Charente-Maritime

La Rochelle : un avocat attaque l’État pour la lenteur de la justice française

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Image d’illustration.

À La Rochelle, un avocat du barreau local a décidé de poursuivre l’État français devant la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) pour dénoncer les retards considérables dans le traitement des affaires judiciaires. Il estime que la lenteur de la justice porte atteinte aux droits fondamentaux des citoyens.

Des affaires en attente depuis plus d’une décennie
Selon Sud Ouest, Me François Drageon, avocat au barreau de La Rochelle-Rochefort, a franchi le pas après des années d’attente dans plusieurs dossiers. « J’ai modélisé des lettres types que j’envoie aux magistrats », explique-t-il, précisant qu’il joint à chacune de ses conclusions une liste d’affaires restées sans réponse depuis des années.
Parmi ces dossiers, on trouve notamment un accident mortel survenu en 2017, toujours pas jugé, ou encore un cas de harcèlement au travail dont la plainte, déposée en 2019, demeure à l’instruction.
Plus choquant encore, une affaire de viol, initialement classée, n’a été jugée qu’en avril 2025, soit plus de quinze ans après la plainte.

Une justice en panne de moyens humains
Pour Me Drageon, cette situation n’est pas un simple dysfonctionnement, mais un problème systémique. Il dénonce des « pôles d’instruction sinistrés », une surcharge des juges et un manque criant de moyens dans les tribunaux.
« C’est dévastateur pour les victimes, mais aussi pour la confiance dans l’État de droit », confie-t-il à Sud Ouest.
L’avocat compte bien faire reconnaître la responsabilité de la France devant la Cour européenne des droits de l’homme, rappelant que le pays a déjà été condamné à une quinzaine de reprises pour non-respect du « délai raisonnable » de jugement.

Une situation nationale préoccupante
Le constat dressé par les institutions européennes va dans le même sens. D’après un rapport publié le 16 octobre 2024 par la Commission européenne pour l’efficacité de la justice (CEPEJ), la France est largement en dessous de la moyenne européenne en termes de nombre de magistrats et de procureurs par habitant.
L’Union syndicale des magistrats (USM) réclame depuis des années un renforcement massif des effectifs : « Il faudrait trois fois plus de procureurs, et deux à deux fois et demie plus de juges », estime le syndicat.

Une bataille symbolique pour une justice plus rapide
En attaquant l’État, Me Drageon espère faire bouger les lignes et rappeler que « la lenteur judiciaire est une injustice en soi ». Son recours pourrait ouvrir la voie à d’autres avocats décidés à dénoncer ce qu’ils considèrent comme un déni de justice.

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