Charente
À Angoulême, le Festival de la BD plongé dans la tempête, l’édition 2026 menacée

Le Festival international de la bande dessinée d’Angoulême traverse une crise sans précédent. Entre tensions internes, appels au boycott et retrait partiel de son directeur, l’événement phare de la BD française, prévu fin janvier 2026, fait face à un risque réel d’annulation. Un séisme pour une manifestation qui rassemblait plus de 200 000 visiteurs en 2025.
Un système de gestion contesté et un malaise profond
Depuis 2007, le festival est géré par la société privée 9eArt+, mandatée par l’Association du FIBD. Alors que cette délégation devait être renégociée, un projet de structure permettant à 9eArt+ de conserver durablement la main sur l’organisation a déclenché la colère des auteurs et de nombreux professionnels du secteur.
Le malaise s’est amplifié après une enquête dénonçant une dérive mercantile, une hausse significative des tarifs d’entrée et un climat social dégradé, marqué notamment par l’éviction d’une salariée qui affirme avoir été victime d’un viol lors d’une soirée officielle. L’affaire a conduit à l’ouverture d’une enquête judiciaire et a achevé de fissurer la confiance autour de la direction.
Un boycott massif des auteurs et des éditeurs
Face au projet de prolongation du partenariat avec 9eArt+, une pétition a été lancée au printemps 2025, appelant au boycott de l’édition 2026 si un appel à projets transparent n’était pas mis en place. Plus de 2 500 signatures ont été recueillies, dont de nombreux lauréats du Grand Prix d’Angoulême.
La situation a basculé début novembre lorsque les grands éditeurs – Dargaud, Dupuis, Casterman, Glénat, Delcourt et bien d’autres – ont successivement annoncé qu’ils ne participeraient pas à l’édition 2026 dans le contexte actuel. Sans auteurs ni éditeurs, le festival se retrouverait vidé de sa substance, menaçant directement sa tenue.
Un retrait du directeur qui ne suffit pas à apaiser les tensions
Face au tollé, l’Association du FIBD a finalement annoncé la mise en retrait du directeur de 9eArt+ jusqu’à la fin de son mandat et la création d’un comité de pilotage incluant acteurs publics et professionnels. L’objectif : revoir en profondeur le processus d’appel d’offres et dessiner un nouveau modèle de gouvernance pour l’après-2027.
Mais ce geste n’a pas permis de calmer la colère. Les éditeurs estiment que la confiance est rompue et réclament une reprise en main par les pouvoirs publics pour garantir l’avenir de l’événement. Plusieurs d’entre eux jugent d’ores et déjà l’édition 2026 compromise, faute de conditions satisfaisantes pour participer.
