Environnement

Cormorans abattus dans l’Orne : Une autorisation controversée déclenche l’indignation

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Au cœur de l’Orne, une commune se voit accorder le droit d’abattre des cormorans, pourtant une espèce protégée, suscitant une vive polémique. L’autorisation préfectorale délivrée en novembre 2023 au maire de Pervenchères soulève des questions sur la légalité de telles actions.

Peut-on légalement abattre des cormorans, espèce protégée, en toute légalité ? Oui, mais uniquement sous certaines conditions strictes et avec une autorisation préfectorale. En novembre 2023, le préfet de l’Orne a donné son aval au maire de Pervenchères, invoquant la classification en zone piscicole de l’étang en question. Une décision radicale, critiquée par la Ligue de protection des oiseaux (LPO).

« Cela ne sert à rien de les tuer. Ce sont des oiseaux hivernants, si vous en supprimez, un autre individu prend sa place. » indique Richard Grège, membre du conseil scientifique de la LPO Normandie au micro de France 3

Le dilemme de Pervenchères

Pervenchères, paisible village de 300 habitants au sud de Mortagne-au-Perche, voit son étang de deux hectares au centre d’une controverse. Suite à l’enrichissement de l’étang en poissons par une association de pêcheurs pour 3 000 euros, une colonie de cormorans s’y installe, créant un déséquilibre. « Je ne veux pas être envahi par une centaine de cormorans. Si on tire sur les oiseaux, c’est pour les effaroucher et non pas pour les tuer. » explique Marc Querolle, maire de Pervenchères

Le maire, Marc Querolle, se défend en affirmant que l’objectif n’est pas de tuer les oiseaux, mais de les effrayer pour protéger l’investissement de l’association de pêcheurs. Une seule personne, l’employé communal, est autorisée à tirer sur les cormorans à proximité de l’étang, et uniquement pendant la période de chasse.

Contestation de la LPO

Pour la Ligue de protection des oiseaux, abattre les cormorans n’est pas la solution. Richard Grège de la LPO Normandie propose des alternatives plus douces, telles que l’utilisation de balles à blanc ou l’ajout de gros branchages dans l’étang pour permettre aux poissons de se cacher.

« Plutôt que de tirer dessus, on pourrait utiliser des méthodes plus douces. Les balles à blanc, par exemple, pourraient effaroucher les oiseaux. On peut mettre aussi des gros branchages ou des petits arbres dans l’étang, pour que les poissons puissent se cacher et échapper aux cormorans, qui ont besoin d’espace dégagé pour pêcher. » souligne Richard Grège, LPO Normandie


Pou autant, Marc Querolle affirme avoir cherché des solutions alternatives, mais en vain. Les pétards sont temporaires, selon lui, et les filets seraient incompatibles avec l’activité piscicole de l’étang.

La LPO conteste depuis des années les régulations permettant la chasse aux cormorans, arguant du manque de preuves scientifiques suffisantes sur la menace de ces oiseaux pour les populations de poissons. Chaque arrêté préfectoral est contesté en justice par l’association.


La tension entre la protection des cormorans en tant qu’espèce protégée et les intérêts locaux de Pervenchères met en lumière des dilemmes écologiques. La quête de solutions alternatives persiste, alors que la LPO remet en question la validité des dérogations accordées depuis septembre 2022 dans les zones de pisciculture.

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