Grand Ouest
Les voleurs de Montreuil-Juigné interpellés à Pornic siphonnaient les troncs des églises

Le tribunal correctionnel de Nantes a condamné ce mercredi 29 octobre 2025 trois hommes de Montreuil-Juigné (Maine-et-Loire) pour avoir volé des pièces de monnaie dans « une centaine » d’églises, comme à Pornic (Loire-Atlantique) le 25 octobre 2025.
Interpellés à Pornic le 25 octobre 2025, François XXX, Michel XXX et Kléber XXX sont à l’origine d’une « centaine de vols » dans des églises de l’Ouest comme à Ancenis-Saint-Géréon, La Turballe, La Chapelle-sur-Erdre, La Baule-Escoublac, Loireauxence, Sautron, Oudon, Pontchâteau (Loire-Atlantique), Angers, Mauges-sur-Loire (Maine-et-Loire), Saint-Etienne-du-Bois, Sallertaine (Vendée) et Pontmain (Mayenne). Les trois hommes ont aussi sévi à Meucon, Questembert, Pluherlin, Sarzeau (Morbihan) et Domfront-en-Poiraie (Orne).
Les voleurs récupéraient les pièces de monnaie offertes par les fidèles dans les églises grâce à « une longue tige imbibée de colle » qu’ils inséraient dans « la fente des troncs », a-t-il été expliqué lors de l’audience. À défaut, les troncs étaient ramenés « sur l’aire des gens du voyage de Montreuil-Juigné » où ils étaient découpés à la disqueuse. De « longues tiges en plastiques imbibées de colle », des « disques de meuleuse » et des « sachets de pièce de monnaie collantes » ont ainsi été saisis.
Lors de son procès au tribunal correctionnel, Michel XXX a reconnu être à l’origine de cette idée « facile » pour lui permettre de « trouver de l’argent ». Il n’y avait « pas de rôles prédéfinis » : lui et ses complices « prenaient la voiture » et « suivaient les panneaux, à l’aveugle », avant de voler puis de se répartir « l’argent à parts égales ».
« L’ÉGLISE N’EST PAS UN DISTRIBUTEUR AUTOMATIQUE »
L’homme, dont le casier judiciaire fait état de quatorze mentions, concède avoir « mal fait » et « mal réagi ». Son neveu de 23 ans, François XXX, a lui aussi acquiescé : il a justifié ses vols par un besoin d’argent « pour les boîtes de lait » de son fils quand « les fins de mois étaient dures ».
À la tête d’une « microentreprise sur le nettoyage des bâtiments et des façades », il vit chez sa mère sur l’aire de Montreuil-Juigné ou avec sa compagne du même âge, bénéficiaire des allocations sociales à hauteur de 1.500 €.
À la barre, le représentant du diocèse de Vannes a justement insisté sur ces « aides sociales » pour pallier aux problèmes financiers. « L’Église n’est pas un distributeur automatique », rapporte-t-il. Saluant « la diligence de l’enquête », il a tenu à préciser que ce « lieu sacré » qu’est une église est ouvert pour permettre à tous de « prier », « visiter » et, « selon les convictions, saluer ou déposer une bougie ».
Mais pour Kléber XXX, voler « l’argent dans les troncs » lui permettait d’abord de « payer l’emplacement » sur le camp, où il a été accueilli par Michel XXX à la suite de son expulsion de son appartement. « On n’agressait pas les gens » positive l’homme de 46 ans, admettant que « c’est moche » et que « ça reste un vol ».
DES FAITS « PARTICULIEREMENT GRAVES »
Titulaire d’un CAP et d’un BEP en maçonnerie, cet homme déjà condamné quinze fois avait mis en avant le fait qu’il allit bientôt « signer un contrat dans la boucherie » de son fils, né d’une précédente union comme ses quatre autres enfants.
Au total, plusieurs « milliers d’euros » ont ainsi été dérobés lors de cette « centaine de vols » commis dans six départements de l’Ouest, selon la présidente du tribunal correctionnel de Nantes. Des faits qualifiés de « particulièrement graves » par la procureure de la République et qui interrogent sur la « sécurité des églises » où il y a « de l’argent à portée de main ». Ces vols au « retentissement important » ont provoqué un « vif émoi », a souligné la représentante du ministère public.
Les diocèses de Nantes (Loire-Atlantique), Vannes (Morbihan) ou encore Angers (Maine-et-Loire) se sont constitués partie civile ; le montant définitif de leurs dommages et intérêts sera arrêté lors d’une audience prévue le 14 mai 2027.
Le tribunal correctionnel de Nantes a finalement reconnu les trois hommes coupables ; le plus jeune, François XXX, a été condamné à un an de prison ferme et un autre avec sursis. Kléber XXX a lui écopé de deux ans de prison ferme, avec un mandat de dépôt, et un autre avec sursis ; enfin, Michel XXX a lui écopé de deux ans et demi de prison ferme, et douze mois supplémentaires avec sursis. Les trois hommes auront pour obligations d’exercer une activité professionnelle, d’indemniser les victimes et de payer les sommes dues au Trésor Public./KL et GF
