Maine-et-Loire
Feu d’artifice mortel à Cholet : le maire et l’artificier devant la justice
Deux ans et demi après le drame survenu lors du feu d’artifice du 14 juillet 2022 à Cholet, le maire Gilles Bourdouleix ainsi que l’artificier et son employeur comparaissent à partir de ce lundi devant le tribunal correctionnel d’Angers. Ils sont jugés pour homicides involontaires et blessures, après la mort d’un garçon de 7 ans et de sa sœur de 24 ans, tués par des projectiles tombés dans une zone où se trouvaient des spectateurs.
Selon France Bleu, l’entreprise bretonne HTP Société, qui avait assuré le tir du feu d’artifice, ainsi que l’association Cholet Événement, chargée de l’organisation, sont également poursuivies pour leur responsabilité dans l’accident. Le procès devrait durer jusqu’à vendredi.
Un manquement aux règles de sécurité pointé du doigt
Le soir du 14 juillet 2022, plusieurs projectiles ont dévié de leur trajectoire et explosé dans un groupe de spectateurs situé à seulement quelques dizaines de mètres du pas de tir, dans un parc normalement interdit au public. Outre les deux victimes, les parents et le compagnon de la jeune femme ont été grièvement blessés, tandis que douze autres personnes ont été touchées plus légèrement.
Selon le procureur d’Angers, le maire de Cholet aurait manqué à ses obligations en confiant l’organisation de l’événement à une association sans s’assurer de la mise en place des mesures de sécurité nécessaires. Il lui est reproché de ne pas avoir examiné les dispositifs avec les organisateurs ni exigé l’installation de barrières pour empêcher l’accès à la zone dangereuse.
Interrogé au lendemain du drame, Gilles Bourdouleix avait reconnu que des spectateurs s’étaient trouvés à proximité immédiate du stade, expliquant que certaines personnes en charge de la sécurité leur avaient pourtant demandé de s’éloigner.
Un incident technique en cause selon l’artificier
De leur côté, l’artificier et son employeur, HTP Société, sont accusés d’avoir utilisé du matériel inadapté ou en mauvais état et d’avoir procédé au tir alors que des spectateurs se trouvaient dans une zone censée être interdite au public.
Dans un communiqué publié dès le lendemain du drame, l’entreprise avait évoqué un « dysfonctionnement lors du tir », entraînant la projection d’artifices en direction d’une zone où aucun spectateur n’aurait dû être présent.
L’association Cholet Événement, également mise en cause, est poursuivie pour ne pas avoir assuré le respect des restrictions de sécurité et ne pas avoir suffisamment alerté la municipalité sur les mesures à mettre en place.
Un témoignage édifiant sur les conditions de l’accident
Présent sur place lors du drame, Mickaël, un témoin direct, avait confié à franceinfo son malaise face à la proximité des spectateurs avec le pas de tir.
« Deux ou trois fusées n’ont pas décollé, elles ont explosé sur le terrain de football. Un début d’incendie s’est déclaré sur une boîte d’artifice et il a fallu attendre qu’une personne vienne avec un extincteur. Puis, un des artifices est parti à l’horizontale, il a traversé le portail et explosé à 15-20 mètres de nous, au milieu des gens. »
Il avait également souligné le manque de distance entre le public et la zone de tir : « On était sincèrement beaucoup trop proches. La zone de sécurité était le terrain de foot et un grillage à 10-15 mètres. J’ai filmé et je me suis dit : il ne faudrait pas qu’il y ait un problème, car on est vraiment tout près. »