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Décédé il y a peu Henri Borlant, témoin des horreurs d’Auschwitz, au cœur des commémorations du 80ème anniversaire

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Seul rescapé des membres de sa famille déportés, il avait d’abord tu son histoire, avant de se muer en « passeur » de cette tragédie, notamment dans les écoles. Capture écran Youtube

Demain, à Angers, se tiendront les commémorations du 80ème anniversaire de la libération d’Auschwitz-Birkenau. Cet événement mettra en lumière les histoires individuelles de ceux qui ont survécu aux horreurs de la déportation. Parmi ces figures emblématiques figure Henri Borlant, dont la disparition, il y a un peu plus d’un mois, le 3 décembre 2024, dans sa 98e année, suscite une émotion particulière.

Une jeunesse bouleversée par la guerre

Né à Paris en 1927 dans une famille venue de Russie, Henri Borlant est évacué dès 1939 vers le Maine-et-Loire.

Henri Borlant est né le 5 juin 1927 à Paris, au sein d’une famille d’origine russe naturalisée française. Benjamine d’une fratrie de neuf enfants, sa jeunesse bascule avec le début de la Seconde Guerre mondiale. En 1939, sa famille est évacuée à Saint-Lambert-du-Lattay, dans le Maine-et-Loire.

La déportation et la séparation familiale

Malgré une intégration dans une école catholique et un baptême, les persécutions antijuives finissent par atteindre les Borlant. Le 15 juillet 1942, Henri, alors âgé de 15 ans, est arrêté avec son père Aron, son frère Bernard et sa sœur Denise lors de la rafle dite du « Grand Ouest ». Cinq jours plus tard, ils sont déportés à Auschwitz-Birkenau par le convoi n°8, parti d’Angers le 20 juillet 1942. Pendant le transport, Henri lance un billet à l’attention de sa mère : « Maman chérie, il paraît que nous partons en Ukraine pour faire les moissons ». Le message, miraculeusement remis à Rachel Borlant par un cheminot, sera l’une des dernières nouvelles de ses proches. Il sera le seul à revenir. Il retrouvera sa mère et ses frères et sœurs, cachés par des Justes.

Survivre à l’enfer des camps

A Auschwitz, Henri est séparé de sa famille, qui ne survivra pas. Affecté à des travaux de maçonnerie dans le camp d’Auschwitz-I, il endure les privations et les violences systématiques. Le 28 octobre 1944, il est évacué vers le camp de Sachsenhausen, puis transféré à Ohrdruf, un camp annexe de Buchenwald. Dans la nuit du 3 au 4 avril 1945, Henri parvient à s’évader avec deux compagnons et trouve refuge dans un grenier jusqu’à l’arrivée des troupes américaines.

Une vie reconstruite au service de la mémoire

Le retour à la vie civile est difficile. Atteint de tuberculose, Henri Borlant surmonte ses épreuves pour passer son baccalauréat et réaliser des études de médecine. Choqué par le procès Touvier de 1994, il ne cessera plus dès lors de témoigner. Henri Borlant intervenait régulièrement dans les lycées angevins, comme au lycée Bergson ou à l’Institut Mongazon en 2015, pour partager son vécu auprès des jeunes générations. Ce n’est qu’à partir des années 1990 qu’il commence à partager son expérience, apportant un témoignage essentiel au sein de l’association « Témoignage pour mémoire » et siégeant à la Fondation pour la mémoire de la Déportation.

Une œuvre d’art pour ne pas oublier

En hommage aux déportés du convoi n°8, parti d’Angers le 20 juillet 1942 avec 874 hommes, femmes et enfants juifs, dont Henri Borlant faisait partie, une œuvre d’art intitulée « La Voie blanche » a été installée sur la place Giffard-Langevin, à proximité de la gare. Conçue par l’artiste parisien Emmanuel Saulnier, avec la participation de Nicolas Michelin, cette création commémorative symbolise le souvenir de ceux qui ont été arrachés à leur vie.

Un appel à la vigilance

Cette année, les commémorations du 80ème anniversaire rappellent l’importance de ces voix survivantes. L’engagement d’Henri Borlant à transmettre la mémoire de la Shoah illustre la volonté inébranlable de faire face à l’oubli et de prévenir les générations futures des dangers de l’intolérance et de la haine. En ce jour de souvenir, son récit résonne comme un hommage poignant aux millions de victimes et un appel à la vigilance.

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