Justice
Triple meurtre d’Angers en 2022: le procès d’un réfugié soudanais s’ouvre vendredi
Trois jeunes tués à coups de couteau en plein centre-ville d’Angers en juillet 2022: plus de trois ans après les faits, un réfugié politique soudanais est jugé à partir de vendredi devant la cour d’assises du Maine-et-Loire pour homicides volontaires.
Dans la nuit du 15 au 16 juillet 2022, sur une place animée de la cité angevine, un homme âgé d’une trentaine d’années, fortement alcoolisé, importune des passants, lance des insultes et commence à agresser sexuellement des jeunes filles, leur touchant les fesses.
Plusieurs garçons prennent la défense des jeunes filles agressées et une bagarre éclate. L’agresseur reçoit coups de poing et de pied. Des pompiers arrivent mais il refuse d’être examiné et hospitalisé. Les policiers, voyant que la situation s’est calmée et que les jeunes femmes ne veulent pas porter plainte, quittent l’esplanade.
Après le départ des secours, l’homme quitte les lieux en voiture et, environ une heure plus tard, peu avant 03h00, revient avec un couteau de 20 cm caché et tourne autour d’un groupe d’une trentaine de personnes.
En l’espace d’un temps court, il tue trois jeunes hommes âgés de 16, 18 et 20 ans qui avaient été mêlés plus tôt à la rixe et en blesse trois autres, selon l’accusation, s’appuyant notamment sur les images de vidéo-surveillance.
Le suspect « va partir assez longtemps, pour s’équiper d’une arme et il revient en ciblant ceux qui l’avaient éconduit, avec une détermination folle. On est dans le registre de la vexation masculine« , relève Me Pascal Rouiller, avocat de la famille de deux victimes originaires de Wallis.
« C’est de l’exécution sommaire, ce n’est pas une altercation où l’on se bat et il y a un couteau qui est sorti. Là, il revient, il les tue d’une manière ultra rapide, avec efficacité et précision », note Me Rouiller.
Le suspect, placé en détention provisoire peu après les faits, est un Soudanais qui a fui le domicile familial en Afrique vers l’âge de 15 ans. Il dit avoir traversé la Libye et l’Italie et a échappé à plusieurs attaques terroristes pour arriver en France en 2016.
Après un refus d’une demande d’asile, il a finalement obtenu le statut de réfugié délivré par l’Ofpra en avril 2018 avec une carte de séjour valable dix ans.
Réactions politiques
Sept mois après la nuit sanglante, l’Ofpra a mis fin à son statut de réfugié en application du code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile.
« Les ressortissants de cette communauté arrivent en France avec des forts traumatismes liés à leur vie au Soudan et lors de leur parcours migratoire. On peut s’interroger sur la prise en charge de ces migrants qui ont effectivement des motifs légitimes pour demander l’asile en France », questionne Me Anne-Pascale Lamy-Rabu, avocate de la famille d’une des trois victimes.
Ce drame avait donné lieu à des dizaines de milliers de commentaires sur les réseaux sociaux et avait suscité diverses réactions politiques, dont celles de Marine Le Pen ou d’Éric Ciotti.
Lors de ses auditions, le mis en cause n’avait pas fourni de véritables explications à son geste, expliquant qu’il n’avait pas de souvenir précis de la soirée en raison d’une forte alcoolisation.
La mort tragique des trois jeunes gens avait suscité une très vive émotion à Angers, d’autant que deux d’entre eux avaient pratiqué le rugby depuis leur enfance au SCO Rugby.
Outre le triple meurtre, l’accusé, qui a deux mentions à son casier judiciaire pour conduite et violence en état d’ivresse, est aussi jugé pour trois tentatives de meurtres et pour agressions sexuelles.
Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Le procès doit se tenir du vendredi 3 au vendredi 10 octobre.