Oléron : la visite d’une délégation russe provoque une mobilisation

Sur l’île d’Oléron, la venue d’une délégation russe ce lundi 24 novembre a suscité une réaction inédite. Depuis 10 heures, le cimetière de Saint-Pierre est entièrement fermé au public et les rues avoisinantes ont été sécurisées par arrêté préfectoral, une situation exceptionnelle pour la commune.

Manifestants évacués du secteur

Selon France 3, une cinquantaine de manifestants s’étaient rassemblés dans la matinée pour protester contre la présence de l’ambassadeur de Russie en France. Parmi eux, Michel Parent, président de la communauté de communes d’Oléron et maire de Château-d’Oléron, également évacué par les forces de l’ordre.
« Ce n’est pas neutre de le recevoir. Il est certainement nommé par Vladimir Poutine directement. Il incarne la politique du président russe. Je suis là pour dire non à ce qui se passe en Ukraine, à l’agression insupportable de Poutine, à la déstabilisation de l’Europe et du monde », a-t-il déclaré.
La mobilisation était soutenue par les Éditions libertaires et Oléron pour l’Ukraine. Leur rassemblement, initialement autorisé, a finalement été interdit par décision préfectorale. Les policiers ont retiré les pancartes et repoussé les manifestants pour éviter toute rencontre avec la délégation.

Une cérémonie officielle au cimetière de Saint-Pierre

La délégation russe, conduite par l’ambassadeur Alexey Meshkov et la cheffe du service culturel Natalia Khantsevich, est attendue pour un hommage aux soldats soviétiques morts lors de la libération de l’île en 1944. Un dépôt de gerbes doit avoir lieu sur leur sépulture.
Les journalistes présents sur place font face à un dispositif de sécurité renforcé, rendant incertain leur accès à la cérémonie.

Une histoire longtemps méconnue

Cette visite remet en lumière la présence d’une cinquantaine de soldats soviétiques sur l’île pendant la Seconde Guerre mondiale. Prisonniers enrôlés de force dans l’armée allemande, certains d’entre eux ont pris part à des actions de sabotage contre les positions nazies.
Début novembre 1944, Mikhaïl Ershov et Alexandre Kovalev détruisent des pièces d’artillerie dans les batteries des Huttes et de Grand-Village, avant d’être retrouvés morts après avoir tenté de fuir par la mer.
Le 24 novembre 1944, Vladimir Antonenko et Eugène Krasnoperoff font exploser le dépôt de munitions de la batterie de la Perroche-Saint-Séverin. Ils sont fusillés le 30 avril 1945, jour de la libération d’Oléron.
La tombe des quatre hommes, ornée de la faucille et du marteau, a été restaurée cette année grâce à des financements russes, dans le cadre du 80e anniversaire de la Libération.