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Scream6. La saga horrifique américaine attendue.

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Ce mercredi 8 mars, Ghostface revient sur grand écran pour le sixième épisode de «Scream». Initiée par Wes Craven en 1996, la saga horrifique américaine s’est imposée comme l’une des meilleures grâce à son mélange d’humour, de gore et d’autocritique sur le genre.

Attention spectateur, ça va trancher. Ce mercredi 8 mars sort en salles le nouveau volet de la saga «Scream», le sixième en près de trente ans. De par son discours (auto-)critique sur le cinéma d’horreur, l’efficacité de ses mises à mort sanguinolentes et un meurtrier iconique, la franchise s’est rapidement imposée comme maîtresse dans le sous-genre du slasher.

Ce sous-genre du cinéma d’horreur met en scène un groupe d’individus, généralement des jeunes adultes, aux prises avec un tueur en série masqué ou monstrueux, qui élimine ses victimes à l’arme blanche. Introduit à la fin des années 1970 («Black Christmas» de Bob Clark, 1974), ces œuvres ont connu un premier âge d’or au début des années 1980, avant de renaître grâce à «Scream» et sa formule bien spécifique.

«SCREAM», SIX FILMS ET DEUX «RÉSURRECTIONS»
Avant de comprendre comment le réalisateur des quatre premiers films de la franchise, Wes Craven (également auteur des «Griffes de la nuit», slasher dévoilant le personnage de Freddy Krueger), a bouleversé le cinéma d’horreur américain à la fin des années 1990, une petite présentation de la saga s’impose.

«Scream» est sorti en décembre 1996 aux États-Unis (juillet 1997 en France), et suivait les péripéties de Sidney Prescott (interprétée par Neve Campbell) et ses camarades lycéens traqués par un tueur au masque de fantôme appelé sobrement «Ghostface», dans la petite ville fictive de Woodsboro.

«À sa sortie, le slasher est mort et enterré depuis longtemps», décrypte Marie Casabonne, co-autrice de l’ouvrage «Slashers» (Vents d’Ouest, 2021). «Wes Craven avait déjà révolutionné le slasher avec le premier Freddy en incluant un côté surnaturel. Avec le scénariste Kevin Williamson, il revient avec deuxième révolution du genre, apportant un côté méta-fictionnel», c’est-à-dire que le long-métrage est conscient d’être un film d’horreur, dans une logique de mise en abîme.

Après un succès commercial monumental, deux suites sont mises en chantier, sorties en 1997 (1998 en France) et en 2000. Le troisième opus engrangeant moins de recettes et subissant une production compliquée en raison de la fusillade à l’école de Columbine, la franchise est mise en pause jusqu’en 2011, pour le dernier film de Craven avant sa mort en 2015.

Comme le slasher «qui meurt et ressuscite en permanence» selon Marie Casabonne, «Scream» est relancé avec un cinquième épisode en 2022 et désormais un sixième opus, qui sort au cinéma ce mercredi 8 mars. Avec une particularité notable : terminé le décor fictif de Woodsboro, remplacé par la mégalopole de New-York. Une démarche qui rappelle la huitième suite de la saga «Vendredi 13», une autre référence dans le slasher avec son tueur au masque de hockey Jason Voorhees, intitulée «L’Ultime retour», où le boogeyman commettait un nouveau massacre à Manhattan.

«UN CÔTÉ POST-MODERNE, MÉTA ET RICANANT»
Le succès du premier «Scream», outre sa mise en scène dynamique et sa remarquable tension, tient également dans son écriture. «Lorsque Kevin Williamson écrit ce scénario, c’est sa dernière chance pour percer à Hollywood. Alors il écrit sur des personnages comme lui, en intégrant les films et slashers qu’il aime, avec des personnages qui connaissent les codes et vont s’en servir pour vaincre le tueur en série», précise Marie Casabonne.

En d’autres termes, Wes Craven et Kevin Williamson vont intégrer au scénario du long-métrage des éléments critiques du cinéma d’horreur américain. Les personnages, très conscients de ce qui leur arrive, comparent leur situation à celles vécues dans de véritables films et notamment «Halloween», un des chefs d’œuvres de l’épouvante américaine. Dans une des scènes du film, les personnages regardent même le film de John Carpenter.

«Scream» a également intégré un aspect très ludique ou «whodunit» (contraction anglophone de «who has done it ?», traduit par «qui l’a fait ?»), empruntant au thriller qui cartonne au cinéma à ce moment-là : «Seven» de David Fincher (1995), ou «Le Silence des agneaux» de Jonathan Demme (1991). «Cela a introduit une nouvelle génération de slasher premier degré, avec un côté post-moderne, méta et ricanant.»

Au milieu d’une industrie hollywoodienne en constante évolution, «Scream» a poursuivi son étude du genre. «Quand «Scream 4» arrive en 2011, le slogan c’était : «Nouvelle décennie, nouvelle règle». La saga essaye de faire le lien avec l’évolution technologique et l’histoire du cinéma», analyse Marie Casabonne.

