Justice
Héroïne, du cannabis ou de la cocaïne. Ils inondaient le Maine-et-Loire et la Manche depuis Internet et une messagerie cryptée, Ils finiront en prison !
Le tribunal correctionnel de Rennes a condamné ce lundi 15 décembre 2025 trois jeunes hommes et deux jeunes femmes pour leur implication dans un réseau de livraison de stupéfiants à Rennes (Ille-et-Vilaine) et sa métropole ainsi que dans toute la Bretagne, la Manche et le Maine-et-Loire.
Kilian XXX, Ouweyssou XXX, Ounaissi XXX, Pauline XXX et Cassandra XXX avaient été interpellés lors d’un vaste « coup de filet » à Rennes le 14 octobre 2025, après une enquête menée par l’antenne rennaise de l’Office anti-stupéfiants (OFAST) depuis plusieurs mois. Tous étaient soupçonnés d’avoir participé à une « vitrine numérique » qui comptait au moins « 1.400 clients » sur la messagerie cryptée Telegram.
Les acheteurs pouvaient y commander de l’héroïne, du cannabis ou de la cocaïne et se faire livrer dans les quatre départements bretons ainsi que dans la Manche et le Maine-et-Loire. Plus de 9 kg de résine de cannabis, 300 g de cocaïne et 150 g d’herbe de cannabis, ainsi qu’une arme et 5.000 € en espèces, avaient été saisis par les enquêteurs lors de perquisitions.
Kilian XXX, un habitant de Chantepie (Ille-et-Vilaine) de 27 ans, était en fait le « chef » de cette « vitrine numérique » : il organisait « l’approvisionnement », « le stockage », « le conditionnement » et « la revente » de la drogue. Des faits qu’il n’a pas contestés à la barre du tribunal correctionnel de Rennes : cette activité lui rapportait « 4.000 à 5.000 € par mois », a précisé le jeune homme qui compte déjà treize mentions à son casier judiciaire. Mais « je n’ai forcé personne » à y participer, a-t-il assuré.
DEUX JEUNES AMIES IMPLIQUEES COMME « LIVREUSES »
Pour la mener à bien, il n’avait d’ailleurs pas hésité à tirer profit de la « vulnérabilité » de certaines personnes : il se servait par exemple de l’appartement d’un homme placé sous « curatelle renforcée » pour stocker la drogue et avait même demandé à son cousin « fragile psychiatriquement » et « à mobilité réduite » de l’aider.
Deux autres jeunes, Ouweyssou XXX et Ounaissi XXX, ont été identifiés par les enquêteurs comme les « bras droits » de Kilian XXX : le premier avait « donné des ordres » et joué un « rôle actif » dans « l’organisation du trafic » tandis que le second avait « mis à disposition » son appartement de Thorigné-Fouillard (Ille-et-Vilaine) pour stocker la drogue.
Pauline XXX, 24 ans, jouait pour sa part un rôle de « livreuse » dans cette organisation : cette étudiante en master de « management international » dans une grande école de commerce rennaise faisait de nombreux « allers-retours » entre Rennes et Dreux (Eure-et-Loir), où elle acheminait d’importantes sommes d’argent – jusqu’à 50.000 € – contre des stupéfiants. « Je n’imaginais pas l’ampleur des sommes, je faisais au jour le jour », a assuré la jeune femme, qui faisait cela pour « gagner de l’argent » afin de « payer ses études ».
Sa compagne, Cassandra XXX, était elle aussi impliquée dans le trafic : cette jeune femme de 22 ans – qui travaillait comme « vendeuse » dans un « magasin de jouets pour adultes » à Cesson-Sévigné (Ille-et-Vilaine) avant son interpellation – a affirmé qu’elle n’était qu’une simple « accompagnante » de sa petite amie qu’elle ne « voulait pas laisser seule ». Elle lui avait même demandé « d’arrêter » et de « trouver un vrai boulot »…
L’UNE DES PREVENUES VOULAIT « PROTEGER » SA COMPAGNE
Reste que Cassandra XXX a tout de même joué un « rôle actif » dans le réseau, a rappelé la procureure de la République : la jeune femme avait notamment « caché » des stupéfiants dans sa « poitrine » et avait même acquis une « arme » dont elle justifiait la possession par la volonté de « protéger » sa compagne. Les deux amies avaient d’ailleurs déjà été condamnées à de la prison ferme – aménagée sous la forme d’un bracelet électronique – pour des faits similaires en 2023.
Mais « cette première condamnation n’aura pas permis de les échauder », a constaté la procureure de la République. Elle avait donc requis trois ans de prison ferme et un an avec sursis probatoire à l’encontre de Pauline XXX, avec une obligation de travail, de soins, de payer les sommes dues au Trésor public, une interdiction de contact avec les autres prévenus et de porter une arme. Pour Cassandra XXX, elle avait demandé deux ans et demi ferme et dix-huit mois avec sursis probatoire dans les mêmes conditions.
La magistrate avait également requis six ans de prison ferme, une interdiction de séjour en Ille-et-Vilaine et de porter une arme pendant cinq ans à l’encontre de Kilian XXX – un « membre éminent » de ce trafic « d’une ampleur certaine » – et d’Ouweyssou XXX. Enfin, pour Ounaissi XXX, elle avait demandé dix-huit mois ferme et un an avec sursis probatoire avec les mêmes obligations et interdictions que pour Pauline XXX et Cassandra XXX.
Deux autres prévenus avaient pour leur part été condamnés en Comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC), l’un à huit mois de prison ferme et seize mois avec sursis probatoire, l’autre à six mois ferme et dix-huit mois avec sursis probatoire. Leurs peines fermes seront aménagées sous bracelet électronique.
Le tribunal correctionnel de Rennes a finalement condamné Kilian XXX à cinq ans de prison ferme et Ouweyssou XXX à trois ans de prison ferme. Les deux jeunes auront interdiction de recontacter leurs coprévenus et de détenir une arme pendant cinq ans. Pauline XXX et Cassandra XXX ont écopé de trois ans et deux ans de prison ferme et d’une interdiction de détenir une arme pendant cinq ans. Ounaissi XXX a lui écopé de dix-huit mois de prison ferme et d’un an avec sursis probatoire. Tous sont repartis en prison./RB et GF