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Nuits sous tension à Angers : les policiers exigent quatre Officiers de Police Judiciaire supplémentaires

Une mobilisation symbolique mais urgente : ce mercredi 14 mai à midi, les policiers enquêteurs d’Angers se sont rassemblés devant leur commissariat pour dénoncer une situation de crise profonde au sein des services d’investigation. À l’initiative du syndicat majoritaire Alliance Police Nationale CFE-CGC, cet appel à l’unité vise à faire entendre une réalité que les autorités connaissent déjà, mais selon les policiers, refusent de prendre en compte.
Un seul OPJ pour 300 000 habitants : l’alerte est donnée
Le secrétaire départemental d’Alliance Police, Jérôme Hanarte, décrit une situation devenue insupportable : « Certaines nuits, il n’y a qu’un seul Officier de Police Judiciaire (OPJ) pour couvrir l’ensemble de la circonscription d’Angers. C’est inconcevable. »
Un service qui devrait fonctionner avec trois enquêteurs se retrouve, trop régulièrement, réduit à sa plus simple expression.
Depuis plusieurs mois, le groupe d’appui judiciaire de nuit est en grande difficulté. Malgré les multiples alertes lancées à la direction et au préfet, rien ne semble changer. « Sur les deux groupes de nuit, il manque quatre enquêteurs. Nous le signalons depuis des mois, en vain. Aujourd’hui, on nous annonce le renfort d’un seul effectif… mais seulement pour septembre 2025. C’est bien trop tard et totalement insuffisant. »
Enquêteurs sous pression, système à bout de souffle
Les enquêteurs de jour ne sont pas épargnés. Le nombre de dossiers explose, les outils sont obsolètes, et la surcharge procédurale devient chronique, selon l’intersyndical. À cela s’ajoute un désintérêt croissant pour l’investigation, lié à une absence de reconnaissance et de perspectives. « L’investigation est en souffrance. L’absence d’attrait, le manque de volontaires, la lourdeur des procédures… Tout cela pèse. Et au lieu d’apporter du soutien, la hiérarchie infantilise les agents en souffrance », déplore Jérôme Hanarte.
Une gestion administrative décriée
La réponse de la direction à cette crise interpelle. Pour pallier les absences cet été, deux enquêteurs pourraient être désignés par tirage au sort pour renforcer les services entre juin et août. « Ce n’est pas la Française des Jeux ! On parle de policiers, de professionnels en première ligne. On ne règle pas une crise par une loterie », s’insurge le syndicat.
Pour les représentants des forces de l’ordre, cette méthode révèle surtout un manque de vision à long terme, alors que les signes d’essoufflement sont visibles depuis des mois.
Une mobilisation intersyndicale pour dire « stop »
La situation n’est plus tenable. Selon les syndicats, l’ensemble du système judiciaire local est en train de s’effondrer, au détriment des policiers comme de la population. À terme, c’est la qualité du service public de sécurité qui est en péril. « Si on est déjà dans cette situation en mai, que va-t-il se passer cet été ? Et à la rentrée ? Rien ne laisse présager d’amélioration. »
Les revendications sont claires : au moins quatre renforts d’OPJ doivent être affectés au service de nuit dès septembre 2025. Mais surtout, un changement de posture de l’administration est attendu. « Il faut arrêter de faire porter la responsabilité de la crise sur des policiers déjà à bout. Ce qu’on demande, ce sont des actes : du renfort, du soutien, de la considération. »
La souffrance des policiers ne doit plus être ignorée
La mobilisation de mercredi rassemblera des effectifs de toutes les divisions : enquêteurs de jour et de nuit, services spécialisés, administratifs, ainsi que les principales organisations syndicales — Alliance, Alternative Police, Synergie Officiers — unies pour faire bloc et faire passer un message fort.
Car au-delà des revendications, c’est une question humaine qui est posée. « Il y a une vraie souffrance. La médecine du travail le confirme régulièrement. La prévention du suicide ne doit pas être un thème de réunion, mais une action concrète, au quotidien. »