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L’Université d’Angers face à une crise budgétaire majeure

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©Université d’Angers.

Malgré des résultats académiques exemplaires et une attractivité croissante, l’Université d’Angers alerte sur une situation budgétaire critique. Sous-dotée depuis des années, elle demande à l’État un rattrapage financier pour éviter une remise en cause de son fonctionnement, de son autonomie, et de ses ambitions.

Une université performante mais fragilisée

Classée parmi les établissements les plus dynamiques de France, l’Université d’Angers (UA) fait face à une équation intenable : accueillir toujours plus d’étudiants avec toujours moins de moyens. En 2023, elle percevait une subvention pour charge de service public (SCSP) de 5 385 euros par étudiant, bien en deçà de celle versée à des universités comparables (jusqu’à 7 600 euros à Besançon). Le différentiel cumulé atteint 32 millions d’euros par an.

Cette situation de sous-financement n’est pas nouvelle, mais elle s’aggrave. Le budget rectificatif voté le 12 juin 2025 affiche un déficit de 6,3 millions d’euros, malgré une trajectoire d’assainissement ambitieuse. Le précédent déficit était de 9,7 millions. L’équilibre budgétaire ne serait envisagé qu’à l’horizon 2028, mais à quel prix ?

Pour y parvenir, l’université a dû prendre des mesures lourdes : suppression de 18 postes administratifs, réduction des investissements, ralentissement des projets immobiliers… Elle investit aujourd’hui deux euros par m² pour l’entretien courant de ses bâtiments, alors qu’il en faudrait au minimum 15. « On ne pourra pas faire davantage d’efforts, on arrive à notre maximum », constate Françoise Grolleau, présidente de l’Université d’Angers.

Des résultats encore solides… mais jusqu’à quand ?

Paradoxalement, ces difficultés budgétaires ne freinent pas l’attractivité de l’UA. En 2024, elle a accueilli 753 étudiants de plus (+3,5 %, soit deux fois plus que la moyenne nationale), avec une nouvelle hausse des vœux sur Parcoursup pour 2025. C’est aussi une université qui se classe régulièrement parmi les meilleures sur la réussite en licence, la recherche en santé et les collaborations internationales.

Son Institut de Tourisme est le premier en Europe, son IUT a été classé 1er en France en 2021, et l’université figure dans les 600 meilleures du monde selon plusieurs classements internationaux.

Mais l’effet « ciseau » menace : les effectifs augmentent plus vite que les ressources. Dans un courrier adressé au ministre de l’Enseignement supérieur le 4 juin, la présidente de l’UA et les directeurs de composantes alertent : « La sous-dotation historique de l’établissement ne peut être intégralement compensée par l’établissement lui-même sans mettre en péril ses capacités d’action et ses résultats jusque-là exemplaires. »

« On a des atouts, des forces, on a démontré que l’on était entendable. On peut donc avoir bon espoir d’être aidés », déclare Philippe Leriche, vice-président de l’Université d’Angers.

Une université au service de son territoire

Malgré ses difficultés, l’UA poursuit ses engagements. Elle développe, avec les collectivités et les entreprises locales, des formations pour répondre aux besoins du territoire : formations en électronique pour soutenir l’industrie choletaise, création d’une formation IPA en Sarthe et Mayenne pour lutter contre la désertification médicale, ou encore projets de rénovation énergétique sur les campus.

Elle s’implique également dans des projets immobiliers majeurs, comme la transformation du campus Belle-Beille en campus durable, ou la future faculté de Santé, imaginée comme un quartier hospitalo-universitaire en lien avec le CHU d’Angers.

Une alliance pour peser davantage

Dans un contexte de dissolution de l’expérimentation Angers-Le Mans, l’UA pilote une convention de coordination territoriale avec neuf établissements publics et privés d’enseignement supérieur angevins (ESSCA, ESEO, UCO, ESAIP, Institut Agro, etc.). Ensemble, ils représentent 38 000 étudiants, soit 85 % des effectifs angevins.

Cette coopération vise à créer des synergies sur la recherche, la vie étudiante, l’innovation, ou encore le développement durable. Elle pourrait ouvrir la voie à un regroupement plus structuré si la législation venait à évoluer.

Une ambition internationale

L’Université d’Angers ne cache pas ses ambitions internationales. Lauréate de l’alliance EU-Green, elle développe des masters européens et accueillera en 2026 le congrès EUROMIT, rassemblant plus de 1 000 spécialistes des maladies mitochondriales. Un centre européen sur ces maladies rares est également en cours de création à Angers, autour du chercheur canadien Timothy Wai, qui rejoindra le laboratoire Mitovasc.

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