Vendée

Un habitant d’Angers ne veut pas que la statue d’Ulysse vienne gâcher aux Sables d’Olonne « la vue splendide » qu’il a sur la mer depuis sa résidence secondaire

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Un investisseur immobilier d’Angers (Maine-et-Loire) a demandé à la juge des référés du tribunal administratif de Nantes, ce mardi 23 avril 2024, de suspendre en urgence l’arrêté préfectoral qui a autorisé le 9 février 2024 la statue géante du héros antique Ulysse à « occuper temporairement le domaine public » dans la baie des Sables d’Olonne (Vendée).

Cette statue en bronze de « 750 kg » est en fait voulue par le maire (ex-LR) Yannick Moreau, qui compte la faire implanter « d’ici la fin du mois de mai » sur « un socle en béton ancré dans les rochers » avant le passage de la flamme olympique dans sa ville, a expliqué l’avocat de Pierre XXX.

Mais ce dirigeant d’entreprises qui vit boulevard de Strasbourg, à Angers, redoute lui que cette « verrue » située « à 109 mètres » de son appartement, dans la résidence des Roches-Noires aux Sables d’Olonne, ne vienne gâcher « la vue splendide et extraordinaire » qu’il a sur la mer. Ce « contribuable local » s’émeut aussi du « coût » de cette « entreprise municipale totalement inappropriée » sur les finances locales : il est évalué « entre 150.000 et 200.000 € » par la ville. Il demande aussi 2.500 € à la préfecture de la Vendée pour ses frais de justice.

Me Louis Yarroudh-Feurion a rappelé sur ce point que le Département des Hautes-Alpes avait ainsi renoncé au passage de la flamme olympique sur son territoire car « cela coûtait la bagatelle de 180.000 € pour présenter un projet qui soit accepté » par le CIO et que cela allait in fine « appauvrir le contribuable ». « Il y a donc un double enjeu de finances publiques mais aussi d’écologie : ce n’est pas une statue mais une verrue qui va venir abîmer de façon pérenne la côte sablaise », considère l’avocat de Pierre XXX.

UNE STATUE QUI N’A « RIEN DE TEMPORAIRE »

« Dans ce dossier, on consulte tout le monde, sauf les bonnes personnes : l’architecte des Bâtiments de France (ABF) ne l’a pas été, alors que cette statue sera située à moins de 500 mètres de la Villa Sans-Souci, classée Monument historique depuis 1988″, a encore ajouté Me Louis Yarroudh-Feurion à propos de cette décision « viciée » contre laquelle « 2.600 personnes » ont signé une pétition. « Le préfet n’applique pas à lui-même les règles de l’Etat de droit… C’est très cavalier. »

La statue d’Ulysse va surtout être implantée « à l’aide de micro-pieux de 1,50 mètre » de profondeur dans le banc rocheux, et « rien n’est évoqué » sur ce point dans l’arrêté préfectoral litigieux. « Il en va de la protection du littoral, cet écrin que tout le monde aime – peut-être pas le préfet de la Vendée et pas le maire des Sables d’Olonne », a grincé l’avocat.

« Pour la culture juridique des maires et des préfets de la Vendée, ils auraient dû demander l’autorisation du Comité international olympique, dès lors qu’ils rattachent cette statue aux Jeux olympiques », a-t-il même fait savoir à la juge nantaise avant que cette dernière ne l’invite à « ne pas s’éloigner du sujet ».

Mais « le maire le dit dans la presse locale, et même dans la presse nationale : cette statue a vocation à durer dans le temps, elle n’a rien de temporaire », a insisté Me Louis Yarroudh-Feurion. « En quoi cette statue qui fait référence à l’Antiquité grecque va œuvrer au rayonnement des Sables d’Olonne ? Le personnage d’Ulysse n’a absolument aucun rapport avec l’identité historique de la ville ! »

UN DOSSIER « ATYPIQUE MAIS QUI NE PRESENTE PAS DE DIFFICULTE »

La représentante de la préfecture de la Vendée a pour sa part simplement rappelé que la statue d’Ulysse serait implantée « pas sur une plage mais sur une zone rocheuse qui n’est pas adaptée à la baignade ». « Les surfeurs ne s’y aventurent pas », a complété Me Wistan Plateaux (Publi-Juris), l’avocat de la ville des Sables d’Olonne dans ce dossier « atypique mais qui ne présente pas de difficulté » sur le plan juridique. Il était accompagné à l’audience d’Armel Pécheul, adjoint au maire des Sables d’Olonne et professeur agrégé de droit public à Angers.

L’avocat de la municipalité a aussi assumé que la ville « donne une certaine impulsion » à cet « événement historique » que constitue le passage de la flamme olympique, et a tenu par ailleurs à dissiper « les doutes » que la juge nantaise pourrait avoir à propos de « la controverse » que le propriétaire de cette « résidence secondaire » a « essayé de trouver sur les micro-pieux » qui vont être implantés dans le plateau rocheux. « Si doute il devait y avoir, ces travaux présentent un caractère limité », a rassuré sur ce point Me Wistan Plateaux.

L’avocat estime au demeurant que l’investisseur angevin n’a « pas d’intérêt à agir » contre cette décision du préfet de la Vendée, en dépit du fait qu’il possède un appartement dans la résidence des Roches-Noires. « Cela voudrait dire que n’importe quel habitant du remblai pourrait introduire un recours contre ce type de décision, soit la grande majorité de la ville, alors qu’il n’est concerné que par un micro-impact visuel… Or, votre jurisprudence est très stricte sur ce sujet », a souligné Me Wistan Plateaux.

L’architecte des Bâtiments de France a au demeurant donné un « avis oral » préalable avant que le préfet ne donne son feu vert, certifie l’avocat de la ville des Sables d’Olonne. En tout état de cause, le périmètre du Site patrimonial remarquable (SPR) des Sables d’Olonne a été annulé par le même tribunal administratif de Nantes puis la cour administrative d’appel de Nantes, a rappelé Armel Pécheul… La juge, qui a mis sa décision en délibéré, rendra son ordonnance « en fin de semaine »./GF

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