Poitiers : une restauration majeure en cours à l’église Notre-Dame-la-Grande

L’église Notre-Dame-la-Grande, fleuron roman du XIe siècle situé au cœur de Poitiers, est désormais fermée au public jusqu’en 2027. Depuis novembre 2024, l’édifice fait l’objet d’un important chantier de restauration intérieure, engagé par la Ville de Poitiers avec le soutien de la DRAC Nouvelle-Aquitaine et de la Fondation du patrimoine. L’enveloppe globale du projet atteint 6,5 millions d’euros. Cette opération a été retenue parmi les 18 projets emblématiques du Loto du patrimoine en 2024.

Une église vidée pour révéler son architecture d’origine

Selon France Bleu, à l’intérieur, les équipes ont complètement dégagé l’espace pour permettre l’intervention des restaurateurs. « L’église a été débarrassée de ses bancs. C’est nécessaire pour les travaux, et ça permet d’apprécier à quoi ressemblait cet édifice au Moyen Âge », explique Thomas Gaudig, architecte du chantier. Trente ans après une première visite comme étudiant, il se retrouve à diriger les travaux : « Le fait de pouvoir aujourd’hui achever cette restauration, de la terminer par l’intérieur, c’est une façon de mettre la cerise sur ce gâteau monumental. C’est extrêmement émouvant. »

Des fresques millénaires traitées avec une extrême précaution

Parmi les points clés du chantier figure la restauration des peintures de la voûte du chœur, un ensemble exceptionnel du style roman. Recouvertes au fil du temps par des éléments gothiques partiellement retirés depuis, les fresques requièrent une grande finesse d’intervention. « Ce décor a plus de 900 ans. Il a été recouvert, puis décapé à plusieurs reprises. Il nous oblige à nous adapter à chaque cas de figure », souligne Thomas Gaudig.

Ludovic Loreau, directeur opérationnel chez Arthema, précise les enjeux techniques : « Le pigment est devenu de la poudre. Si vous soufflez un peu fort dessus ou que vous mettez votre doigt, tout s’efface. »

Des interventions invisibles mais cruciales

À l’extérieur, des opérations moins visibles depuis la rue sont également en cours, visant à corriger des problèmes structurels anciens. « Le drainage qui avait été fait lors des précédentes restaurations avait mal été réalisé. Il ne permettait pas d’évacuer correctement les eaux dans le réseau public », indique Geoffrey Larigaudrie, conducteur de travaux pour Soporen.

Accès interdit au public pour des raisons de sécurité

La présence de plomb sur certains éléments impose un protocole de sécurité strict, d’où la fermeture complète de l’édifice durant les travaux. « On va rentrer dans un protocole plomb qui oblige à fermer l’église pour évidemment protéger tous les intervenants », explique Clémence Pourroy, adjointe au patrimoine historique. Elle ajoute que cette fermeture permet aussi de maintenir un rythme de chantier plus efficace. La réouverture est prévue à l’automne 2027.

Une Maison du chantier pour suivre les avancées

Pour compenser l’inaccessibilité de l’église, la Ville a mis en place une Maison du chantier, hébergée à l’office de tourisme. Ce lieu d’exposition permet au public de découvrir les coulisses du projet. « L’idée, c’est de donner à voir ce qu’on ne peut plus voir pendant la fermeture », indique l’élue. On y trouve des panneaux pédagogiques, une maquette tactile, ainsi que des outils numériques pour visualiser les étapes de la restauration.

Des commerçants inquiets, la Ville rassure

Autour de la place Notre-Dame, les commerçants ont exprimé leurs préoccupations face aux impacts visibles du chantier : barrières, fermeture temporaire du parking et perte de visibilité en période d’affluence. « On entend que ça fait beaucoup et on sait très bien qu’un chantier, ce sont des désagréments. On voit bien que c’est un sacrifice », reconnaît Clémence Pourroy. La municipalité précise toutefois qu’aucune baisse significative de fréquentation n’a été enregistrée. « En tout cas, nous, avec les compteurs de la Ville, ce n’est pas le cas », affirme-t-elle, tout en précisant que l’objectif est aussi de « faire du chantier un lieu de destination ».