Angers
À Angers, la 25ème Marche des Fiertés s’annonce politique, inclusive et résolument militante

Baptiste LeBlond à gauche, responsable de Contact 49, Ludovic Heuzé, co-président de Quazar, Stéphane Corbin à sa droite, coordinateur de Quazar et Xavier Dupeyroux, porte parole de la CGT ont organisé la 25ème Marche des fiertés qui aura lieu ce samedi 17 mai. Angers Info.
Samedi 17 mai, les rues d’Angers accueilleront la 25ᵉ édition de la Marche des Fiertés. Cette année encore, l’événement veut être festif mais aussi profondément engagé, face à la montée des discours haineux, notamment de l’extrême droite. Associations, syndicats, citoyens et citoyennes se mobilisent.
Un village des fiertés dès 11h
Installé place François-Mitterrand dès la fin de matinée, le village associatif réunira une vingtaine de structures locales et nationales. Associations LGBTI+, syndicats, collectifs militants, commerces alliés. Tous seront là pour accueillir, informer et échanger.
Un Pride Café avec bar et restauration, des animations musicales, des stands de prévention (notamment contre le VIH) ou encore des tests de dépistage gratuits seront proposés tout au long de la journée. La scène musicale battra son plein dès 16h, après la marche, et une soirée officielle au Chabada viendra clore la fête. Les réservations sont ouvertes pour y participer.
Une marche engagée dans un contexte tendu
Le cortège partira à 14h, avec un nouveau parcours pour tenir compte des aménagements urbains. Prise de parole traduite en LSF (langue des signes) place du Ralliement, chars sonorisés, slogans et messages forts accompagneront les manifestants tout au long du trajet. De 2 000 à 4 000 personnes sont attendues.
Mais au-delà de la fête, c’est bien un combat politique qui anime les organisateurs. « Quand on voit les reculs dans certains pays, on reste toujours en lutte et en résistance », affirme Ludovic Heuzé, référent de la Pride et coordinateur au centre LGBTI+ Quazar. Face à l’extrême droite, les associations redoutent une régression des droits acquis. « Si elle accède au pouvoir en 2027, nos subventions pourraient être supprimées », alerte Baptiste Leblond, chargé de la communication de Quazar.
L’extrême droite dans le viseur
Les organisateurs ne cachent pas leurs inquiétudes, violences verbales, attaques sur les réseaux sociaux, agressions dans l’espace public. Xavier Dupeyroux, porte-parole de la CGT 49, s’insurge, « des camarades font l’objet de campagnes virulentes. La montée de l’extrême droite nous fait peur. » À Nice, à Angers, ou ailleurs, la vigilance est de mise.
Si le service de sécurité interne est renforcé, la présence policière sera également assurée. « On ne craint rien de plus que les autres années, mais on reste prudents », tempèrent les organisateurs. Les souvenirs d’une tentative d’intrusion du groupuscule Némésis ou encore d’une contre-manifestation organisée par un rassemblement d’ultra droite pour interdire le mariage pour tous, restent dans les esprits.
Des enjeux de santé encore trop négligés
Prévention contre le VIH, lutte contre les IST, accès à l’éducation à la sexualité, les revendications sanitaires sont aussi au cœur de la marche. « Les chiffres de contamination ne baissent pas », souligne Ludovic Heuzé. Et dans les établissements scolaires, les associations constatent un désengagement sur ces sujets.
Quazar propose des interventions dans les collèges et lycées, sur l’homophobie, les identités de genre, le consentement. Dans leurs locaux, on trouve du matériel de réduction des risques, et un espace d’écoute pour toutes les générations. « Des personnes de 60 ans viennent nous voir pour leur transition. La question trans, ça touche de 6 à 70 ans », confie Ludovic.
Vivre sereinement en milieu rural
La Pride angevine n’oublie pas les territoires moins visibles. « Les campagnes sont touchées par les discriminations, les injures, les agressions. On veut aller à la rencontre des ruralités », explique Stéphane Corbin, coordinateur de Quazar. Contrairement aux clichés, les zones rurales abritent aussi des alliés, des familles ouvertes et des membres de la communauté LGBTI+ en quête de reconnaissance, explique-t-il aux oreilles d’Angers Info.
Une marche, une mémoire et un message
La Pride n’est pas qu’une fête, elle est une mémoire et un rappel. « Elle commémore une révolte », rappellent les organisateurs. Celle de Stonewall, portée par des personnes trans, racisées, marginalisées, qui ont osé s’opposer à la répression policière en 1969.
Aujourd’hui encore, derrière les paillettes et les chars, la Pride porte un message clair : l’égalité n’est pas acquise. Et face aux menaces, elle reste un acte de résistance politique et sociale.
Simon Apokourastos