Citoyenneté
La France se souvient du choc des attentats du 13-Novembre, 10 ans après
La France marque ce jeudi le 10e anniversaire des attentats du 13 novembre 2015, au cours desquels des commandos d’hommes armés de kalachnikovs et de kamikazes de l’organisation Etat islamique ont attaqué des restaurants, des terrasses de café et la salle de concert du Bataclan à Paris, faisant 130 morts et laissant le pays profondément marqué par cette soirée de violence.
Dix mois après le massacre dans la rédaction de Charlie Hebdo et les attaques à Montrouge et au supermarché Hypercacher de la porte de Vincennes, ces attentats sont les plus meurtriers commis en France depuis la Seconde Guerre mondiale et ils ont entraîné la mise en place de mesures de sécurité d’urgence dont certaines ont ensuite été inscrites dans la loi.
Ils ont commencé lorsque des kamikazes ont fait sauter leurs ceintures d’explosifs aux abords du stade de France à Saint-Denis pendant un match de football auquel assistaient notamment le président de l’époque, François Hollande, et le ministre allemand des Affaires étrangères.
Plusieurs équipes d’assaillants ont ensuite mitraillé des restaurants et des terrasses de café dans le centre de la capitale avant un assaut dans le Bataclan en plein concert, fauchant des dizaines de personnes sorties dîner, prendre un verre entre amis ou écouter de la musique.
Sébastien Lascoux, désormais âgé de 46 ans, se trouvait au Bataclan pour un concert du groupe de rock Eagles of Death Metal lorsque des détonations, qu’il a prises dans un premier temps pour des pétards, ont retenti au milieu de la musique. Il est rapidement devenu évident que la salle était la cible d’une attaque.
Autour de lui, des gens crient et commencent à tomber. « Et puis l’odeur du sang », se souvient-il.
L’un de ses amis est mort en tentant de protéger une autre membre de leur groupe.
« Par son geste, il l’a sauvée », dit Sébastien Lascoux, qui souffre encore de stress post-traumatique et reste incapable de se rendre dans des endroits bondés ou des espaces clos comme des salles de cinéma. La moindre détonation lui rappelle les coups de feu entendus ce soir-là.
« Il y a une partie de moi qui est morte ce soir-là, qui est restée dans la salle du Bataclan », dit-il.
Comme de nombreux rescapés, Sébastien Lascoux prévoit d’assister aux cérémonies organisées jeudi.
« LA VIE REPREND »
Elles débuteront à 11h30 (10h30 GMT) au stade de France avec le président de la République, Emmanuel Macron, qui se rendra dans chaque lieu visé il y a 10 ans pour un hommage aux victimes en présence de leurs familles et d’associations.
Une commémoration officielle puis un concert sont prévus dans la soirée.
« La singularité du 13-Novembre, c’est que toute personne est potentiellement victime », dit l’historien Denis Peschanski. « Parce que soit était en âge d’être sur les lieux, soit, comme moi, était en âge d’avoir des enfants qui auraient pu être sur les lieux même si j’ai eu la chance qu’ils n’y soient pas. »
Pour Catherine Bertrand, rescapée de l’attaque au Bataclan et vice-présidente d’une association de victimes, « ça nous a marqués à jamais ». « On est profondément traumatisés, tous, par cette soirée, on pense forcément aux victimes et leurs proches », dit-elle.
Mais « la vie reprend », ajoute-t-elle, en évoquant les lieux attaqués. « On n’est pas sur des cimetières. On est sur des lieux vivants, il y a des concerts au Bataclan (…) les amis se retrouvent en terrasse. »
Dix ans plus tard, la menace terroriste en France a évolué.
« Le type d’attaque comme celle qu’on a connu malheureusement il y a 10 ans, le 13 novembre, est moins probable. Une équipe projetée qui vient avec des djihadistes venus de Syrie, d’Irak, projetés sur le territoire national pour commettre un attentat est moins probable », a déclaré jeudi le ministre de l’Intérieur, Laurent Nuñez sur BFMTV/RMC.
« L’affaiblissement de l’État islamique fait que c’est beaucoup moins probable. Maintenant, la menace reste élevée parce qu’elle est toujours très endogène avec des individus présents sur le territoire national, qui se radicalisent très vite et qui fomentent des projets d’actions violentes », a-t-il ajouté, en recensant six attentats déjoués depuis le début de l’année en France.
Seul survivant des commandos djihadistes du 13-Novembre, Salah Abdeslam, condamné à la perpétuité incompressible et incarcéré à la prison de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais), a été placé en garde à vue la semaine dernière et sera mis en examen pour la détention d’une clé USB qui lui aurait permis de transférer de la propagande djihadiste (organisation Etat islamique et Al Qaïda) sur son ordinateur.