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Le « beau futur » de la serveuse revenue de Punta Cana avec 23 kg de cocaïne va pouvoir démarrer à Angers

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REUTERS/Gonzalo Fuentes

La chambre de l’instruction de la cour d’appel de Rennes a ordonné, ce vendredi 21 mars 2025, qu’une jeune serveuse arrivée en septembre 2023 à l’aéroport d’Orly avec 23 kg de cocaïne dans les valises soit remise en liberté à Angers (Maine-et-Loire).

Il y a dix-huit mois, Nawel XXX avait été interpellée à son retour de Punta Cana (République dominicaine), alors qu’elle transportait une valise « extrêmement lourde ». Cette serveuse de 21 ans au restaurant L’Entrecôte, à Nantes, avait alors expliqué dans un premier temps avoir été mise au pied du mur pour assurer « le transport de drogue » dans sa valise moyennant une rémunération de « 10.000 € ». 

Décrite comme « un dommage collatéral » d’un dossier d’envergure visant « le patron des patrons » du trafic de stupéfiants à Nantes et qui a récemment été joint à d’autres faits d’importation par voie maritime de cocaïne – après la découverte de deux containers contenant 364 kg de cocaïne sur le port de Nantes/Montoir-de-Bretagne en mai 2022 – la jeune femme avait expliqué avoir simplement rencontré un homme en discothèque qui avait « commencé à parler du voyage » une semaine avant qu’il ne se concrétise.

Il lui avait dit qu’ils allaient « revenir avec plein de drogue » en « riant », mais elle ne l’avait d’abord « pas pris au sérieux ». Lors d’une précédente audience devant la chambre de l’instruction, son avocat avait expliqué qu’elle pensait « partir en vacances » avec l’homme rencontré en soirée, avant que « la prise d’otage ne commence ». Nawel XXX n’avait ensuite simplement « pas osé dire non » : elle pensait que cet argent l’aiderait « à partir de Nantes » et avait été menacée de « devoir rembourser » les billets d’avion si elle se ravisait. 

UNE SERVEUSE REGULIEREMENT « FATIGUEE »

Au dernier moment, cette jeune femme – jamais condamnée et qui ne « consomme pas » de stupéfiants – avait donc « reçu une adresse » et s’y était rendue avec « une voiture » qui l’attendait : une personne lui y avait confié la drogue et la jeune femme s’était même « énervée » à cause du poids de la valise.

« Elle est passée de cheffe de rang à une cellule de 9 m² où l’on vit à trois » alors qu’elle était allée « jusqu’au bac » et « n’a jamais vécu de l’argent de la drogue », avait à l’époque souligné Me Sami Khankan, son avocat. Depuis lors, les contours de sa participation semblent pourtant s’épaissir : alors qu’elle avait indiqué à la justice qu’elle était « cheffe de rang » dans le restaurant nantais, son employeur avait pour sa part recadré les choses en expliquant qu’elle n’était qu’une « simple serveuse ». 

Elle ne lui avait par ailleurs pas donné entière « satisfaction » puisqu’elle était régulièrement « fatiguée » et faisait montre d’un « absentéisme » récurrent. Et en parallèle, l’affaire instruite par la Juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Rennes avance et semble déjà apporter son lot d’explications.

La « géolocalisation » du téléphone de la jeune femme fait en effet ressortir « un certain nombre de trajets de nuit », notamment dans le Finistère et sur « d’autres endroits du territoire », comme « au Mans (Sarthe) ou en Vendée », a résumé la présidente de la chambre de l’instruction lors de l’audience de ce jeudi 20 mars 2025. 

« DITES-MOI CE QUE JE PEUX FAIRE DE PLUS »

Cela laisse penser à « un mode opératoire de livraison de stupéfiants », a donc explicité la magistrate de la cour d’appel de Rennes, d’autant que sa « position » confirme la présence d’un autre protagoniste du dossier, le 14 septembre 2023. Les enquêteurs s’étaient donc « étonnés » de « l’incohérence entre ses déclarations relatives à une activité professionnelle prenante et la géolocalisation de sa ligne, montrant une mobilité importante ».

Mais en dépit de ces nouveaux éléments, un juge des libertés et de la détention (JLD) de Rennes avait considéré qu’il y avait lieu de la remettre en liberté en ordonnant son Assignation à résidence sous surveillance électronique (ARSE).

Estimant qu’à ce stade des « risques forts » subsistaient en cas de « remise en liberté », le parquet JIRS de Rennes avait donc fait appel de cette décision : la jeune femme avait été maintenue à la prison des femmes de Nantes jusqu’à l’audience de ce jeudi 20 mars 2025, date à laquelle la décision du JLD a donc été réexaminée.

« Dites-moi ce que je peux faire de plus, quelles garanties supplémentaires je pourrais vous présenter ? », a de son côté imploré la jeune femme, expliquant qu’elle s’était « désolidarisée totalement du réseau ». « Je serai peut-être victime de pressions mais quoi qu’il arrive je n’ai jamais cédé à la terreur », a-t-elle aussi dit, pleine d’assurance, depuis la maison d’arrêt où elle comparaissait en visioconférence. « J’ai envie d’avoir un beau futur (…), montrer qu’on peut encore s’en sortir malgré la détention », avait-elle conclu. Au final, la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Rennes s’est laissée convaincre et a confirmé sa remise en liberté à Angers, en dépit des réquisitions du parquet général./CB

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