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La contestation de la réforme des retraites s’envenime à Angers.

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Crédit Charlotte – Dans les rues d’Angers jonchées de détritus, qui s’accumulent en raison de la grève des éboueurs, des petits groupes ont incendié des poubelles ou encore défier des policiers en maintien de l’ordre rue d’Alsace ou encore près du château, répliquant au contact ou avec des gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants hostiles .

Des heurts ont éclaté jeudi à Angers (Maine-et-Loire) et dans plusieurs autres villes françaises en marge des manifestations contre la réforme des retraites passée au forceps au Parlement, alors que l’intersyndicale avait appelé à une neuvième journée de mobilisation marquée par un regain de participation.

Au lendemain d’une intervention télévisée du président Emmanuel Macron pour défendre sa réforme, dont la mesure emblématique est le recul de l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans, les Français sont une nouvelle fois descendus massivement dans la rue, alors que de nombreux secteurs, des transports à l’énergie ou l’éducation, étaient perturbés par des mouvements de grève.

« Le gouvernement comptait sur l’essoufflement du mouvement après (l’adoption du projet de loi sans vote grâce à l’article) 49.3 (de la Constitution) et l’intervention du président de la République. Les informations qui nous remontent, c’est qu’on est sur un très haut niveau de mobilisation », s’est félicité le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, au départ du cortège parisien.

Plusieurs manifestations avaient lieu aujourd’hui dans le Maine-et-Loire, la Préfecture indique ce soir 9000 participants à Angers, 4000 à Cholet, 2100 à Saumur et enfin 500 à Segré.

Alors que les précédentes grandes manifestations syndicales s’étaient largement déroulées dans le calme, des violences ont cette fois très vite éclaté en tête de cortège entre la police et des protestataires très remontés et généralement plus jeunes que jusqu’à présent.

Dans les rues d’Angers jonchées de détritus, qui s’accumulent en raison de la grève des éboueurs, des petits groupes ont incendié des poubelles ou encore défier des policiers en maintien de l’ordre rue d’Alsace ou encore près du château, répliquant au contact ou avec des gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants hostiles .

Une information en provenance du palais de justice cet après-midi demandait la levée du blocus de l’usine de traitement des déchets Biopole, « la goutte d’eau qui fait déborder le vase » peste un manifestant. En fin d’après-midi le maire d’Angers appelait au calme alors que des débordements se situaient devant la mairie de la capitale de l’Anjou

Des heurts ont été signalés dans d’autres villes, comme Rennes, Nantes, Bordeaux, Lorient, où des feux de poubelles devant la sous-préfecture et le commissariat ont suscité la condamnation du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, ou encore Rouen, où une manifestante a eu le pouce arraché.

Présent dans le cortège parisien, le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, s’est dit convaincu qu’il y aurait plus d’un million de manifestants dans toute la France et il a appelé une nouvelle fois l’exécutif à mettre en « pause » sa réforme.

MACRON N’A PAS CONVAINCU

Avant que les premières violences n’éclatent, le responsable syndical avait lancé un appel « au calme et à la mesure de tout le monde », sentant le risque de radicalisation du mouvement de contestation depuis le recours du gouvernement au 49.3, le rejet lundi des deux motions de censure déposées contre l’exécutif et l’intervention télévisée d’Emmanuel Macron qui semble avoir produit le même effet incendiaire que des prises de parole pendant la crise des « Gilets jaunes ».

L’intervention d’Emmanuel Macron « a augmenté la colère », a estimé Laurent Berger jeudi sur BFMTV. « C’est lui qui met le feu au pays », a renchéri la secrétaire confédérale de la CGT, Céline Verzeletti, sur France Inter.

Arrivé jeudi midi à Bruxelles pour un sommet européen de deux jours, le chef de l’Etat a soigneusement évité les journalistes et n’a fait aucune déclaration.

Outre les violences en marge de certains cortèges, souvent imputables à des éléments radicaux, comme les incidents qui avaient éclaté ces derniers soirs dans plusieurs villes, certains syndicalistes ont aussi décidé de durcir leur mouvement en multipliant des opérations coup de poing dans l’ensemble du pays.

RÉQUISITIONS

« On n’a pas d’autre choix que la grève et bloquer l’économie jusqu’à ce qu'(Emmanuel Macron) cède et retire son projet », a déclaré à Reuters Fabrice Criquet, secrétaire général de Force Ouvrière (FO) à Aéroports de Paris (ADP).

Pour l’heure, le gouvernement veut afficher sa fermeté face aux grévistes. Après la réquisition d’éboueurs à Paris, où des milliers de tonnes d’ordures continuent de s’entasser sur les trottoirs, et d’employés du dépôt de carburant de Fos-sur-Mer, près de Marseille, un arrêté de réquisition a également été pris – mais pas encore notifié – pour le personnel de la raffinerie de TotalEnergies à Gonfreville (Normandie), la plus grande du pays, a-t-on appris de source au ministère de la Transition énergétique.

Les taux de grévistes demeurent importants. TotalEnergies a fait état de 37% de grévistes dans ses raffineries et dépôts jeudi matin, Engie de 27% et EDF de 25,3%.

Dans la fonction publique d’Etat, le taux s’élevait à 15,5% à la mi-journée, alors que celui de l’Education nationale était de 23% dans le primaire et 19% dans le secondaire, selon les ministères concernés, le SNES-FSU, syndicat majoritaire, revendiquant pour sa part 50% de grévistes dans les collèges et lycées.

Le gouvernement est « serein et attentif à ce qui se passe aujourd’hui », a assuré le ministre du Travail, Olivier Dussopt, jeudi matin sur RTL.

Une nouvelle réunion de l’intersyndicale, qui rassemble huit syndicats de travailleurs et cinq organisations de jeunesse, est prévue en fin de journée au siège de la CFDT pour décider de la suite à donner au mouvement de contestation.

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