Justice
Le médecin accusé de « racisme » à Angers convoqué à Nantes devant la chambre disciplinaire

Le médecin généraliste d’Angers (Maine-et-Loire) qui avait fait la Une du Courrier de l’Ouest en novembre 2023 après avoir été accusé de « racisme » était invité à comparaître ce mercredi 22 janvier 2025 devant la chambre disciplinaire de l’ordre régional des médecins des Pays de la Loire.
Le Dr Patrice XXX se serait « subitement énervé » le 16 novembre 2023 et se serait livré à des « agressions verbales et physiques » à l’encontre de Fatima XXX : cette femme était venue solliciter le renouvellement d’une ordonnance pour son père « atteint d’un diabète de type 2 » et qui était alors « bloqué au Maroc », a-t-il été dit lors de l’audience publique.
« Vous, les Arabes, les Maghrébins, vous voulez toujours tout gratuitement », lui aurait-il lancé, avant de l’éconduire en lui disant qu’il ne « voulait pas de leur argent » alors qu’il n’était par ailleurs pas le médecin traitant de son père. Il aurait aussi « donné un coup de poing dans l’épaule » de Fatima XXX, avant que tous deux ne soit « séparés » par sa secrétaire.
Suite à ces faits, Fatima XXX a porté plainte au pénal et cette enquête est « en cours d’instruction » à ce jour. « Elle n’a pas eu de suites mais n’a pas été classée », a admis l’avocat de ce médecin généraliste qui exerçait boulevard Pasteur avant de prendre sa retraite. Une « conciliation » entre les parties a bien été tentée pour éviter que cette affaire ne passe devant la chambre disciplinaire mais elle a « échoué ». La plainte, que soutient le conseil départemental de l’ordre des médecins de Maine-et-Loire, a donc été examinée ce mercredi.
« CET ARTICLE DU COURRIER DE L’OUEST, C’EST UN PEU LA HONTE »
L’avocat du Dr Patrice XXX a maintenu, en l’absence de son client, que la plaignante avait demandé au Dr Patrice XXX de « commettre un acte illégal ». « Un renouvellement d’ordonnance ne peut être fait après plus de six mois sans avoir examiné le patient », a-t-il dit aux médecins qui composent la chambre disciplinaire.
L’attitude « incongrue » et « pas agréable » de cette femme a aussi mis « de mauvaise humeur » cet homme qui « aime profondément la médecine » et dont « deux enfants sont médecins ». « Elle est ressortie, puis est revenue au téléphone avec sa sœur en vociférant pour avoir un témoignage oral… Il l’a donc fichue dehors », a recontextualisé l’avocat. « Parfois on est un peu surmené et un peu énervé : moi-même je l’ai fait il y a trois semaines avec un homme qui ne cessait de revenir. »
Les « injures racistes » dont se plaint cette femme « plantureuse », qui « parle fort » et qui n’est « pas très facile » sont enfin « tout à fait contestées et pas caractérisées ». « Mon client aimerait finir sa carrière sans élément négatif après quarante-quatre ans de carrière sans l’ombre d’une difficulté », estime l’avocat. « Cet article du Courrier de l’Ouest c’est un peu la honte : c’est un peu pénible d’être soumis à la vindicte populaire en première page… Il veut donc être rétabli dans son honneur. »
« Une carrière presque sans encombres », l’a toutefois corrigé le président de la chambre disciplinaire. « Votre client a déjà fait l’objet d’une plainte devant cette chambre, même si elle a penché en sa faveur. » Un de ses assesseurs a aussi fait observer que le médecin n’avait pas jugé nécessaire de faire témoigner sa secrétaire, qui aurait « séparé » l’altercation. La plaignante et le conseil départemental de l’ordre des médecins de Maine-et-Loire n’étaient pour leur part pas présents à l’audience. Une absence que « regrette » le président « compte-tenu des faits reprochés ». La chambre disciplinaire de l’ordre régional des médecins des Pays de la Loire rendra sa décision dans plusieurs semaines./GF