Environnement
Des bacs à compost fleurissent dans le centre-ville d’Angers, avant une réduction des collectes des ordures ménagères en 2027.

Le passage à 2025 s’accompagne d’un bilan contrasté sur l’obligation de tri des biodéchets, entrée en vigueur le 1er janvier 2024. En dépit de la loi anti-gaspillage imposant aux collectivités de proposer des solutions de tri, seuls un tiers des Français y ont accès. Entre réticences des habitants et retards d’équipement, le compost obligatoire peine à se généraliser. A Angers, des bacs à compost fleurissent dans la ville.
Un tiers de nos poubelles concerne les biodéchets
Les épluchures, coquilles d’œufs et marc de café représentent environ 30 % des déchets ménagers. Pourtant, leur traitement reste largement perfectible. La majorité finit encore dans les ordures résiduelles, soumises à l’incinération, un processus coûteux et peu écologique.
Certaines collectivités, comme Angers Loire Métropole (ALM), ont pris les devants. « Il y a 20 ans, nous avons fait le choix de travailler sur les biodéchets, c’est-à-dire les déchets alimentaires », explique Jean-Louis Demois, vice-président d’ALM en charge des déchets. « Nous avons commencé à distribuer des composteurs individuels et partagés, et à sensibiliser la population. » Depuis 2020, la collectivité propose même ces composteurs gratuitement.
Des solutions adaptées à la densité urbaine
Avec l’entrée en vigueur de l’obligation de tri, ALM a dû intensifier ses efforts. En plus des composteurs individuels et partagés, des « abribacs » ont été installés dans les quartiers les plus denses d’Angers, comme actuellement dans le centre-ville. Ces conteneurs permettent aux habitants sans jardin de trier leurs biodéchets.
« Nous avons fait le choix, sur la partie la plus dense de la ville (centre-ville), de mettre en place des abribacs », précise Jean-Louis Demois. « Les gens qui n’ont pas de solution individuelle peuvent y déposer leurs biodéchets, qui sont ensuite collectés par notre prestataire, Moulinot, et envoyés pour méthanisation. Ensuite, cela redevient du compost. ». En complément, actuellement le prestataire et son personnel vont à la rencontre des angevins du centre-ville pour distribuer à chaque foyer, un seau à compost ménager.
L’objectif est ambitieux : d’ici début 2026, l’ensemble du centre-ville d’Angers devrait être équipé.
Sur la ville aujourd’hui, 450 composteurs partagés sont en place, avec 200 supplémentaires prévus d’ici 2026 dans le reste des quartiers d’Angers. « Nous devons trouver des référents pour chaque site, ce qui ralentit parfois le processus », explique Jean-Louis Demois. « Mais nous comptons poursuivre nos efforts pour que chaque quartier soit couvert. »
Un enjeu de réduction des collectes d’ordures ménagères
Avec la généralisation du tri, les déchets résiduels diminuent, remettant en question la fréquence des collectes (on parle des sacs noir et non des sacs jaunes dédiés au tri !). « Vous avez entièrement raison », réagit Jean-Louis Demois lorsqu’on l’interroge sur une réduction à terme des collectes des ordures ménagères.
« Déployer les biodéchets a un coût, mais nous ne prévoyons pas d’augmenter la taxe d’enlèvement des ordures ménagères. En revanche, nous réduirons progressivement le nombre de passages, probablement à partir de 2027. Aujourd’hui, le centre-ville d’Angers bénéficie de trois collectes par semaine. L’objectif à terme serait de réduire cette fréquence. »
Un chantier de longue haleine donc, mais essentiel pour un avenir plus durable. « Si nous atteignons notre objectif de collecter 8 000 tonnes de biodéchets sur les 13 000 potentielles, nous aurons bien travaillé », conclut Jean-Louis Demois. En attendant, la collectivité continue d’équiper ses habitants et de sensibiliser au tri, avec un déploiement complet attendu d’ici fin 2026.