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L’État confie aux Archives départementales de Maine-et-Loire un manuscrit exceptionnel datant du XVe siècle

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L’État confie aux Archives départementales de Maine-et-Loire un manuscrit exceptionnel datant du XVe siècle

En amont de l’inauguration de l’extension des Archives du département, la Ministre s’est présenté le manuscrit enluminé du XVe siècle « Livre d’heures d’Anne de Melun » qui sera conservé au compte de l’Etat aux Archives Départementales, et signature de l’arrêté de donation.

C’est un manuscrit tout à fait exceptionnel qui vient officiellement de rejoindre les collections des Archives départementales de Maine-et-Loire. Un arrêté signé ce samedi à Angers par Roselyne Bachelot, ministre de la Culture, confie en effet aux Archives départementales le « livre d’heures d’Anne de Melun ».

Historique de la donation :
Le manuscrit qui rejoint officiellement les collections des Archives départementales de Maine-et-Loire est un « livre d’heures », c’est à dire un ouvrage dédié à la liturgie des Heures. Il a notamment appartenu à Anne de Melun, une bienfaitrice du XVIIe siècle. Cette dernière contribua en particulier à la fondation de l’Hôtel-Dieu à Baugé, en y investissant une partie de sa fortune.
En 2005, la congrégation des Hospitalières de Saint-Joseph fondée en 1636 à La Flèche, décide de confier ses fonds d’archives françaises aux Archives départementales de Maine-et-Loire. Parmi tous ces documents se trouve en particulier le « livre d’heures » d’Anne de Melun. Considérant que ce manuscrit concerne directement l’histoire de l’Anjou, la congrégation décide de le remettre définitivement à l’État français, pour être conservé aux Archives départementales de Maine-et-Loire.

Anne de Melun :
Anne de Melun est née princesse d’Epinay en 1619 à Wiers près de Mons. Elle consacra toute sa vie à soulager les malheureux. En 1649, après avoir été accueillie par les chanoinesses de Mons, elle s’installe à Baugé. Grâce à son dévouement, la ville de Baugé se vit dotée d’écoles chrétiennes et d’un hospice pour les malades, les orphelins et les pauvres. En 1652, Anne de Melun sauva du pillage sa cité d’adoption, en allant se jeter aux pieds de l’officier qui avait donné l’ordre de saccager et d’incendier la ville. Elle fonda un autre hospice à Beaufort en 1672. Elle mourut à Baugé le 13 août 1679 et fut inhumée dans l’hôpital qu’elle avait fondé.

La valeur patrimoniale et artistique du manuscrit :

Le livre d’heures d’Anne de Melun est un ouvrage de taille moyenne (23,5 x 16 cm) comptant 440 pages et qui peut être daté de la première moitié du XVe siècle (entre 1415-1435). Le calendrier qui ouvre le livre et les différents offices qui le composent, notamment l’office des morts, suivent les usages liturgiques du diocèse de Paris. Le calendrier est écrit en français. Les prières qui composent le reste du livre sont majoritairement en latin, mais plusieurs sont également en français.

Compte tenu de cette datation et de cette composition, Anne de Melun est la plus ancienne détentrice connue de ce livre, mais elle n’en est pas le commanditaire, et l’on ignore tout de l’histoire antérieure du manuscrit.

Plus que par son texte, c’est par ses enluminures que ce manuscrit est exceptionnel.
Il contient en effet 27 grandes peintures (de 10 cm sur 6) et 8 autres de taille moyenne.
De plus, 11 des grandes peintures sont accompagnées dans leur marge de petites scènes peintes.

Une analyse comparative permet d’identifier les peintres qui ont réalisé ces œuvres : tout d’abord le Maître de Rohan, qui compte parmi les plus grands peintres français de la première moitié du XVe siècle. Ensuite, son maître et prédécesseur, connu sous le nom de maître de Giac. Tous deux travaillent pour de grands commanditaires, comme Jean de Berry, Jean sans Peur duc de Bourgogne, et le futur roi de France Louis VII. Les deux peintres reçoivent par ailleurs les commandes des livres d’heures de la cour d’Anjou. Ils ont également réalisé à sa demande le plus ancien livre d’heures du roi René. Certains historiens pensent même que les deux peintres étaient installés à Angers sous la protection de Yolande d’Aragon.

En entrant dans le domaine public, cette œuvre va prendre place parmi une quarantaine de manuscrits de même époque attribués à ces mêmes artistes, actuellement conservés dans les plus grandes bibliothèques et musées du monde : en France (BNF, Bibliothèque Sainte-Geneviève, musée des arts décoratifs, Chantilly, etc) mais aussi en Europe (Londres, Cambridge, Oxford, Bruxelles, Copenhague), au Canada et aux Etats-Unis (Baltimore, Chicago, Harvard, Princeton).

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