Le trafic de drogues mené à Angers, Cholet et dans d’autres villes avait entraîné la mort d’un jeune parisien.

La Juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Rennes a prononcé de un à six ans de prison, ce mardi 30 septembre 2025, à l’encontre des protagonistes d’un trafic de drogues opéré à Nantes (Loire-Atlantique) et Cholet (Maine-et-Loire) et qui avait conduit au meurtre d’un habitant de Gennevilliers (Hauts-de-Seine) et à la tentative de meurtre d’un habitant de Villejuif (Val-de-Marne).

Pour rappel, Amin XXX – un habitant de Gennevilliers de 31 ans – s’était écroulé sur le parking de l’hôtel Golden Tulip de Carquefou (Loire-Atlantique), près de Nantes, dans la nuit du 23 au 24 février 2022 vers 00h30, alors qu’il venait d’être atteint d’une balle en plein cœur. Un jeune de 19 ans de Villejuif qui l’accompagnait, Antonio XXX, avait lui été blessé par balle à un pied, mais était parvenu à prendre la fuite à travers champs.

Cette nuit-là, le véhicule dans lequel se trouvaient les deux victimes avait été la cible de coups de feu tirés par les occupants cagoulés et capuchés d’un second véhicule qui avait surgi devant l’hôtel, au niveau du portail, en « plein phares » : deux personnes en étaient alors descendues. La vidéosurveillance de l’établissement avait tout filmé, et les deux veilleurs de nuit présents lors de faits avaient eux dans un premier temps pensé à « une attaque de l’établissement » et s’étaient enfermés à l’intérieur.

L’instruction – conduite par la Juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Rennes, compétente en matière de criminalité organisée – a permis d’établir un lien entre ces faits criminels et la gestion du point de deal du 38 rue Watteau, situé au cœur du quartier sensible des Dervallières à Nantes.

« RAFALES » POUR UNE ERREUR DE COMPTABILITE

Antonio XXX a d’ailleurs reconnu devant les enquêteurs qu’il y travaillait comme « guetteur » pour « 2.400 € le mois complet » : il avait été contrôlé quelques jours plus tôt sur le point de deal. Les deux hommes auraient été « recrutés par des gros de Paris » pour venir officier à Nantes.

Selon ses dires, le défunt Amin XXX – pour sa part vu à deux reprises en janvier 2022 sur le célèbre point de deal – et lui ont été victimes d’un « guet-apens » alors qu’ils pensaient être conduits à une « fête » avec « des filles et de l’alcool » par un chauffeur. Ils se seraient ainsi fait « rafaler » à cause d’une « erreur » de « 10.000 à 15.000 € » dans la « comptabilité » du point de deal.

L’enquête a permis de remonter jusqu’à Billal XXX, l’autoproclamé « roi des Dervallières », identifié comme l’instigateur de ce rendez-vous et comme l’auteur du tir mortel : son ADN a été découvert sur un fusil mitrailleur. Celui de Driss XXX – qui habitait à l’époque Angers – a aussi été prélevé sur un pistolet Herstal, la deuxième arme ayant servi cette nuit-là. Quatre protagonistes du dossier avaient par la suite trouvé refuge dans un Airbnb loué à Challans (Vendée), une « maison avec piscine » dans laquelle ils avaient « regardé la télé » et « fait du sport » au lendemain du meurtre.

L’enquête avait permis d’établir que Jérémy XXX, un des protagonistes du dossier, se rendait régulièrement à Cholet où vivait la compagne de Bilal XXX; il allait aussi régulièrement dans « plusieurs domiciles » pour approvisionner quasi-quotidiennement » les petites mains du trafic. Des allées et venues sur Angers ont également été démontrées : c’est là-bas qu’il avait rencontré « un individu », « dans un bar », qui lui avait « proposé ce travail ».

UN « SUPERMARCHE OCCULTE » QUI S’AVERE « TRES LUCRATIF »

Jérémy XXX était ainsi « à la disposition » du « Roi des Dervallières », selon la juge d’instruction, au point de s’installer un temps à La Tranche-sur-Mer (Vendée) puis à Cholet au camping du lac de Ribou. Depuis ce camping, il faisait des allers-retours en région parisienne, Dreux (Eure-et-Loir) ou encore Lille (Nord). C’est d’ailleurs dans son mobil home qu’il sera finalement interpellé avec drogue et stupéfiants.

Selon un renseignement anonyme parvenu aux oreilles de la police judiciaire de Nantes le 4 mars 2022, son chef reprochait aux victimes de Gennevilliers et Villejuif d’avoir « détourné des produits stupéfiants (…) et de l’argent » issu de son trafic. Les deux tireurs et les deux responsables du point de deal ont ensuite été désignés nommément le 16 mai 2022.

Pendant huit jours, à compter du lundi 22 septembre 2025, plusieurs protagonistes ont dû répondre de faits de trafic de stupéfiants : la situation du « Roi des Dervallières », suspecté d’en être l’instigateur, a toutefois été disjointe puisqu’il n’est pas définitivement renvoyé devant le tribunal correctionnel et la cour d’assises, ayant formé un pourvoi en cassation.

Ce lundi 29 septembre 2025, la procureure de la République du parquet JIRS de Rennes avait estimé que chacun des neuf hommes restants à comparaitre étaient parties prenantes de cette « logistique rigoureuse » nécessitant « des « ressources humaines conséquentes » pour « conditionner », « approvisionner », « guetter », « sécuriser » ce « supermarché occulte » au chiffre d’affaires « très lucratif » : elle avait requis jusqu’à huit ans de prison ferme contre Jossua XXX.

Au final, ce mardi 30 septembre 2025, ce dernier a écopé de six ans de prison ferme, tout comme Driss XXX ; les sept autres ont écopé de peines allant de douze à vingt-sept mois de prison ferme, des peines pour la plupart déjà purgées en détention provisoire, ou aménageables sous une forme d’alternative à la détention. Au total, à l’issue de l’audience, quatre hommes restent en détention, mais aucun n’est réincarcéré./CB et GF (