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Dix ans de réclusion criminelle pour une figure du « milieu » sado-masochiste nanto-angevin

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La cour criminelle départementale de la Loire-Atlantique a infligé dix ans de réclusion criminelle ce mercredi 12 mars 2025 à un adepte de BDSM (Bondage et Discipline, Domination et Soumission, Sado-Masochisme) qui était jugé pour « viol » après avoir pénétré sa « soumise » avec une scie-sabre surmontée d’un godemiché.

David XXX a aussi été reconnu coupable de « blessures involontaires » pour avoir brûlé au troisième degré Elise XXX lors d’un « fire play » où cette esthéticienne de Pornic (Loire-Atlantique) était ligotée avec des cordes enflammées. Les cinq juges professionnels l’ont également condamné pour « non-assistance à personne en danger » puisqu’il « avait eu l’air de rire » et « de ne pas être choqué » malgré les « hurlements » de sa « soumise », « à l’inverse de l’assistance » réunie ce soir-là au Before Sauna Club, un club libertin de Sainte-Luce-sur-Loire.

Les quatre jours de débats ont ainsi été l’occasion pour les magistrats nantais de découvrir « les codes » du « milieu caché » du BDSM, selon les termes employés lors du procès. Surnommé « Dave Rope », cet habitant de Bouguenais y était connu « nationalement voire mondialement », selon Me Hugo Tran, l’un de ses deux avocats, pour avoir « organisé les plus grandes soirées » et « gagné un concours international dans le domaine shibari avec photographie ».

Cet homme âgé aujourd’hui de 50 ans – qui a grandi dans les « valeurs d’une éducation judéo-chrétienne classique » – avait pourtant formé au départ un « couple classique » avec Virginie XXX, la mère de ses deux filles, qu’il avait connue à l’âge de 16 ans et avec qui il avait vécu dix-sept ans. Mais cette dernière avait été lassée de ses « infidélités » qu’il n’a « jamais avouées ». Cet homme « très secret » – qui se dit « polyamoureux » et « expérimentaliste » – reconnaîtra après coup avoir eu « plus de 200 relations hétérosexuelles » après leur séparation.

UNE AUTRE ADEPTE DU BDSM REVELE AVOIR ETE VIOLEE

Delphine XXX, une attachée commerciale de 46 ans qui habite à Sainte-Pazanne (Loire-Atlantique), était ainsi tombée « très très amoureuse » de ce « mec idéal » après qu’il se soit séparé de Virginie XXX. Mais cet ingénieur « en levage et manutention lourde » – qui a d’ailleurs « travaillé sur la passerelle devant le tribunal judiciaire » de Nantes – s’était avéré « odieux » après l’achat de leur maison. Leurs relations « langoureuses » et « sensuelles » n’étaient toutefois pas sado-masochistes, a-t-elle précisé à la barre de la cour criminelle.

Virginie XXX, une autre habitante de Sainte-Pazanne, est elle aussi venue témoigner : cette assistante de gestion de 48 ans qui a une certaine « expérience dans le milieu » sado-masochiste a fait partie de l’association naissante initiée par David XXX pour « porter les valeurs » du BDSM. Mais elle a révélé avoir été, elle aussi, victime d’une « pénétration digitale » non consentie de la part de l’accusé lors d’un « shibari » sur le « portique en bois grandeur nature » qu’il avait installé dans son salon… ll avait même « esquissé un sourire ».

« On ne recherche pas l’acte sexuel mais le bien-être par le lâcher-prise », a-t-elle recontextualisé pour les cinq juges de la cour criminelle départementale de la Loire-Atlantique à propos du BDSM. « Le shibari, quand c’est bien fait, c’est très joli, c’est une forme d’art… Mais pour Elise, tout était confondu : elle ne savait plus ce qui relevait du jeu ou non. »

L’esthéticienne de Pornic était ainsi comme « téléguidée » et « lobotomisée » par ce « grand charmeur » qui savait être « souriant », a relaté son « amie ». « Il était aussi colérique, très fier et capricieux », l’a décrit Virginie XXX. « Le shibari n’était pour lui qu’un prétexte pour atteindre le corps des femmes plus rapidement et plus fréquemment. »

IL LA CONTRAIGNAIT A S’ASSEOIR PAR TERRE A SES GENOUX

La cour a également entendu Olivier XXX, un kiné de 54 ans plutôt adepte des soirées « déguisées » avec sa femme : ce couple de Brissac-Quincé (Maine-et-Loire) était ainsi devenu « très proche » de celui formé par l’accusé et sa victime. « Elise n’était pas une libertine : elle cherchait une vie classique et était prête à tout pour cet homme », a-t-il dit aux juges nantais.

