Vienne
Vienne : l’aide départementale de 200 euros pour les familles étrangères désormais limitée à trois mois

Depuis le 1er mai 2025, le Département de la Vienne a modifié les règles d’attribution de son aide exceptionnelle de 200 euros destinée aux familles étrangères sans ressources. Jusque-là versée de manière prolongée à près de 350 foyers, cette allocation ne sera désormais accordée que pour une durée maximale de trois mois. Les familles déjà bénéficiaires ont obtenu un mois supplémentaire pour anticiper cette coupure.
Une aide vitale pour des familles sans droits sociaux
Selon France Bleu, à Poitiers, Amadou, arrivé de Guinée il y a huit ans, vit sans titre de séjour avec sa femme et leurs cinq enfants. Il n’a accès à aucune aide sociale ni au marché du travail. Seuls les 200 euros mensuels du Département leur permettaient de subvenir aux besoins essentiels. « On fait du stock ici, ça nous aide beaucoup quand même », explique-t-il, en désignant quelques denrées dans sa cuisine. « J’ai un bébé de trois mois. Dès que j’ai l’aide, je vais directement à Leclerc pour acheter deux boîtes [de lait] », ajoute-t-il.
Depuis septembre dernier, cette aide avait déjà connu une baisse, passant de 250 à 200 euros. Pour Amadou, le couperet est tombé récemment, par l’intermédiaire de son assistante sociale : « C’était difficile. Mon assistante ne voulait même pas me le dire. »
Une inquiétude croissante du côté associatif
Emmanuelle Devaux, présidente de l’association 100 pour 1, qui héberge actuellement 36 familles dans la Vienne, observe avec inquiétude cette nouvelle limitation. « Pour les familles, c’est une catastrophe. C’est la dernière chose qui leur restait », souligne-t-elle. Elle redoute une pression accrue sur les associations caritatives locales, notamment les Restos du cœur, qui constituent pour certains le dernier recours.
« Pour les associations, ça va être une charge supplémentaire », prévient-elle, s’interrogeant sur la capacité de ces structures à absorber cette demande. Elle alerte également sur les risques liés à l’extrême précarisation : « Quand on met les gens dans une situation impossible, ils vont chercher par tous les moyens à survivre. »
Le Département invoque des impératifs budgétaires
La décision du Conseil départemental s’inscrit dans un contexte de rigueur financière. Rose-Marie Bertaud, vice-présidente en charge de l’Action sociale, justifie cette révision par des restrictions budgétaires imposées par l’État : « Les contraintes budgétaires du gouvernement nous ont obligés à faire des choix aussi difficiles. »
Elle précise que l’aide n’est pas supprimée, mais limitée dans le temps : « Pour les nouvelles familles, elle ne sera versée que trois mois. » Objectif affiché par l’exécutif départemental : dégager 300 000 euros d’économies par an.
Les acteurs de terrain craignent que cette mesure ne provoque une dégradation rapide des conditions de vie des familles concernées, qui vivent déjà à la marge des dispositifs d’aide.