Justice
Maintien en détention pour l’employé d’un kebab de Pouancé suspecté d’avoir tué, avec ses deux frères, leur cousin de 110 coups de couteaux.
La chambre de l’instruction de Rennes a refusé, ce vendredi 22 décembre 2023, de remettre en liberté le salarié d’un kebab de Pouancé (Maine-et-Loire) suspecté d’avoir tué avec ses deux frères leur cousin de Saint-Nicolas (Nord) dont le corps avait été découvert lesté d’un parpaing dans les étangs d’Apigné, à Rennes (Ille-et-Vilaine).
Pour rappel, le 10 septembre 2021, le corps de Muhyettin Aydin, un Kurde de 29 ans qui vivait près d’Arras (Nord), avait été découvert dans l’eau, lesté d’un parpaing et mains attachées, quatre jours après le signalement de sa disparition à Angers (Maine-et-Loire) par ses proches.
Une semaine avant la découverte de son corps, il avait reçu « 110 coups de couteau » dont plusieurs « plaies transfixiantes » au niveau des poumons, selon les dires du médecin légiste, alors qu’il devait dormir chez son cousin Mehmet XXX.
Le soir de sa disparition, le 3 septembre 2021, Muhyettin Aydin s’était rendu dans « un local associatif de la communauté kurde » avec Mehmet XXX et ses frères. Les quatre en étaient repartis vers 23 heures.
SOIGNE POUR « UNE PLAIE AU COUTEAU »
Mais depuis, Mehmet XXX est introuvable : il avait précipitamment quitté le pays pour la Turquie trois jours après cette soirée avec femme et enfants, expliquant aller « se faire soigner d’un cancer » dont personne n’avait jamais entendu parler auparavant et annulant ses « vacances au camping » pour cause d’un « incendie », dira-t-il à certains, « pour de gros problèmes familiaux », dira-t-il à d’autres
Le mobil de ce Kurde, principal suspect dans l’affaire, pourrait être une vengeance amoureuse : Mehmet XXX soupçonnait sa femme d’avoir eu une relation extra-conjugale avec son cousin Muhyettin Aydin, comme l’avait expliqué sa propre mère aux enquêteurs. A défaut d’avoir mis la main sur le principal suspect, les enquêteurs ont donc arrêté ses deux frères, dont Ahmet XXX, 22 ans, employé de kebab à Pouancé.
Ce dernier s’était pour sa part rendu à l’hôpital de Châteaubriant le 4 septembre 2023 pour faire soigner « une plaie transfixiante » causée par un couteau. Mais le jeune homme l’assure : il s’est blessé en tentant de « couper le plastique » de la broche à kebab avec un couteau.
Mais il avait eu « de nombreux échanges » avec son frère au moment des faits et s’est « rendu à plusieurs reprises aux étangs d’Apigné aux même plages horaires que la disparition de la victime », a relevé le président de la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Rennes. Il s’est aussi rendu au local associatif où le téléphone de son autre frère, Ismaïn XXX, a aussi été « géolocalisé », a fait observer le magistrat.
LE « COMPLICE SACRIFIE DE SON FRERE »
Le cadet de la fratrie s’était ensuite rendu « en Allemagne » car il subissait « des pressions », avant d’être interpellé, mais il maintient être « étranger au décès » de son cousin Muhyettin Aydin. Aujourd’hui, certains le décrivent d’ailleurs comme « le complice sacrifié de son frère » Mehmet.
Désormais, « rien ne change dans cette affaire, si ce n’est le temps qui passe un peu plus », avait donc constaté Me Jérôme Stéphan. « Nous n’avons pas d’idée très précise de la nature et du degré de son implication », a-t-il par ailleurs rappelé à propos de son client qui « conteste » et qui présente « des garanties de représentation » en justice le jour où il devra être jugé.
Il proposait donc « un éloignement à Nogent-sur-Oise » (Val-d’Oise), chez un cousin, pour travailler en tant que chauffeur-livreur dans sa société. D’autant que « l’instruction touche quasiment à sa fin » : le juge attend désormais « la traduction d’expertises » avant de clôturer le dossier.
L’avocat général avait pour sa pour indiqué que les « motifs » qui avaient fondé un précédent rejet restaient « d’actualité » pour réclamer son maintien en détention. La chambre de l’instruction de la cour d’appel de Rennes s’est finalement rangée à son avis./CB