Environnement
21 Aras de Lafresnaye confisqués par le gouvernement italien rejoignent le Bioparc

Le Bioparc de Doué-la-Fontaine (Maine-et-Loire) s’apprête à accueillir, jeudi 19 juin, 21 aras de Lafresnaye (Ara rubrogenys) confiés par le gouvernement italien. Ces oiseaux sont issus d’une importante saisie réalisée dans le cadre de la lutte contre le trafic d’animaux sauvages. Certains individus proviennent directement du milieu naturel, d’autres sont nés en captivité, mais tous sont d’origine illégale.
Le gouvernement italien a souhaité placer l’ensemble de ces oiseaux dans une seule institution zoologique agréée. Le Bioparc de Doué-la-Fontaine, reconnu pour son implication dans la conservation animale, a été retenu pour assurer leur prise en charge. Par ailleurs, Pierre Gay, le président de Bioparc Conservation, s’est vu remettre, le 6 juin dernier, les insignes de Chevalier de l’ordre de la Légion d’honneur pour son engagement dans le monde entier en faveur de la protection des espèces sauvages menacées. Le même jour, en soirée, une petite girafe femelle, prénommée « Zoumari », est née au parc. Les visiteurs peuvent d’ores et déjà l’observer au sein du groupe de girafes.
L’Ara de Lafresnaye : une espèce gravement menacée
Endémique des vallées andines de Bolivie, l’ara de Lafresnaye est classé « en danger critique d’extinction » sur la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). En 2021, environ 1 160 individus ont été recensés dans la nature. La population sauvage de l’espèce est donc en déclin. Cette dernière fait face à plusieurs menaces : la destruction des forêts sèches, le braconnage pour le commerce illégal d’animaux de compagnie, et les conflits avec les agriculteurs qui la perçoivent comme nuisible aux cultures de maïs et d’arachides.
Une quarantaine strictement encadrée
À leur arrivée au Bioparc, les aras seront placés en quarantaine, conformément à la réglementation en vigueur. Ils feront l’objet d’examens vétérinaires, de tests sanitaires, d’analyses génétiques et d’un suivi comportemental. Cette période permettra d’assurer leur santé, de mieux comprendre leur origine et de déterminer leur place dans le programme européen d’élevage (EEP), en lien avec le coordinateur de l’espèce. Le transport sera pris en charge par le Bioparc et réalisé par une société spécialisée dans le transfert d’animaux sauvages. Les soins animaliers et vétérinaires seront assurés par l’équipe du Bioparc dès leur accueil et jusqu’au placement définitif de ces oiseaux.
« Accueillir ces oiseaux représente à la fois une responsabilité et souligne un engagement pour le Bioparc. Cette opération illustre concrètement le rôle des parcs animaliers dans la lutte contre le commerce illégal et dans la conservation d’espèces menacées, en lien direct avec les projets de terrain, comme nous le faisons en Bolivie avec cette espèce. » explique François Gay, directeur du Bioparc de Doué-la-Fontaine. Les individus dont l’état de santé ou le comportement le permettra pourront ensuite être transférés vers d’autres parcs zoologiques européens membres du programme. Certains resteront au Bioparc et retrouveront les Aras de Lafresnaye déjà présents.
Une visibilité prochaine pour les visiteurs
Le Bioparc héberge déjà une vingtaine d’aras de Lafresnaye au sein de la Grande Volière sud-américaine, une des plus grandes volières d’Europe, une structure d’un hectare qui évoque un écosystème naturel andin. Il s’agit du plus grand groupe détenu dans les parcs zoologiques européens. À l’issue de la quarantaine, les aras sauvés pourront intégrer le groupe du Bioparc ou bien seront répartis dans les autres parcs qui hébergent cette espèce.
Les visiteurs peuvent déjà découvrir cette espèce emblématique dans un environnement semi-naturel. Des panneaux pédagogiques rappellent les menaces qui pèsent sur l’espèce et expliquent les actions menées sur le terrain en Bolivie.
Des actions menées en Bolivie par le Bioparc pour protéger l’Ara de Lafresnaye
L’accueil de ce groupe de perroquets s’inscrit dans la continuité de l’engagement du Bioparc et de son fonds de dotation, Bioparc Conservation, en faveur de la sauvegarde de l’espèce grâce aux « Projets Nature » du parc. Depuis 2003, l’association bolivienne Armonía agit sur le terrain pour sa préservation, avec le soutien du Bioparc depuis 2009. Le programme inclut la protection des falaises de reproduction, la surveillance de nichoirs naturels et artificiels, la restauration des forêts de palmiers Janchicoco, le développement de l’écotourisme communautaire, l’éducation des jeunes et la sensibilisation contre le trafic illégal. En 2023, 24 nids actifs ont été observés dans la Réserve communautaire de l’espèce, et plus de 3 000 graines de palmiers ont été plantées.
Pierre Gay médaillé de la Légion d’Honneur pour son engagement auprès des animaux
Le 6 juin dernier, Pierre Gay, président et co-fondateur de Bioparc Conservation, le fonds de dotation du Bioparc, a reçu les insignes de chevalier de la Légion d’Honneur. Cette haute distinction, remise par Maud Lelièvre, présidente du Comité français de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), vient saluer une vie dédiée à la préservation du vivant.
Visionnaire et engagé, Pierre Gay a initié dès 2001 une démarche unique en France : « Les Projets Nature » à l’occasion des 40 ans du parc. L’objectif ? Soutenir des actions concrètes de protection de la faune et de la biodiversité à travers le monde. En 2024, un montant record de 586 000 € a ainsi été versé par le Bioparc et son fonds de dotation à des ONG de terrain. Depuis plus de deux décennies, ce sont près de 5 millions d’euros qui ont été mobilisés pour financer une trentaine de « Projets Nature » dans plus de 20 pays, faisant du Bioparc le premier parc donateur de France, proportionnellement à son chiffre d’affaires. Ces fonds proviennent en partie des billets d’entrée (4% par billet), des dons spontanés, du soutien de partenaires et mécènes ainsi que d’autres parcs animaliers européens.
Parmi les résultats les plus marquants, Pierre Gay souligne l’exemple du Niger avec l’Association pour la Sauvegarde des Girafes : « En 2001, il n’y avait seulement que 78 girafes au Niger, aujourd’hui, il y en a près de 800. » Une illustration concrète des effets positifs à long terme des partenariats engagés. Fort de ce parcours, il confie avec émotion : « En repensant à tout ce que nous avons accompli en presque 25 ans, c’est juste incroyable. ». À travers ses actions de conservation, ses projets pédagogiques et ses collaborations aux quatre coins du globe, Pierre Gay a fait du Bioparc, aujourd’hui dirigé par son fils François, un parc précurseur en Europe en matière de protection de la nature. Une mission qu’il poursuit avec une énergie intacte, aujourd’hui reconnue au plus haut niveau de l’État.
Zoumari, la dernière-née des girafes
Comme un symbole, une girafe de Kordofan est née dans la nuit du 6 juin, peu de temps après la cérémonie de remise des insignes de la Légion d’Honneur de Pierre Gay. Cette petite femelle sera prénommée Zoumari en l’honneur du Colonel Zoumari, actuellement Directeur National de la faune, de la chasse et des aires protégées du Niger, qui collabore avec l’Association pour la Sauvegarde des Girafes du Niger (ASGN) depuis 25 ans