Cholet
Feu d’artifice mortel à Cholet. Selon les experts « la façon dont les mortiers ont été montés était problématique »
L’artificier aurait-il dû tirer le feu d’artifice qui a fait deux morts le 14 juillet 2022 à Cholet? La question a occupé mardi matin le tribunal judiciaire d’Angers (Maine-et-Loire), qui a entendu deux experts en pyrotechnie.
Le soir du drame, plusieurs projectiles sont tombés au milieu de spectateurs à quelques dizaines de mètres du pas de tir, zone qui aurait dû être interdite au public. Le souffle de l’explosion a tué un garçon de sept ans et sa sœur de 24 ans.
Leurs parents et le compagnon de la jeune femme ont été gravement blessés. Douze personnes ont aussi subi des blessures lors du feu d’artifice organisé par la ville de Cholet.
Le maire de Cholet, Gilles Bourdouleix, son adjoint Patrice Brault, la société pyrotechnique HTP (devenue Féérie) et l’artificier principal, et l’association Cholet Evénements et son vice-président, chargée de l’organisation du feu d’artifice, sont jugés jusqu’à vendredi pour homicides et blessures involontaires.
Au deuxième jour du procès, l’audience s’est concentrée mardi sur l’audition de deux experts en pyrotechnie, pour aider à démêler le niveau de responsabilité entre prévenus.
Dans les jours suivants le drame, les deux experts, Pierre Laurent et David Cotret, ont analysé les débris des mortiers ayant servi à tirer les bombes pyrotechniques et ont mené des reconstitutions pour comprendre ce qu’il s’était passé.
Un incident sur le pas de tir a conduit un tir de fusées à l’horizontale, ont-ils déclaré. Pour David Cotret, la façon dont les mortiers ont été montés était problématique et il y avait « un défaut d’entretien » des batteries regroupant plusieurs mortiers.
David Cotret a expliqué au tribunal que l’artificier en chef « reste maître d’appuyer sur le bouton » et peut refuser de tirer s’il estime qu’il y a un danger.
« Le programme n’a pas été arrêté au moment de l’accident » mais l’artificier « n’avait pas de visibilité sur la zone où les victimes se trouvaient », a-t-il reconnu.
Pour Pierre Laurent, la société Cholet Evénements « n’a pas intégré du tout la différence entre la zone pyrotechnique et la zone de sécurité » de 150 m qui aurait dû être interdite au public.
Les parties civiles entendues lundi ont décrit une centaine de personnes à proximité du pas de tir, l’absence de barrières, de signalisation indiquant un danger, ou encore de policiers et le sentiment d’être en confiance, avant « une scène de guerre ».