Maine-et-Loire
Feux de forêt : le Maine-et-Loire muscle sa stratégie de prévention face à un risque en forte hausse

Classé officiellement « territoire de feu » depuis cette année, le Maine-et-Loire renforce sa stratégie de prévention et de lutte contre les incendies. Une réponse adaptée à une réalité climatique qui ne cesse d’évoluer, avec un plan d’action structuré autour de la vigilance, de la technologie et de la coopération locale.
Un territoire désormais exposé
Les incendies de forêt ne sont plus un phénomène cantonné au sud de la France. En Maine-et-Loire, le feu qui a ravagé 275 hectares à La Breille-les-Pins en avril dernier a marqué un tournant. Le département a rejoint la liste des « nouveaux territoires de feu », une reconnaissance officielle du risque croissant auquel il est exposé. Ce classement permet aujourd’hui d’engager des mesures fortes : débroussaillage obligatoire autour des habitations, surveillance accrue des massifs et financement de nouveaux outils de détection.
Le préfet Philippe Chopin rappelle que cette nouvelle stratégie repose sur « une gouvernance des espaces forestiers résiliente, pour le département et les générations futures ». Il souligne aussi que « notre force est collective. En croisant les compétences des services de l’État, des collectivités, des forces de secours et des citoyens, nous bâtissons une réponse adaptée face au risque ».
Vidéosurveillance, drones et patrouilles de terrain
L’une des grandes nouveautés de ce plan est le déploiement d’un réseau de vidéodétection. Déjà opérationnel, il permet de repérer très tôt les départs de feu grâce à des caméras positionnées en hauteur, notamment sur des châteaux d’eau. Lors d’un incendie en 2022, ces caméras avaient détecté des fumées à Baugé-en-Anjou plus de 15 minutes avant le premier appel aux secours.
En complément, dix sapeurs-pompiers ont été formés au pilotage de drones, capables d’observer, de cartographier ou encore de diffuser des messages d’alerte. Ces appareils ont déjà été engagés à plusieurs reprises et se sont révélés très efficaces pour guider les opérations. Le préfet insiste sur l’importance d’une approche coordonnée : « Nous avons tiré les enseignements de chaque incendie majeur », citant notamment le rôle stratégique du pélicandrome d’Angers-Marcé, désormais pérennisé.
Une responsabilité partagée jusque dans les jardins
Alors que 9 feux sur 10 sont d’origine humaine, la prévention passe aussi par des gestes simples du quotidien. Il est ainsi recommandé de débroussailler autour de son habitation, de stocker le bois de chauffage à distance, d’éviter les barbecues à proximité des zones boisées et de ne jamais jeter de mégot en forêt. Des obligations légales de débroussaillage s’appliquent désormais dans les zones classées à risque, dans un rayon de 50 mètres autour des constructions.
La maire de La Breille-les-Pins, Armelle Poncet, alerte elle aussi sur la vigilance nécessaire de chacun. « Que vaut la plus belle volonté face à l’incivisme, la négligence, la bêtise humaine ? », écrit-elle. Elle appelle à « réaffirmer notre volonté farouche de léguer à nos enfants une forêt plus belle encore que celle que nous avons connue ».
Replanter, reconstruire et se préparer à demain
Le classement de ces territoires permet aussi de faciliter la mise en place de servitudes de passage pour les secours, de capter des financements pour les équipements forestiers, et d’élaborer des plans d’action pour chaque massif. Ces plans seront portés localement, en lien avec les propriétaires forestiers et les communes.
Des moyens importants ont déjà été mobilisés. Grâce au Fonds Vert, pérennisé jusqu’en 2027, des projets ont vu le jour comme l’aménagement de pistes forestières à Baugé-en-Anjou, l’achat de drones ou le développement du système de vidéosurveillance. Philippe Chopin se veut encourageant : « Les financements sont là. Il appartient désormais aux territoires d’imaginer les projets. »