Angers
Angers : un chantier solidaire qui change durablement des vies avec le programme Bhuild

Le chantier d’une résidence étudiante à Belle-Beille, à Angers, vient d’être terminé par Bouygues bâtiment à travers le programme d’insertion Bhuild.
Bouygues Bâtiment Grand Ouest a lancé en 2024, en partenariat avec plusieurs acteurs locaux, un programme d’insertion original baptisé Bhuild. Il permet à des réfugiés politiques mais aussi des personnes en précarité, d’apprendre un métier et de s’insérer durablement dans la société. Reportage sur un chantier qui mise autant sur l’humain que sur le béton.
Une résidence étudiante, et bien plus encore
Bouygues construit actuellement deux résidences étudiantes à Angers, boulevard Lavoisier. Au total : 364 chambres pour le CROUS, réparties sur deux sites, un tiers-lieu, et une livraison prévue entre avril et juin 2025. Mais au-delà des murs, ce chantier incarne une démarche sociale inédite.
C’est ici qu’a été mis en place Bhuild, un programme d’insertion co-construit avec l’agence d’intérim d’insertion Humando, Aldev (l’agence de développement économique d’Angers Loire Métropole), Angers Mob Services et d’autres partenaires. Sa cible : des réfugiés politiques ou des personnes en situation de grande précarité, souvent éloignés de l’emploi, à qui l’on propose un parcours de formation et un vrai tremplin professionnel.
Une réponse concrète au manque de main-d’œuvre
Le bâtiment recrute, mais peine à trouver des bras qualifiés. Pour Thomas Lesage, directeur de production Pays de la Loire chez Bouygues Bâtiment Grand Ouest, « ce projet est une solution innovante qui nous permet de transmettre notre savoir et d’augmenter nos effectifs ».
Entre 2024 et 2026, l’entreprise prévoit de recruter 100 compagnons dans la région, dont 31 en 2024 et 35 cette année. L’objectif est ambitieux : 250 compagnons recrutés au total dans l’Ouest. Le tout, en misant à la fois sur l’alternance, les CDI, l’intérim et l’insertion.
Le programme Bhuild
Le programme Bhuild (pour Bouygues Humando Inclusion Langue Diversité) permet à des réfugiés politiques d’apprendre le métier de coffreur-bancheur. En 2024, 10 personnes ont démarré un parcours de 13 mois, avec 3 mois de formation théorique et linguistique, puis 10 mois de travail sur les chantiers, entre Angers et Nantes.
Chaque participant bénéficie d’un tuteur chez Bouygues, comme Sylvain Bonneau ou Sébastien Meuray. « Ils apprennent très vite. Leur motivation est impressionnante », témoigne Sylvain Bonneau. La formation comprend aussi un accompagnement sur le français et la vie quotidienne, avec le soutien d’Angers Mob Services, qui met à disposition un véhicule pour faciliter les déplacements.
Saraj et Aminullah : deux parcours, un même espoir
Parmi les bénéficiaires du programme, Saraj et Aminullah, tous deux réfugiés afghans, incarnent cette réussite. Saraj, 23 ans, a quitté l’Afghanistan, à 15 ans, après la mort de son père en 2017. Passé par l’Iran, puis la Turquie, il est arrivé en France en 2022. Aujourd’hui, il travaille sur le chantier d’Angers et envisage un avenir durable dans le bâtiment dans la société Bouygues.
Aminullah, lui aussi Afghan, est arrivé la même année. Après des expériences en peinture et maçonnerie, il intègre Bhuild en avril 2024. Cette formation lui a permis non seulement de progresser professionnellement, mais aussi de faire venir sa femme et ses deux enfants à Angers début avril.
Une dynamique collective
Le programme Bhuild repose sur une mobilisation d’acteurs publics et privés. « Nous sommes là pour recruter des personnes vraiment motivées, et créer un impact durable », affirme Renaud Lebel, directeur de l’agence Humando à Angers.
Francis Guiteau, administrateur d’Angers Loire Habitat, et Aldev, garant de la clause d’insertion sur le territoire, saluent une démarche « vertueuse, humaine et économiquement efficace ». En 2024, plus de 74 790 heures d’insertion ont été réalisées sur les chantiers de l’entreprises. À titre de comparaison, l’ensemble du territoire d’Angers Loire Métropole comptabilisait 426 561 heures d’insertion cette même année, soit l’équivalent de 265 emplois à temps plein.
Une pierre, deux coups
Grâce à ce type de dispositifs, Bouygues répond à ses besoins de main-d’œuvre tout en s’engageant socialement. « On fait d’une pierre deux coups : insertion et formation », résume Thomas Lesage.
Et même si tous les Bhuilders ne poursuivent pas le programme (4 sur 10 ont arrêté), les six autres sont aujourd’hui en chantier, encadrés et intégrés, avec des lettres d’intention d’embauche à la clé. Un modèle qui pourrait bien inspirer d’autres entreprises du territoire.
Simon Apokourastos