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1er mai. Un défilé très politique terni par des violences

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Des incidents ont émaillé dimanche les traditionnels rassemblements du 1er-Mai, principalement à Paris où des pompiers ont été pris à partie et des magasins vandalisés, brouillant les appels au « troisième tour » politique et social des oppositions contre le président réélu Emmanuel Macron.

Au total, 16.500 personnes ont manifesté en France, dont 24.000 à Paris, selon le ministère de l’Intérieur. La CGT a revendiqué « plus de 210.000 » manifestants dans le pays.

Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a dénoncé sur Twitter des « violences inacceptables » de la part de « casseurs » français et étrangers et de « l’ultra-gauche ».

Sur BFM TV, le ministre a déploré « huit blessés parmi les forces de l’ordre et les pompiers ». Il a fait état dans la soirée de 54 arrestations, dont celle d’une femme qui s’en est prise à un pompier.

Fait rare, les pompiers de Paris se sont indignés sur leur compte Twitter d’une agression contre l’un des leurs qui tentait d’éteindre un feu de palettes en marge du défilé parisien, qui reliait la place de la République à celle de la Nation.

« Cela suffit! Honte à la sauvagerie », peut-on lire dans ce tweet qui dénonce un acte « incompréhensible ».

Sur des images diffusées sur les chaînes de télévision et les réseaux sociaux, on voit la manifestante portant un casque tenter de saisir la lance à eau du pompier et, n’y parvenant pas, lui asséner des coups sur la tête.

Des affrontements avaient éclaté dans l’après-midi en tête de cortège entre des manifestants vêtus de noir, tenue habituelle des « black blocs », et les forces de l’ordre, qui ont répliqué notamment par des jets de fumigènes.

Des vitrines de magasins ont été brisées, taguées, et du mobilier urbain a été saccagé.

Des casseurs, qui scandaient des slogans « anti-capitalistes », se sont notamment attaqués à des agences immobilières situées boulevard Voltaire dans le XIe arrondissement, ont constaté des journalistes de Reuters sur place.

Le chef de file de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a regretté sur Twitter des « violences parasites » qui « invisibilisent la marche des syndicats et servent la propagande à nos pires adversaires », accusant implicitement le préfet de police de Paris, Didier Lallement, d’avoir laissé faire.

Gérald Darmanin a dit sur Twitter déplorer « le double langage et l’ambiguïté de M. Mélenchon », qui n’a « pas eu un mot pour les policiers, gendarmes et sapeurs-pompiers qui ont subi aujourd’hui des violences inadmissibles ».

MELENCHON BAT LE RAPPEL

Dans les slogans des milliers de manifestants pacifiques, à Paris et dans plusieurs villes de province, résonnait encore l’écho de l’élection présidentielle.

Ce 1er-Mai, une semaine après la réélection d’Emmanuel Macron, constituait un tour de chauffe pour les formations politiques d’opposition et les organisations syndicales qui appellent le président à entendre la grogne populaire, alimentée par la question lancinante du pouvoir d’achat mais également par le projet controversé du chef de l’Etat de porter l’âge légal de la retraite à 65 ans.

Avant le départ du cortège parisien, Jean-Luc Mélenchon a exhorté les autres formations de gauche et les écologistes à rejoindre sans tarder son « Union Populaire » afin de dégager une majorité opposée à Emmanuel Macron à l’Assemblée nationale.

Le Parti communiste a jugé samedi les propositions de LFI insuffisantes, le Parti socialiste ayant lui-même suspendu la veille les discussions sur une alliance.

« Je ne comprends pas pourquoi les camarades du Parti communiste ont annoncé ce matin qu’ils se retiraient des négociations. Je forme le voeu qu’ils reviennent vite », a déclaré le député des Bouches-du-Rhône, se déclarant néanmoins optimiste sur la conclusion d’une union de la gauche.

« Nous sommes à quelques millimètres de nous entendre tous », a-t-il assuré en marge du défilé.

« Le sujet c’est de savoir si on se donne pour objectif la victoire », a ajouté Jean-Luc Mélenchon, qui se voit dans cette hypothèse comme le Premier ministre de cohabitation d’Emmanuel Macron.

Olivier Faure, le premier secrétaire du PS, a déclaré dimanche sur France Inter souhaiter cette union de la gauche, reconnaissant toutefois des divergences et récusant notamment le terme de « désobéissance européenne » utilisé par LFI pour contester la politique de Bruxelles.

A quelques dizaines de mètres de Jean-Luc Mélenchon, des militants LFI brandissaient une banderole appelant à élire des députés avec pour programme « Blocage des prix, retraite à 60 ans, Smic à 1.400 euros ».

CONTRE-POUVOIR

« Tous les 1er-mai sont importants depuis que (…) la gauche n’est plus au pouvoir pour moi » déclare Pascale Priami, une retraitée de 69 ans qui dit ne rien attendre de positif du second quinquennat d’Emmanuel Macron.

Joshua Antunes, un étudiant de 19 ans, abonde dans ce sens.

« Je pense que c’est important de montrer à Macron, et même à l’ensemble du monde politique, qu’on est prêt à se mobiliser pour défendre nos acquis sociaux », observe-t-il, dénonçant également « l’inactivité » du chef de l’Etat en matière d’environnement.

A l’autre extrémité de l’échiquier politique, Marine Le Pen, candidate Rassemblement national (RN) battue par Emmanuel Macron au second tour de l’élection présidentielle, espère également tenir sa revanche les 12 et 19 juin prochains.

« Vous aurez le choix entre des députés soumis à Emmanuel Macron qui feront passer aveuglément toutes ses décisions sans contre-pouvoir, et les députés qui soutiennent mon projet et mes valeurs pour la France », a-t-elle déclaré dans une vidéo postée sur son compte Twitter.

Marine Le Pen avait exceptionnellement laissé cette année à Jordan Bardella, président du RN par intérim, le soin de déposer dans la matinée la traditionnelle gerbe de fleurs devant la statue de Jeanne d’Arc à Paris.

Ce dernier a répété à cette occasion que le RN présenterait des candidats dans toutes les circonscriptions, rejetant ainsi une nouvelle fois les appels à l’union de Reconquête!, le mouvement d’extrême droite de l’ancien journaliste Eric Zemmour.

Sur le front syndical, Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, a estimé que le chef de l’Etat devrait être à l’écoute de la population, ayant été selon lui élu sans réelle adhésion.

« Il est essentiel qu’il ne fasse pas semblant d’écouter mais qu’il réponde par des actes aux attentes des citoyens et au monde du travail », a-t-il indiqué lors d’un entretien cette semaine avec Reuters.

Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, la première organisation syndicale du pays, a également appelé de son côté Emmanuel Macron à organiser un « grand rendez-vous social » afin d’associer le plus grand nombre aux décisions.

(Reportage Noémie Olive et Sarah Meyssonnier, rédigé par Jean-Michel Bélot et Sophie Louet)

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