condamné l’État à verser une indemnisation à l’ancienne directrice de l’EREA Jean-d’Orbestier des Sables-d’Olonne. Cette décision fait suite à des actes de harcèlement moral perpétrés par plusieurs enseignants. Retour sur une affaire marquée par des menaces et un climat de tension extrême.
Un climat de harcèlement reconnu
Selon France 3, en octobre 2024, le tribunal administratif de Nantes a rendu un jugement en faveur de Régine X., ancienne directrice de l’Établissement régional d’enseignement adapté (EREA) du Château-d’Olonne. La décision fait suite à une plainte déposée en septembre 2020 par cette fonctionnaire pour harcèlement moral, après avoir été la cible de menaces explicites et d’un comportement hostile de la part de plusieurs enseignants.
Parmi les faits marquants, un échange sur un réseau social en juillet 2020 où un enseignant évoquait avec légèreté un choix entre « la hache et la tronçonneuse » à l’encontre de la directrice. En janvier 2021, un message anonyme déposé dans la boîte aux lettres de l’établissement déclarait qu’« une bonne directrice est une directrice morte. »
Des incidents graves et répétés
Le tribunal a souligné la gravité des agissements survenus à l’encontre de Régine X., qui ont contribué à une détérioration importante de ses conditions de travail. En septembre 2020, des enseignants avaient adopté une attitude ouvertement hostile, allant jusqu’à lui hurler dessus ou contourner les voies administratives normales pour saboter ses actions.
En décembre 2020, un épisode particulièrement alarmant a eu lieu lorsque la directrice déléguée à la formation professionnelle a tenté de récupérer un motoculteur auprès d’un enseignant. Ce dernier aurait alors déclaré que, s’il avait eu un fusil, Régine X. aurait été « la première à y passer. »
Une indemnisation pour préjudice moral
Face à ces faits, le tribunal a estimé que l’ensemble des comportements reprochés à certains enseignants constituait une présomption de harcèlement moral. L’État a ainsi été condamné à verser une somme totale de 9.100 € à la plaignante, dont 5.000 € pour préjudice moral et 3.800 € pour compenser la perte de son indemnité de fonctions entre janvier et août 2021.
L’académie exonérée de faute
L’académie de Nantes a toutefois été dégagée de toute responsabilité dans cette affaire. Malgré des allégations selon lesquelles Régine X. aurait eu des difficultés de management, les juges ont considéré qu’aucune pièce du dossier ne venait étayer ces accusations. Un rapport d’une inspectrice de l’Éducation nationale avait également pointé des dysfonctionnements entre les enseignants de l’EREA, mais sans relever de manquements de la part de la directrice.
L’académie avait par ailleurs accordé à Régine X. la protection fonctionnelle dès janvier 2021, lui permettant de bénéficier de la prise en charge de ses frais juridiques.
Une affaire qui interroge sur le management et les relations professionnelles
Ce jugement met en lumière les tensions profondes au sein de certains établissements scolaires, mais aussi les responsabilités partagées entre les acteurs de l’Éducation nationale. Alors que les enseignants incriminés pourraient faire l’objet de sanctions, cette affaire rappelle l’importance de garantir un environnement de travail serein et respectueux pour tous.