Cholet
Feu d’artifice mortel à Cholet: prison requise contre l’artificier et l’organisateur

Des peines allant jusqu’à trois ans de prison, dont deux avec sursis, ont été requises jeudi à Angers contre l’artificier et l’organisateur, jugés avec d’autres prévenus pour homicides et blessures involontaires lors d’un feu d’artifice organisé en 2022.
Le soir du 14 juillet 2022, plusieurs projectiles étaient tombés au milieu de spectateurs à quelques dizaines de mètres du pas de tir, zone qui aurait dû être interdite au public. Le souffle de l’explosion avait tué un garçon de sept ans et sa sœur de 24 ans.
Leurs parents et le compagnon de la jeune femme ont été gravement blessés. Douze autres personnes ont aussi subi des blessures lors du feu d’artifice organisé par la ville de Cholet (Maine-et-Loire).
Le procureur de la République d’Angers Eric Bouillard a estimé dans son réquisitoire que l’artificier en chef n’avait « pas suivi les règles d’utilisation des bombes ». Outre la peine de prison, il a demandé à son encontre une interdiction d’exercer sa profession durant cinq ans.
Une peine de trois ans de prison dont un an ferme, aménageable, a également été requise contre le vice-président de l’association chargée de l’organisation du feu d’artifice. « Le seul à avoir avoué sa responsabilité », a souligné M. Bouillard.
Contre le maire de Cholet, Gilles Bourdouleix, deux ans de prison avec sursis et 20.000 euros d’amende ont été réclamés par le procureur, qui l’a désigné « responsable » de ce qu’il s’est produit.
Interrogé plus tôt devant le tribunal correctionnel, M. Bourdouleix a reconnu que l’absence d’arrêté municipal pour interdire la présence du public dans le périmètre de 150 mètres autour du pas de tir avait été « une erreur fondamentale ». Il a aussi concédé l’existence de « dysfonctionnements » dans l’organisation mais a assuré qu’il n’y avait pas eu « une faute de la mairie ».
A l’ouverture du procès lundi, le tribunal avait diffusé un reportage télévisé où Gilles Bourdouleix estimait que les spectateurs proches du pas de tir étaient « les premiers fautifs », s’attirant les foudres de plusieurs victimes venues témoigner.
« J’ai prononcé ces paroles le 15 juillet matin. Je n’avais pas dormi. Bien évidemment qu’on ne peut rien reprocher aux victimes », s’est expliqué jeudi le maire à la barre.
Une relaxe a été requise pour l’adjoint au maire en charge de la sécurité, Patrice Brault.
Des amendes de 50.000 et 30.000 euros et des interdictions d’exercice de cinq ans ont été réclamées contre la société pyrotechnique HTP (devenue Féérie) et Cholet Evénements.
La mère des deux défunts, Sandra Mandote, a redit jeudi sa « colère ». « Pour moi, vous êtes tous responsables », a-t-elle asséné.
« Il y a eu une série d’erreurs, d’imprudences, de manquements. (…) Il y avait aussi une désorganisation totale de la ville de Cholet », a dénoncé Me Pascal Rouiller, avocat de sept victimes dont le petit ami de la jeune femme décédée.
Le procès doit se poursuivre vendredi.
