Angers
Crise au CHU d’Angers : les syndicats exigent le retrait du plan d’économies
Les syndicats s’indignent du « plan de performance » et lancent un appel à la discussion avec la directrice du CHU d’Angers. Angers Info
Face à un déficit annoncé de 8 millions d’euros pour l’année 2024, la direction du CHU d’Angers présente un plan d’économies sévèrement contesté par les syndicats. Entre suppressions de remplacements, pressions sur les RTT et absence de renforts, les agents redoutent une nouvelle dégradation de leurs conditions de travail.
Un « plan de performance » aux allures d’austérité
Officiellement baptisé « plan de performance », le nouveau programme d’économies du CHU vise à réduire les dépenses à hauteur de 27 millions d’euros, principalement sur le dos du personnel. Pour les syndicats, la situation rappelle déjà celle de 2018, quand un plan similaire avait entraîné des coupes drastiques dans les effectifs.
Le projet de la direction prévoit notamment la baisse de plus de 40 équivalents temps pleins de remplacement, la suppression de 100 mensualités durant l’été 2025, et l’augmentation de l’activité ambulatoire de 25 % sans aucun renfort prévu. Les arrêts maladie ne seraient plus systématiquement remplacés, et les agents pourraient se voir limiter leur droit à épargner des jours de congés.
Des conséquences lourdes pour le personnel et les patients
Cette politique d’économies fait craindre un été particulièrement tendu, avec une charge de travail accrue, moins de congés possibles et des plannings en tension. À cela s’ajoutent des mesures qui touchent directement les agents fragilisés par leur état de santé, comme le positionnement sur un grade inférieur en cas de reclassement ou la suppression des RTT en temps partiel thérapeutique. L’impact ne se limite pas aux personnels. Le manque de lits et de bras commence déjà à se faire sentir sur le terrain. Lydie Cordray, représentante du syndicat Sud santé sociaux, tire la sonnette d’alarme : « Certains patients en psychiatrie doivent attendre des jours avant d’être pris en charge, ils errent dans les couloirs de l’hôpital, la plus longue attente a été de plus de douze jours. C’est inquiétant, nous en tant que soignants, on n’a pas envie de passer la barrière et finir derrière un lit. »
Une fatigue chronique et un appel au dialogue
La fatigue est palpable chez les agents, en particulier chez les aides-soignants, régulièrement contraints de faire des heures supplémentaires non reconnues ni rémunérées, contrairement à la période post-Covid. Ces heures sont souvent effectuées par solidarité envers des collègues déjà en difficulté, faute de renfort suffisant. Benjamin Delrue, secrétaire général du syndicat Force ouvrière, résume le sentiment général : « C’est inévitable que ça ne tournera plus, un jour ça s’arrêtera. Il n’y a pas de lumière au bout du tunnel et il n’y a rien qui change. »
Face à cette situation, les syndicats lancent un appel à la direction pour ouvrir le dialogue. Tous dénoncent l’absence de la directrice générale sur le terrain, jugée trop rare dans les échanges avec les représentants du personnel. Ils demandent le retrait pur et simple du plan de performance et la mise en place de mesures concrètes pour assurer des conditions de travail dignes et la qualité des soins aux patients.