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Projection-Rencontre à Angers avec Didier Lestrade qui a inspiré « 120 battements par minute »

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Crédit Thomas Baritaud – Didier Lestrade est cofondateur de l’association militante de lutte contre le sida, Act Up-Paris.

« 120 battements par minute« , réalisé par Robin Campillo, a obtenu le grand prix au Festival de Cannes cette année. Il raconte l’action menée par l’association de lutte contre le sida, Act Up-Paris durant les années 1990. Didier Lestrade cofondateur de l’organisation a effectué une projection-rencontre ce vendredi au cinéma « Les 400 coups » où il aborde toutes les thématiques que soulève le film. 

L’évènement de ce soir était avant tout adressé à ceux qui avaient déjà visionné le film de Robin Campillo. Mais il est aussi destiné aux personnes lesbiennes, gays, bisexuels et trans (LGBT) pour échanger avec le cofondateur d’Act Up-Paris, Didier Lestrade.

Ce dernier était déjà venu il y a quelques années pour parler de son vécu en tant qu’homosexuel, mais de manière plus généraliste. À « Les 400 coups », l’activiste est venu parler de Thibault – joué par Antoine Reinartz -, un personnage dont le réalisateur – lui-même militant très actif d’Act Up-Paris – s’est inspiré en long et en large de la personnalité de Didier à l’époque des premiers coups d’éclats d’Act Up-Paris.

Pour autant, le film n’est pas aussi bien vu par les anciens de l’organisation parisienne. « Certains ont vu en « 120 battements par minute« , un documentaire racontant l’histoire d’Act Up-Paris. Or, ce n’est pas le cas, c’est juste une fiction parlant de notre combat dans les années 1990. Cette histoire de l’épidémie du sida à cette période est méconnue du grand public et beaucoup de personnes rechignent à la connaître », souligne Stéphane Corbin, attaché de presse de Didier Lestrade.

« Certains films peuvent transformer la société »

Robin Campillo a voulu faire un film émouvant et le pari a été tenu. « Une fois le générique lancé, la musique se coupe et les spectateurs sont dans le noir. Il voulait rajouter de la gravité à son oeuvre. Le public a été ému par le film et je suis là pour en parler avec eux avec une touche d’humour », confie le cofondateur d’Act Up-Paris.

Cocréateur du magazine « Têtu » et journaliste dans plusieurs rédactions, Didier Lestrade se souvient de son passé de militant auprès l’organisation. « On a toujours été un peu « border line ». Mais l’épisode qui s’est déroulé en avril 1991 avec le menottage de Dominique Charvet – il dirigeait l’agence française de lutte contre le sida. La faiblesse de ses campagnes avait été dénoncée par l’association – était trop symbolique pour moi. Il y avait une ligne qu’il ne fallait pas dépasser. »   

Et « 120 battements par minute » souhaite renouveler un engagement militant français pour la cause LGBT. « Le film voulait stimuler cette réaction », assure l’activiste quinquagénaire. « Certains films peuvent transformer la société. Et on verra ce que cela va donner avec celui-ci », poursuit-il.

153 000 Français vivent avec le VIH en 2017

Il y a aussi un autre problème que soulève le film de Robin Campillo. C’est l’ignorance des personnes sur la question du sida et surtout sa méconnaissance. « Cela fait 15 ans que les médias ne parlent plus du VIH. Ils sont unanimes sur « 120 battements par minute« , car ils ont honte. Ils se sentent coupables d’avoir mis sous silence ce problème depuis le début des années 2000 pensant qu’il était réglé avec l’apparition des premières thérapies », dénonce Didier Lestrade.

Le XXIe siècle est marqué par l’hypersexualisation de la société. Et ce phénomène n’a pas échappé à personne. « C’est la faute des parents qui ne font pas leur travail. Ils renvoient sur Internet ou vers l’école, mais de toute façon ils vont comprendre seuls sur le web avec la pornographie. Ce manque d’éducation, c’est la faute de l’État. L’Éducation nationale n’a pas bougé d’un iota depuis les années 1990, elle a même reculé à cause de Sens Commun par exemple », pointe du doigt le cofondateur d’Act Up-Paris.

En 2017, le VIH c’est 153 000 Français vivant avec le sida et 25 000 qui ignorent qu’ils sont déjà séropositifs. Quasiment vingt ans avant, en 1996, 106 000 personnes possédaient le VIH en France. « On n’arrive pas à baisser le nombre de séropositifs. Il n’y a pas assez de dépistages. Pourtant, nous avons tous les instruments pour enrayer le virus. Tant qu’on n’arrivera pas à baisser la barre des 5 000, l’épidémie se maintiendra », alarme l’activiste.

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