Justice
L’un des condamnés dans la retentissante affaire de pédophilie d’Angers accusé d’avoir drogué sa fille pour la violer
La chambre de l’instruction de la cour d’appel de Rennes a maintenu en détention provisoire, ce vendredi 3 janvier 2025, l’un des deux frères qui faisaient partie des 62 membres du « réseau » pédophile qui avait défrayé la chronique judiciaire il y a plus de vingt ans à Angers (Maine-et-Loire).
Pour rappel, Philippe et Didier XXX avaient respectivement été condamnés à dix-neuf et dix-sept ans de réclusion criminelle pour avoir participé à ce « réseau » qui avait fait quarante-cinq victimes entre 1999 et 2002. Soixante-deux hommes avaient été condamnés pour ces infractions sexuelles commises sur des enfants âgés de moins d’un an à douze ans.
Libérés en 2017 au bénéfice d’un aménagement de peine, les deux frères avaient toutefois été tous deux condamnés une nouvelle fois, cette fois-ci par le tribunal correctionnel de Nantes (Loire-Atlantique), en juin 2019 : Philippe, l’aîné, avait écopé de dix ans de prison ferme pour avoir agressé sexuellement un enfant de 4 ans, et son cadet, Didier, pour ne pas avoir dénoncé les agissements du premier. Ce dernier avait été condamné à trois ans de prison, une peine pour moitié assortie du sursis probatoire.
A sa sortie de détention, ce dernier s’était donc établi dans la région de Lorient (Morbihan), où vivait aussi sa fille, une mineure prise en charge par « deux curatrices ». Ces dernières avaient été le point de départ de cette troisième affaire : elles avaient toutes deux fait part de leurs « suspicions » à l’égard du père.
La jeune victime leur avait en effet expliqué que son père s’était « couché à côté d’elle au petit matin », alors qu’elle « dormait encore » à cause d’un traitement anxiolytique. Elle portait des « ecchymoses sur les jambes et les cuisses » et avait indiqué que son père l’avait « violée » à deux reprises dans ce contexte, en septembre 2023 et en avril 2024.
IL DIT AVOIR « CEDE AUX CAPRICES » DE SA FILLE
Deux petits amis de la jeune fille ont été entendus dans cette affaire : le premier avait constaté « une relation père-fille normale » mais le second avait été pour sa part « témoin de masturbations faites par le père dans le lit et sur le canapé » sur sa fille. Le jeune homme avait aussi remarqué que Didier XXX donnait « beaucoup de médicaments à sa fille »…
Entendu, le père de famille a pour sa part reconnu « les relations sexuelles de 2023 », a-t-il été indiqué ce jeudi 2 janvier 2025 lors de l’audience publique de la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Rennes (Ille-et-Vilaine) : il aurait seulement « cédé aux caprices de sa fille », selon ses propos rapportés à l’audience par les magistrats.
La fille de Didier XXX a été entendue par le juge d’instruction le 19 septembre 2024 : à cette occasion, elle a « confirmé ses accusations » et indiqué qu’elle avait été « droguée par son père ». Elle n’était à l’initiative d’aucune relation sexuelle, avait-elle par ailleurs certifié au magistrat.
Le casier judiciaire de Didier XXX n’a pas joué en sa faveur : il est émaillé de sept condamnations, dont plusieurs pour des « infractions sexuelles ». Outre la lourde condamnation infligée dans l’affaire d’Angers, cet homme de de 53 ans qui vit « sous curatelle renforcée » a aussi été condamné pour « viol », « agression sexuelle », ou encore pour « proxénétisme ».
« Sa remise en liberté, c’est le renouvellement [de l’infraction] assuré », est donc convaincue l’avocate générale de la cour d’appel de Rennes. « A chaque fois que lui ou son frère comparaissent devant la chambre de l’instruction, c’est pour des faits de nature criminelle. » En l’absence de l’intéressé et de son avocat, la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Rennes s’est rangée à son avis et a maintenu Didier XXX en détention./CB