Orne

Appendicectomie compliquée : l’hôpital de L’Aigle condamné à indemniser un patient

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Un ancien patient du centre hospitalier de L’Aigle (Orne) a obtenu gain de cause devant la justice après avoir subi de graves complications à la suite d’une appendicectomie. L’homme, alors âgé de 42 ans, avait été admis le 29 décembre 2015 pour une opération de l’appendicite. Si l’intervention s’était déroulée le jour même, les suites avaient été difficiles et douloureuses, marquées par une infection sévère.

Selon Actu.fr, quelques jours plus tard, le 6 janvier 2016, le patient était retourné aux urgences, souffrant de fortes douleurs abdominales. Deux jours après, une nouvelle intervention chirurgicale avait été nécessaire pour traiter un hématome surinfecté.

Un enchaînement d’opérations

L’état du patient ne s’améliorant pas, sa famille avait demandé son transfert au CHU de Caen. Sur place, les médecins avaient rapidement diagnostiqué un choc hémorragique interne massif et brutal. Une nouvelle opération d’urgenceavait été réalisée le 15 janvier 2016 afin d’évacuer un abcès intra-abdominal.

Malgré cela, le patient subissait une semaine plus tard un nouveau choc hémorragique nécessitant une autre intervention. Il n’avait pu regagner son domicile que le 8 février 2016, après plusieurs semaines d’hospitalisation.

Une prise en charge jugée défaillante

Huit jours après son retour, il était de nouveau hospitalisé au CHU de Caen jusqu’au 3 mars 2016, sous traitement antibiotique. Un an plus tard, il devait encore subir une intervention pour une hernie inguinale, conséquence de ses complications post-opératoires.

Face à cette succession d’épisodes médicaux, le quadragénaire avait saisi la Commission de conciliation et d’indemnisation (CCI) de Normandie, qui avait pointé un défaut de prise en charge de l’hémorragie par l’hôpital de L’Aigle. Selon l’analyse de la CCI, ce manquement avait entraîné une perte de chance d’éviter une infection profonde, estimée à 75 %, les 25 % restants relevant d’un aléa médical devant être indemnisé par l’ONIAM (Office National d’Indemnisation des Accidents Médicaux).

Une indemnisation jugée insuffisante

Le patient, qui réclamait 200 000 euros, avait refusé l’offre d’indemnisation de 1 000 euros proposée par l’hôpital et celle de 4 200 euros de l’ONIAM. Il avait alors saisi le tribunal administratif de Caen, réclamant 156 000 euros à l’établissement hospitalier et 52 000 euros à l’ONIAM.

Dans son jugement rendu le 6 décembre 2024, le tribunal a reconnu que si l’hémorragie n’était pas en elle-même fautive, son ampleur dès les premières 24 heures aurait dû alerter l’équipe médicale. Les juges ont également pointé un retard de diagnostic et de prise en charge, aggravé par l’absence de scanner entre le 8 et le 11 janvier 2016, malgré des symptômes inquiétants : douleurs persistantes, absence de transit et écoulement sanguinolent noirâtre.

Une condamnation pour faute

Le tribunal administratif a estimé que la prise en charge du patient ne respectait pas les règles de l’art médical et que l’aggravation de son état était bien liée à ce retard de diagnostic et de traitement. Même si une prise en charge plus rapide n’aurait pas totalement évité l’hématome et l’infection, elle aurait pu réduire leur impact.

L’hôpital de L’Aigle et l’ONIAM ont ainsi été condamnés à verser chacun 22 000 euros au patient. L’hôpital devra en outre rembourser près de 49 000 euros à la MSA Mayenne-Orne-Sarthe, qui avait pris en charge une partie des frais médicaux. Enfin, les deux entités devront verser 2 000 euros supplémentaires pour couvrir les frais de justice du plaignant.