Ainsi, après avoir parlé des slashers de l’âge d’or, «Scream 4» s’est attaqué sans ménagement à la vague des films appartenant au «torture porn» des années 2000, dont le représentant le plus connu reste les films «Saw». «Saw 4» est d’ailleurs cité dans l’introduction de «Scream 4» par l’une des victimes. «Scream 5», en 2022, s’en prend à la vague des «requels», ces suites qui ramènent des vieux personnages par nostalgie (les suites de «Star Wars» par Disney ou encore «Jigsaw» des frères Spierig (2017), tous évoqués dans le film), ainsi qu’aux œuvres horrifiques catégorisées «elevated horror». Une expression désignant des films horrifiques avec un travail esthétique très marqué, des récits métaphoriques et/ou politiques, tels «It Follows» de David Robert Mitchell (2014) ou «Mister Babadook» de Jennifer Kent (2014), cité également dans l’introduction.

Outre cette tonalité mêlant horreur et comédie, la série de films s’est imposée grâce au développement de thématiques sérieuses, qu’elles soient politiques ou sociales. L’exemple le plus probant reste «Scream 3». Dans cette suite, l’histoire suit le tournage de «Stab 3», inspirée des aventures de Sidney Prescott, l’héroïne de la série. L’actrice qui doit incarner le rôle principal, Angelina Tyler (jouée par Emily Mortimer), déclare : «Je n’ai pas couché avec ce porc de producteur pour avoir le rôle principal, tout ça pour finir assassinée par un psychopathe.» Cette réplique à l’apparence anodine est, en réalité, une référence aux pratiques de harcèlements et d’agressions sexuelles des producteurs hollywoodiens, et ici plus précisément d’Harvey Weinstein, dont la société Miramax a financé la franchise. Comme un «Me-too» avant l’heure.

UNE SAGA «QUI FAIT RÉFLECHIR» SES FANS
Contrairement à beaucoup d’autres, la saga «Scream» a survécu et a acquis une réelle renommée. Les critiques ont été globalement positives, que ce soit du côté de la presse ou des spectateurs, avec «Scream 3» comme seule exception. Ce succès, elle le doit également à ses adeptes les plus féroces.

«J’ai découvert le cinéma d’horreur avec «Scream 2», et cela m’a ouvert au cinéma», témoigne Alexandre Tristram, fondateur du Boulogne Horror Show, un festival de films d’horreur qui se déroule pendant Halloween sur la ville de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais).

Cet aficionado de productions horrifiques a véritablement grandi avec la franchise. «J’ai adoré dès le départ, je trouvais le concept super intéressant, cela allait bien plus loin que les a priori que j’avais sur ce cinéma «tripes et boyaux» et sans bonne histoire. Je n’avais que 12 ans, mais le slasher est devenu mon sous-genre préféré.»

Pour le cinéphile, la force de la franchise se constate avant tout dans ses personnages. «Ils sont comme nous, stéréotypés, mais plus ancrés. Par exemple, dans les premiers films, Randy travaille dans un videoclub, là où j’ai passé toute mon enfance. On grandit avec les personnages avec des thèmes comme le deuil, l’acceptation, le fait de prendre sa vie en main.»

Même la mort de Wes Craven, remplacé par Tyler Gillett et Matt Bettinelli-Olpin (qui se sont faits connaître grâce à «Wedding Nightmare» en 2019), ne l’a pas chamboulé dans son appréhension des suites. «Ils ont fait du super job pour rendre hommage à Craven. On sent qu’ils aiment ces films comme nous, comme moi. Même si on en revient au débat de savoir si c’est une bonne idée de donner le bébé à des fans. Je dirais pas forcément, mais ils ont réussi le passage de flambeau, surtout avec les anciens personnages.»

Alexandre est ainsi plus qu’extatique pour la sortie du nouveau volet ce mercredi. «J’ai vu huit fois «Scream 4» au cinéma, cinq fois «Scream 5» et je verrais six fois «Scream 6» dans tous les formats : 3D, 4DX.» Il a d’ailleurs fait le choix de se couper au maximum des images dévoilées en promotion, considérant l’événement «comme un anniversaire ou comme un Noël», où «je peux être surpris, je ne sais pas si je vais aimer ou pas.»

Pour sa sortie en salles prévue ce vendredi aux États-Unis, «Scream 6» devrait provoquer un petit tsunami dans les cinémas américains. Selon les premières prédictions au box-office, il devrait engranger autour des 37M$ pour son premier week-end, soit le meilleur démarrage de la franchise depuis ses débuts. Un score qui pourrait être boosté par de bonnes critiques et la présence de Jenna Ortega, devenue une actrice de premier plan grâce à la série Netflix «Mercredi».

«Scream» devrait ainsi poursuivre son aventure cinématographique bien des années encore. À l’image des «Halloween», «Saw» ou «Vendredi 13», elle rejoindrait ce cercle des sagas horrifiques à rallonge, les mêmes qu’elle raillait il y a près de trente ans. «Il y a eu un dernier changement de paradigme avec «Scream», où le tueur meurt, mais où quelqu’un reprend le masque», rappelle Marie Casabonne. Avant de conclure : «Il y a un côté rassurant, sans risque financier. Quoiqu’il arrive, si le public revient, les producteurs continueront à en faire.»

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