Justice

Des jeunes de la cité Gagarine, à Drancy, condamnés pour avoir vidé les fourgons d’artisans du Maine-et-Loire et de la Sarthe.

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Image d’illustration. / Crédit : Reuters / Eric Gaillard

La Juridiction interrégionale spécialisée de Rennes a condamné ce mercredi 17 janvier 2024 une bande de la cité Gagarine de Drancy (Seine-Saint-Denis) pour des centaines de vols commis en 2022 au préjudice d’artisans du grand Ouest, notamment à Angers (Maine-et-Loire), Le Mans (Sarthe), Tours (Indre-et-Loire), Saint-Bomer (Eure-et-Loir), Caudan et Campénéac (Morbihan).

Des « équipes à tiroirs » avaient en effet multiplié les « périples » partout en France : elles quittaient la Seine-Saint-Denis vers 22h30 le soir, dans des voitures spécialement louées pour l’occasion, pour gagner des agglomérations de province dans lesquelles ils enchainaient les effractions de fourgons et de lieux de stockage d’artisans, en perçant le plus souvent la carrosserie, afin d’y dérober du matériel électroportatif.

Concrètement, ce type d’objets dérobés est « la spécialité », « la tradition », voire même un phénomène « culturel » à la cité Gagarine de Drancy a-t-il été dit au procès de ces huit hommes âgés de 19 à 25 ans. Trois autres, âgés de 40 à 62 ans, étaient eux jugés comme leurs « receleurs ».

« Tout le monde fait ça, vous pouvez même trouver des personnes de 14 ans, de 46 ans », avait de lui-même précisé l’un des prévenus lors de l’enquête. Certains de leurs grands frères avaient d’ailleurs déjà été condamnés pour des faits similaires. Ces équipes s’organisaient donc « au fil de l’eau » et « au gré des rencontres » pour « monter aux casses » – même si certains sont « plus aguerris que d’autres », avait résumé la procureure.

ILS VOULAIENT ETRE RENTRES AU PETIT MATIN « POUR NE PAS ETRE BLOQUES DANS LES EMBOUTEILLAGES »

Il fallait tout de même « ne pas dépasser un rayon de deux ou trois heures de route » pour « arriver vers 1h du matin sur zone » , « profiter de ce que les artisans dorment » et finalement « être rentrés au petit matin pour ne pas être bloqués dans les embouteillages ».

Ensuite, le matériel électro-portatif des artisans était revendu parfois « au cul du camion » ou entreposé dans des box. Une « récolte quotidienne d’argent » était opérée pour rémunérer la filière informelle qui s’était mise en place dans la cité de Drancy : chauffeurs, guetteurs, perforateurs, accompagnateurs et guetteurs touchaient leur part du butin après la revente du matériel volé.

Pour écouler leurs stocks, ces jeunes pouvaient compter sur des receleurs œuvrant sur le « Marketplace » de Facebook et Le Bon Coin. Parmi eux, un retraité de Beauvais (Oise) a minimisé son rôle à l’audience, même s’il a concédé avoir toujours « aimé la magouille » comme son père.

Malgré de premiers jugements en comparution immédiate, les autorités n’étaient pas parvenues, dans un premier temps, à enrayer ce phénomène. D’abord suspectés d’avoir commis « plus de 300 vols », les prévenus ont finalement été formellement mis en cause pour la moitié des méfaits listés par les enquêteurs.

MANDAT D’ARRET POUR UN VENDEUR DES PUCES DE BAGNOLET

Ces derniers avaient donc mis les moyens pour les confondre : vidéosurveillance d’un box au Bourget (Seine-Saint-Denis) et d’un autre « dans un souterrain du quartier » à Drancy, écoutes téléphoniques, surveillances physiques… Certains protagonistes avaient ainsi été interceptés en « flagrant délit », au retour d’un « périple », en octobre 2022.

La procureure de la République avait donc requis des peines allant de six mois de prison avec sursis simple jusqu’à trois ans ferme pour le grand absent du procès, Moustapha XXX, un « receleur » présumé qui avait tout de même pris le soin de se faire représenter à l’audience par son avocat, Me Henry Ermeneux. Il est en fait introuvable et sous le coup d’un mandat d’arrêt depuis le 6 septembre 2023.

Ce vendeur aux Puces de Bagnolet (Seine-Saint-Denis) âgé de 50 ans a finalement été condamné à trente mois de prison ferme avec mandat d’arrêt, comme le réclamait le parquet de la JIRS de Rennes, tout comme trois de ses comparses.

Les autres ont écopé de peines allant de huit mois de prison avec sursis à trois mois de prison ferme. Huit ont été bannis de la Seine-Saint-Denis, et certains ont écopé d’amendes allant de 3 à 5.000 €. Une somme de 24.000 € et deux voitures ont aussi été saisies par la justice./CB

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