Angers
À Angers, policiers et jeunes réapprennent à se parler
Dans le quartier de la Roseraie, l’action Prox’Raid Aventure continue de s’imposer annuellement. Entre ateliers sportifs, modules de prévention, et présence de la police, un objectif clair se dégage, celui de permettre aux jeunes de croiser les forces de l’ordre autrement pour retisser des liens de confiance.
“Changer les regards”, une priorité affichée
Depuis son lancement à la Roseraie il y a cinq ans, puis son extension à Monplaisir, Prox’Raid Aventure repose sur une conviction forte. « Dans certains quartiers, la relation entre la police et les jeunes peut être difficile. Ce que je veux, c’est une police de proximité, une police qu’on connaît et qu’on sait protectrice », Jeanne Behre Robinson, adjointe à la sécurité et à la prévention de la ville d’Angers.
Un approche qui passe aussi par le jeu, « C’est une autre manière de croiser la police, lorsque l’on a fait de la boxe ou du tir avec eux, on les regarde autrement. »
Un espace de rencontre loin des tensions
On le sait, la présence de l’uniforme peut effrayer ou rendre plus craintif, d’où l’importance de moments comme celui-ci. « La police doit être chez elle partout et avec tout le monde, et pour ça, il faut du lien », ajoute Jeanne Behre Robinson, « Quand on a déjà vu un policier dans un autre cadre, on est moins inquiet, moins sur la défensive. »
Pour permettre cela, des ateliers sont mis en place, et le programme change chaque année. Hier, c’était de la boxe, du tir laser, un parcours du combattant, du foot, mais pas que.« On a ajouté cette année un volet sécurité routière, parce qu’un jeune peut être victime ou auteur. C’est un axe que l’on développe beaucoup », rappelle Jeanne Behre Robinson.
Un atout très apprécié est encore et toujours présent: les chevaux. « Les enfants les adorent, ils sont à chaque fois impressionnés, c’est un formidable outil de médiation », explique l’élue.
Les enfants s’approchent, caressent, posent des questions : c’est l’idéal pour briser la glace et engager la discussion. « C’est aussi l’occasion d’expliquer pourquoi la police utilise des chevaux, comment elle patrouille dans les quartiers », finit-elle.
Un rendez-vous né dans l’urgence
Pour Jérôme, co-organisateur, l’initiative est née d’une urgence. « Ça a vu le jour il y a cinq ans, dans le quartier de la Roseraie, après des épisodes de violences urbaines très graves, où les jeunes et la police étaient constamment dans l’affrontement », rappelle-t-il.
C’est dans ce contexte qu’une réunion avec la maison de quartier Jean-Villar a servi de déclencheur. « On s’est demandé comment passer à l’action, comment pacifier les relations. »
Cinq ans plus tard, le policier constate des résultats tangibles. « Oui, il y a des changements. Les jeunes croisent les policiers qui participent à ces actions, ils les reconnaissent et ne voient plus dans l’uniforme un frein », affirme Jérôme.
Pour lui, cette familiarité transformée est l’une des grandes réussites qui doit désormais se pérenniser. « Une idée de durée ? Le plus longtemps possible », assure-t-il, « C’est important d’apporter toujours ce volet préventif, de génération en génération. »
Un rendez-vous volontairement rare
Malgré le succès, on parle de 400 à 450 personnes réunies dans le gymnase Jean-Villar en quatre heures, la ville ne souhaite pas multiplier les éditions. « C’est un rendez-vous, s’il a lieu trop souvent il perdra de son sens », insiste Jeanne Behre Robinson.
Organisée par le service de prévention de la Ville d’Angers et par l’association Prox’Raid Aventure, la prochaine étape sera sans doute une nouvelle édition à Monplaisir.