Justice
Pas de retour à Angers pour le locataire qui « facturait » ses « services rendus » à une octogénaire de La Baule
La chambre de l’instruction de la cour d’appel de Rennes a maintenu en détention provisoire, ce vendredi 7 novembre 2025, un quinquagénaire originaire d’Angers (Maine-et-Loire) mis en examen pour « abus de faiblesse » à l’encontre d’une octogénaire de La Baule (Loire-Atlantique).
En mars 2024, la banque d’Hélène XXX, 80 ans, avait en effet signalé des « mouvements suspects » sur le compte bancaire de la vieille dame : plusieurs « virements non justifiés » avaient notamment été effectués au nom de Jean-Luc XXX, un « auto-entrepreneur dans le conseil en systèmes et logiciels informatiques » qui s’était installé chez elle comme « locataire » avec son fils de 20 ans.
La banque avait également été intriguée par un « rachat d’assurance-vie » pour « 210.000 € » et une « fin de procuration » pour l’un des enfants de la victime. Le préjudice total avait été estimé à plus de 500.000 €.
Entendue par les enquêteurs, Hélène XXX avait expliqué que les virements correspondaient à des « factures pour services rendus » que Jean-Luc XXX lui rendait, comme des « travaux » ou du « jardinage ». Elle estimait avoir « besoin » de son locataire depuis qu’elle avait subi une « intervention chirurgicale urgente » : elle était « très satisfaite de ses services » car ses propres filles « ne s’occupaient plus d’elle ». Elle contestait donc tout « abus de faiblesse » de la part de Jean-Luc XXX, qui avait été relâché après sa garde à vue.
UNE CERTAINE « EMPRISE » SUR L’OCTOGENAIRE
Mais une information judiciaire a été ouverte et Jean-Luc XXX a été interpellé le 6 août 2025 après une « altercation » avec la famille d’Hélène XXX, qui dénonçait son « emprise » et son « omniprésence » chez l’octogénaire. Celle-ci a d’ailleurs été placée sous « sauvegarde de justice » – une mesure de protection des majeurs vulnérables – après qu’une expertise médicale lui ait diagnostiqué un « déclin cognitif léger ».
Le quinquagénaire, qui a gardé le silence pendant toute la procédure, a été mis en examen pour « abus de faiblesse sur personne vulnérable » et placé en détention provisoire. Son fils a également été mis en examen pour « recel d’abus de faiblesse », même s’il dit ne « pas être au courant » des « manipulations » de son père.
Jean-Luc XXX – déjà condamné à neuf reprises notamment pour « abandon de famille » et « non-représentation d’enfant » – a comparu sans avocat ce jeudi 6 novembre 2025 devant la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Rennes. Ce fondateur d’un « réseau digital alternatif aux banques » a dénoncé une « instruction complètement à charge » et voulait être remis en liberté sous contrôle judiciaire à Angers (Maine-et-Loire), où une partie de sa famille vit toujours.
« J’ai une autonomie qui me permet de gagner de l’argent », avait-il tenté de rassurer les juges rennais. « La détention provisoire est le seul moyen d’éviter sa fuite », avait alors répliqué l’avocate générale : Jean-Luc XXX ne s’est « pas présenté aux convocations » devant le juge d’instruction et a d’ailleurs été interpellé sur « mandat de recherche ». La magistrate souhaitait également éviter toute « concertation frauduleuse » avec son fils. Elle avait donc requis le maintien en détention du quinquagénaire. La chambre de l’instruction de Rennes s’est rangée à son avis ce vendredi 7 novembre 2025 et l’a maintenu sous les verrous./RB et GF