Charente
Crise au sommet : la Charente en quête d’un nouvel équilibre politique

Le Conseil départemental de la Charente traverse une période de turbulence inédite. Selon France Bleu, ce vendredi matin, en pleine crise institutionnelle depuis le double rejet de son budget en mars puis en avril, l’assemblée départementale a pris une décision lourde de conséquences : à la demande du groupe d’opposition, les délégations de pouvoirs ont été retirées au président Philippe Bouty. Une mesure symboliquement forte, qui marque un tournant dans la gouvernance du département.
Les 18 conseillers d’opposition, emmenés par Jérôme Sourisseau, président de la Communauté d’Agglomération du Grand Cognac, ont voté en faveur de ce retrait. Face à eux, les six conseillers de gauche dissidents, anciennement alliés à Bouty, ont choisi l’abstention. Seuls les 14 conseillers restés fidèles au président se sont opposés à la motion. Résultat : une majorité relative a suffi à déposséder Philippe Bouty de ses prérogatives, même s’il demeure président en titre.
Le Conseil départemental reprend les rênes
Privé de ses délégations, Philippe Bouty ne peut désormais plus engager seul le Conseil dans ses décisions. Ce pouvoir revient à l’assemblée elle-même, qui détient désormais la signature pour les actes officiels. En clair, le président devient une figure institutionnelle sans levier exécutif. Dans un geste d’apaisement, ou de pression, Bouty avait adressé une lettre aux dissidents, leur proposant sa démission en échange d’une abstention. Les dissidents ont effectivement choisi de ne pas voter avec l’opposition, mais ils n’ont pas empêché le retrait des pouvoirs.
Une majorité éclatée et un avenir incertain
Pour Philippe Bouty, le « contrat de confiance » avec son ancienne majorité est rompu. Pourtant, il refuse de quitter immédiatement ses fonctions. Il a prévu de rencontrer le Préfet de la Charente ce vendredi, pour évaluer les conséquences administratives et politiques de cette nouvelle situation. En toile de fond, un rapport très attendu : celui de la Cour régionale des comptes, chargée par le Préfet d’élaborer un budget pour 2025, en raison de l’impasse actuelle. Ce rapport est attendu pour le 7 juin.
Vers un nouveau leadership ?
Du côté des conseillers dissidents, la stratégie semble claire : ils ne comptent pas s’aligner sur l’opposition, mais préparent activement une nouvelle majorité. Leur objectif : construire un nouvel exécutif, après une éventuelle démission du président. Un nouveau ou une nouvelle présidente, issu(e) de leurs rangs, pourrait ainsi incarner un nouveau départ pour le Conseil départemental.