Le quinquagénaire a ainsi été choqué que David XXX contraigne Elise XXX à « s’asseoir par terre à ses genoux » et à « lever le doigt pour parler » – avec « vouvoiement imposé » – un soir où lui et sa femme les avaient invités à manger lors d’une soirée pourtant ordinaire entre « amis ». Mais l’accusé avait « imposé cette soumission avec humour et sourire », a-t-il soupiré… La soirée s’était ainsi terminée prématurément puisque « tout le monde est parti se coucher plus tôt », a complété la présidente de la cour criminelle départementale.

Cette sorte de « gourou » était donc dans « une perversion totale », a résumé le kiné de Brissac-Quincé : il autorisait par exemple sa « soumise » à « s’amuser dans un gang bang » [orgie sexuelle, ndlr]… mais « pas plus que ce qu’il n’avait autorisé ». Lui et d’autres amis du monde du BDSM avaient finalement « pris un fourgon » pour déménager Elise XXX en vitesse.

Mais David XXX, décrit comme « charismatique », a encore « beaucoup d’influence » dans le milieu BDSM. Olivier XXX a ainsi raconté avoir « reçu des menaces de pédophilie » quand lui et sa femme ont « essayé de sortir » la jeune « soumise » de cet « enfer » dans lequel tous se sont retrouvés « embrigadés ». Le « public inhabituellement nombreux » venu assister au procès, comme l’a relevé l’avocate de la partie civile, en témoigne : il est « évident que des gens attendent avec une certaine angoisse et un certain stress » de connaître son sort.

UNE « FUCKING MACHINE ARTISANALE »

Me Anne Bouillon a également rappelé que, lors d’une soirée du « Cercle Bonaparte » à Angers (Maine-et-Loire), sa cliente était entièrement dénudée et a servi de « table à sushis » pour les convives… parmi lesquels « certains » de ses confrères. « Elles étaient deux à être tête-bêche et on avait disposé des sushis sur elles », a confirmé l’organisateur de la soirée, un « responsable d’agence » qui habite au Louroux-Béconnais (Maine-et-Loire). « Personne n’était payé : c’était par plaisir de passer une soirée entre amis dans un univers certes particulier. »

David XXX avait pourtant assuré à la cour qu’il comptait désormais « laisser sa place à d’autres » pour « démocratiser », « démystifier » et « enlever les préjugés » autour du BDSM : il n’a « plus de légitimité » pour le faire. Si « ce serait mentir que de dire que je ne ferai plus jamais de cordes », il n’était « pas près de rejouer avec le feu » lors d’un exercice d’encordage.

« La communauté qui s’affole sur les réseaux sociaux et qui se presse dans la salle d’audience peut être rassurée : le BDSM n’était pour lui qu’un cheval de Troie, un prétexte », avait cinglé l’avocate d’Elise XXX, une femme « désentravée en marche pour sa liberté » après « quatre années de violences habituelles ». Me Anne Bouillon avait aussi minimisé « l’expertise » de David XXX dans le milieu SM puisqu‘il a violé sa cliente avec une scie-sabre « achetée chez Lidl » dont il avait simplement « recouvert la lame d’un godemiché » après avoir juste « limé les premières dents » de la lame… « Que se serait-il passé si le godemiché avait cédé et déchiqueté l’intérieur de son vagin ? », s’était-elle donc demandée.

Cette « fucking machine artisanale » avait en effet été « bricolée », avait abondé l’avocat général lors de ses réquisitions. « Il faut envoyer un message clair au milieu BDSM : un non, c’est un non », avait bien insisté le représentant du ministère public. Il avait donc requis dix ans de réclusion criminelle pour cet « individu dangereux qui a un mépris total de l’autre ». La cour criminelle départementale de la Loire-Atlantique s’est rangée à ses réquisitions. Sur le plan civil, David XXX devra verser une première « provision » de 12.000 € à son ancienne « soumise » dans l’attente des résultats d’une « expertise médico-psychique » de l’intéressée. Il devra aussi lui payer 4.500 € pour ses frais d’avocat./GF et ED

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