Angers
Ligue 1: Nice, attention d’Angers
Des supporters qui s’attaquent physiquement à des joueurs, un boycott à venir des groupes ultras, un effectif qui critique la direction du club et la police, un entraîneur qui pense partir puis reste, des dirigeants aux abois… Nice est en lambeaux au moment d’accueillir Angers, dimanche.
L’OGC Nice a vécu cette semaine une crise d’une intensité rarement atteinte depuis son retour parmi l’élite en 2002. Et, depuis l’arrivée d’Ineos en août 2019, si les Ultras ont souvent été au centre de polémiques, le club azuréen gardait une cohérence générale.
D’autant plus que le groupe de pétrochimie permet, en parallèle, d’être serein financièrement, comme en témoigne le récent passage sans encombres devant la DNCG, le gendarme financier du foot français.
Une nouvelle passée inaperçue tant l’OGCN nage en plein marasme, et s’apprête à recevoir Angers en Ligue 1 dimanche dans un contexte « à hauts risques ».
Ses différentes composantes (direction, joueurs, entraîneur, actionnaire) s’entredéchirent comme jamais, et le fil semble rompu.
« Match pour le maintien »
Les associations CDS et Populaire sud, qui représentent plusieurs milliers de personnes, ont annoncé leur boycott des rencontres, au moins jusque début 2026.
Le communiqué au vitriol de la Populaire sud, qui se termine par un « nous reprenons le chemin de nos familles, vous n’en faites plus partie », acte un divorce violent.
Et de violence, physiques celles-là, il en a donc été question dimanche dernier après la défaite à Lorient (3-1), la sixième consécutive.
Après le match, l’entraîneur Franck Haise a admis son impuissance à manager ce groupe, une première pour lui en « 23 ans ». Il a acté la crise sportive: Angers serait « un match pour le maintien ».
En accentuant la pression, alors que son équipe pointe à la 11e place avec 17 points, l’ex-entraîneur de Lens croyait-il activer un énième levier?
Au lieu d’unité, le chaos s’est installé dès le retour du groupe vers 23H00 au centre d’entraînement du club. Le bus des joueurs a été arrêté par 400 supporters hostiles, selon la préfecture, qui avait dépêché des forces de l’ordre sur place.
Le directeur sportif Florian Maurice a été « très chahuté » et a dû être « exfiltré, hagard » par le service de sécurité, selon le récit de Maxime Bacquié, journaliste d’Ici (ex-France Bleu) en charge du suivi du club et seul journaliste présent.
Terem Moffi et Jérémie Boga, également pris pour cible, ont, le lendemain, porté plainte contre X et sont en arrêt de travail.
Le club a condamné ces actes le lundi soir, dans un bref communiqué peu apprécié par les joueurs.
Ceux-ci ont par la suite reproché à la police de ne pas avoir « dispersé un grand nombre d’individus cagoulés », ni d’avoir effectué une « intervention adaptée à la gravité de la situation ».
Ils ont aussi « déploré les défaillances dans l’organisation et la gestion du service de sécurité ». Pointant d’autres salariés du club, ils ont élargi les distensions internes.
« Psychodrame Haise »
L’OGCN a également porté plainte contre X. Et une enquête pour « violences aggravées » a été ouverte par le parquet. Les auditions, dont celles des joueurs, ont débuté.
Ce qui n’aurait dû être qu’une « explication musclée » a dégénéré, même si certains dont Franck Haise sont restés pour échanger ce soir-là.
En parallèle, s’est dénoué mercredi matin le psychodrame Haise. Après avoir pensé quitter le club, il s’est ravisé.
Le technicien en a profité pour déplorer le manque de communication avec sa direction et tirer à boulets rouges sur l’actionnaire, dans une interview accordée au quotidien L’Équipe, assumant ainsi sa liberté de ton.
Ni Maurice, ni le PDG Fabrice Bocquet, à qui il a été reproché son absence dimanche soir et dont le silence jusqu’à jeudi soir a contribué à l’instabilité générale, ne comptaient de toute façon démissionner.
Et si l’actionnaire, par le biais d’un communiqué de Jean-Claude Blanc, PDG d’Ineos Sport, a voulu siffler tardivement la fin de la partie jeudi soir, et « exigé que la communication (…) soit désormais guidée par l’intérêt supérieur de l’institution », le mal est profond.
Les mêmes personnes devront finir par collaborer ensemble pour réduire la fracture.