Politique
Session budgétaire en Maine-et-Loire : des finances sous tension

Lors de la session budgétaire du Département de Maine-et-Loire ce matin, la Présidente Florence Dabin a dressé un constat alarmant des défis auxquels fait face la collectivité. Entre les conséquences des récentes inondations et un contexte économique incertain, elle insiste sur la nécessité de maintenir une politique budgétaire équilibrée.
« Les 3 millions d’euros investis pour la consolidation des digues non domaniales prennent aujourd’hui une résonance toute particulière et donnent raison à ces investissements préventifs que nous pourrions être tentés de différer », souligne-t-elle, rappelant que la collectivité doit faire face à un environnement macroéconomique instable.
Un modèle social sous pression
Face à la baisse des recettes fiscales et à la hausse des dépenses, Florence Dabin alerte sur la fragilisation des finances locales : « L’hémorragie financière que nous observons sur le champ des solidarités n’est absolument pas tenable. L’État se désengage, et nous devons compenser. » Elle souligne également l’impact des réformes retardées, comme celle sur la fusion des sections soins et dépendances dans les EHPAD, qui entraînera un surcoût de 4 millions d’euros en 2025.
Une opposition inquiète pour l’avenir
De son côté, Grégory Blanc, chef de file de l’opposition, dresse un constat tout aussi alarmant. « L’instabilité financière, déclenchée il y a un an, s’est doublée, depuis la dissolution, d’une terrible instabilité politique », regrette-t-il.
Selon lui, les départements sont à la croissée des chemins et doivent faire des choix décisifs. « 60 à 70 départements ne parviendront pas à boucler leur budget sans renoncer à certaines missions essentielles », prévient-il, appelant à une refonte du modèle de financement des collectivités territoriales.
Un financement à repenser
Le système actuel, basé sur des ressources fragmentées (TICPE, TVA, TSCA, DMTO), est jugé illisible et instable. Grégory Blanc insiste sur la nécessité de clarifier la stratégie budgétaire. « Faut-il abaisser le niveau de protection sociale ? Transférer la charge vers le privé ? Ou bien augmenter les recettes pour consolider la qualité des prestations ? »
Il rappelle également l’efficacité du modèle public face au privé en matière de solidarités. « Aux États-Unis, les dépenses de santé sont de 12 500 dollars par habitant, contre 6 300 en France. Pourtant, nous soignons mieux et tout le monde », affirme-t-il, pointant les dérives du secteur privé, à l’image des scandales dans les EHPAD commerciaux.
Investissements : quelles priorités ?
Face à la situation budgétaire contrainte, la majorité et l’opposition s’affrontent sur les priorités d’investissement. Florence Dabin défend la stratégie du Département : « Nous avons adopté une méthode de travail fondée sur la mise en commun des compétences et l’ancrage territorial, comme en témoigne la création des Maisons du Département ». Ces structures, lancées à Cholet, Saumur et Segré, visent à rapprocher les citoyens des services publics.
Grégory Blanc, lui, critique une vision trop à court terme et un manque d’ambition en matière d’infrastructure : « Notre collectivité est en sous-investissement chronique depuis 15 ans. Les résidents d’EHPAD, les collèges et les infrastructures de mobilité en paient le prix. »
Vers une adaptation forcée ?
Dans ce contexte difficile, Florence Dabin se veut cependant optimiste : « Notre collectivité devra se réinventer, comme dans toutes les crises. Nous devons rechercher plus d’efficacité et de synergies. » Elle insiste sur la volonté du Département de maintenir un lien fort avec les communes et les acteurs locaux.
Si les débats ont été vifs, les prochains mois seront déterminants pour l’avenir budgétaire du Maine-et-Loire. Entre restrictions financières et volonté de préserver un modèle social solidaire, l’exercice s’annonce complexe.