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Macron bis repetita, l’adversité en héritage

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par Elizabeth Pineau

PARIS (Reuters) – C’est un Emmanuel Macron rompu à l’exercice du pouvoir mais désavoué par une partie de ses concitoyens qui vient d’être réélu à la tête d’un pays encore plus fracturé qu’il y a cinq ans, au moment de sa première victoire, alors beaucoup plus large, face à Marine Le Pen.

En recueillant dimanche entre 57% et 58% des voix face à la candidate du Rassemblement national – selon les instituts de sondage -, l’ancien banquier de 44 ans devient le premier président de plein exercice de la Ve République à être reconduit dans ses fonctions, Jacques Chirac et François Mitterrand l’ayant été avant lui à la sortie d’une période de cohabitation.

Dynamiteur du paysage politique jugé trop libéral par des électeurs de gauche qui ont rechigné à le soutenir, éloigné des réalités selon ses détracteurs, surdoué habité par la fonction pour ses partisans, Emmanuel Macron aborde ce second mandat après une succession de crises: révolte des « Gilets jaunes », épidémie de COVID-19, guerre en Ukraine.

Emmanuel Macron espère obtenir en juin une majorité à l’Assemblée nationale pour engager rapidement des réformes annoncées dans son programme, notamment celle, controversée, des retraites.

La République en marche, son mouvement né en 2016 qui a échoué à s’ancrer lors des dernières élections municipales et régionales, présentera partout des candidats aux législatives des 12 et 19 juin.

Après avoir surmonté le scepticisme engendré par sa candidature en 2017, le chantre du « en même temps » devra faire montre de conviction et de détermination dans un pays éruptif gagné par les extrêmes.

Cet Européen convaincu assure jusqu’au 1er juillet la présidence tournante du Conseil européen, qui lui confère une place de premier plan dans les pourparlers sur la guerre en Ukraine, où il a cherché à garder le lien avec le président russe Vladimir Poutine sans obtenir pour l’instant aucune accalmie sur le terrain.

Emmanuel Macron a naguère pratiqué l’art de la négociation lors de son passage de près de quatre ans, entre 2008 et 2012, à la banque d’affaires Rothschild, où il a conseillé de grandes entreprises dans leurs opérations de fusions-acquisitions.

Appelé à l’Elysée par François Hollande, qui le nomme conseiller puis ministre de l’Economie, il brise tous les codes pour se frayer un passage sur le chemin menant à la magistrature suprême sans avoir été élu auparavant, du jamais vu.

AUDACIEUX, SOLITAIRE

Au pouvoir, Emmanuel Macron s’est démarqué de la présidence « normale » de François Hollande et a donné l’impression de s’inspirer de Nicolas Sarkozy dans sa façon d’aller au contact physique de publics hostiles avec qui il réussit souvent à établir un dialogue, sans forcément remporter l’adhésion.

Un exercice qu’il a beaucoup pratiqué lors du « Grand débat » de début 2019 post-crise des « Gilets jaunes » qui a vu des manifestants furieux aller jusqu’à brandir son effigie au bout d’une pique.

Pendant la courte campagne présidentielle, Emmanuel Macron s’est confronté à des Français rétifs, « gauchissant » et « verdissant » son discours lors de meetings à La Défense, à Marseille ou encore vendredi à Figeac à l’adresse d’un électorat de gauche échaudé par une politique jugée favorable aux nantis.

Les grandes lignes de sa biographie sont désormais connues, de sa naissance dans une famille de médecins d’Amiens à son mariage avec Brigitte, sa professeure de théâtre de 24 ans son aînée, rencontrée au lycée catholique où il étudie avant de « monter » à Paris.

De ses études de philosophie et de Sciences Po à l’Ecole nationale d’administration (Ena, qu’il réformera une fois devenu président), de la commission Attali sur « la libération de la croissance » créée par Nicolas Sarkozy à la banque Rothschild, de l’Elysée à Bercy, qu’il dirigea de 2014 à 2016, il a rempli un carnet d’adresses où se côtoient patrons, hauts fonctionnaires, figures de la société civile et politiques.

« Emmanuel a besoin de tout le monde et de personne. On ne rentre jamais dans son périmètre », avait confié un jour Brigitte Macron à l’une de ses biographes, la journaliste Anne Fulda.

Plusieurs qualités reviennent chez ceux qui le côtoient, y compris ses détracteurs : audacieux, séducteur, déterminé.

« Il a du sang-froid et une stature présidentielle, ce que Nicolas Sarkozy avait perdu au bout de six mois et François Hollande au bout de deux jours », dit de lui le producteur Jean-Marc Dumontet, qui le soutient depuis 2016.

A ceux qui reprochent au président d’être solitaire, l’homme de théâtre répond que « le propre d’un patron, c’est d’être seul. » Les tempes grisonnantes mises à part, « Emmanuel Macron n’a pas changé ».

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