Angers
À Angers, un référé-liberté met en lumière l’indignité des conditions de détention

La crise carcérale française franchit une nouvelle étape. Après Bois-d’Arcy, Seysses et Limoges, c’est désormais la maison d’arrêt d’Angers qui se retrouve dans le viseur de la justice. Un référé-liberté, déposé pour dénoncer l’indignité des conditions de détention, sera examiné ce mardi 9 septembre 2025 par le tribunal administratif de Nantes.
Une prison pointée du doigt depuis des années
Depuis plus de quinze ans, la maison d’arrêt d’Angers concentre les critiques des institutions, associations et responsables politiques. La Contrôleure générale des lieux de privation de liberté, le barreau, mais aussi des parlementaires alertent régulièrement sur des conditions jugées contraires à la dignité humaine.
Dans son rapport de mai 2023, la Contrôleure avait déjà relevé une aggravation de la situation : surpopulation, bâtiments délabrés, cellules insalubres et manque criant d’activités pour les détenus.
Des conditions de vie insoutenables
Au 22 juillet 2025, le taux d’occupation de la prison atteignait 203,5 % avec 464 détenus pour seulement 228 places. Des cellules prévues pour une personne en accueillent parfois trois, et certains dorment sur des matelas posés au sol.
Les constats dressés décrivent un environnement indigne : murs fissurés, sols moisis, sanitaires défectueux, douches vétustes, absence d’eau chaude et promiscuité extrême. Les détenus partagent des espaces infestés de nuisibles, dorment à quelques centimètres des toilettes, et subissent un air malsain, étouffant l’été et glacial l’hiver.
Une alerte nationale
Ce recours judiciaire ne concerne pas seulement Angers : il illustre une faillite structurelle du système carcéral français. Les condamnations répétées et les appels des institutions se heurtent à l’inaction de l’État, malgré la gravité des atteintes aux droits fondamentaux.
Dans un climat politique tendu, où la confiance envers les institutions vacille, la question pénitentiaire devient emblématique d’un manque de volonté politique. Ce nouveau référé-liberté rappelle que la dignité en prison n’est pas une faveur, mais un principe démocratique incontournable.