Sarthe
Grève massive en Sarthe : les agents de la fonction publique dénoncent le budget 2025
Ce jeudi 5 décembre, la Sarthe sera le théâtre d’une large mobilisation des agents de la fonction publique. Les syndicats appellent à la grève pour défendre les services publics et protester contre les mesures prévues dans le projet de budget 2025. Une réforme jugée pénalisante, notamment pour les agents territoriaux, qui multiplient les témoignages de mécontentement.
Éducation, santé, finances : des secteurs clés en mobilisation
Selon France Bleu, les enseignants, personnels hospitaliers, agents de La Poste et fonctionnaires des finances publiques seront nombreux à rejoindre les rangs des manifestants ce jeudi. Les syndicats dénoncent particulièrement deux mesures phares du budget 2025 :
- L’instauration de trois jours de carence pour les arrêts maladie, alignant la fonction publique sur le secteur privé.
- La réduction du remboursement des arrêts maladie de 100 % à 90 % pour les trois premiers mois d’un congé maladie.
Ces dispositions, perçues comme des atteintes au pouvoir d’achat et aux droits des agents, suscitent une vague d’indignation dans les différents corps de métier.
Les ATSEM, premières victimes des jours de carence
Karine Lelièvre, ATSEM à Saint-Mars-la-Brière depuis 11 ans, témoigne des conséquences directes de ces réformes sur sa profession. Chargée de l’accompagnement des enfants en maternelle, elle souligne l’exposition accrue des ATSEM aux maladies.
« On est au contact des enfants, donc on tombe plus facilement malades. Mais pour autant, on culpabilise énormément de prendre des arrêts, car on sait qu’on ne sera pas remplacées et que cela compliquera la tâche des enseignants », explique-t-elle.
Karine, qui manifestera au Mans ce jeudi, pointe les difficultés financières que ces jours de carence pourraient engendrer.
« Beaucoup d’ATSEM travaillent à temps partiel. Perdre trois jours de salaire, c’est très compliqué, surtout pour les femmes seules avec des enfants. »
Assistants sociaux : la double peine pour les malades
Dans le domaine de l’action sociale, les préoccupations sont similaires. Sylvie Paysan, assistante sociale depuis 30 ans au conseil départemental de la Sarthe, déplore une vision biaisée des arrêts maladie dans la fonction publique.
« On entend souvent qu’on abuse des arrêts, mais autour de moi, ce sont des burn-out, des épuisements professionnels, de véritables problèmes de santé. On ne se demande jamais pourquoi ces arrêts sont si fréquents. »
Sylvie a calculé l’impact financier des trois jours de carence et de la réduction des remboursements :
« Si je tombe malade, je vais perdre au moins 300 euros sur un mois. Et je n’ai pas 300 euros de marge. Quand on est en arrêt, on est déjà en difficulté, et là, on nous impose une double peine. »
Un cri d’alerte sur les conditions de travail
Pour Sylvie Paysan, cette mobilisation dépasse le simple rejet des nouvelles mesures. Elle incarne un ras-le-bol généralisé des agents de la fonction publique, confrontés à des années de sacrifices.
« Ça fait 30 ans que je suis fonctionnaire. Depuis 30 ans, on nous demande toujours plus d’efforts, on pointe les fonctionnaires comme responsables des problèmes économiques. On rogne sur nos conditions de travail, nos salaires, nos moyens. Stop, c’est trop. »