Orne
Alençon : un couple d’infirmiers soupçonné d’avoir détourné plus d’un million d’euros

Deux infirmiers d’Alençon (Orne) ont été interpellés lundi 27 janvier et placés sous contrôle judiciaire. Ils sont accusés d’avoir détourné plus d’un million d’euros en mettant en place un vaste système de fraude sur une période de sept ans.
Selon TF1 Info, d’après le parquet, plusieurs infractions leur sont reprochées : falsification de prescriptions médicales, surfacturation de certains actes et majoration abusive des kilomètres parcourus pour leurs visites à domicile. En attendant leur procès, prévu pour la fin avril, ils ont interdiction d’exercer leur profession.
Une affaire qui choque la population
Dans les rues d’Alençon, la révélation de cette fraude suscite l’incompréhension. « C’est énorme, un million. C’est énorme », s’étonne un habitant. Un autre s’indigne : « Qu’on arrive à gruger la Sécurité sociale sachant qu’on est en milliards de déficits, je trouve ça dramatique. »
Pourtant, détourner de telles sommes ne serait pas si compliqué, selon des professionnels du secteur. « On pouvait facturer un gros pansement alors que c’est un petit. Personne ne viendra vérifier », confie une ancienne infirmière libérale. Elle souligne que la surprise est d’autant plus grande que « ça choque parce que c’est une profession de soins ».
Des fraudes récurrentes dans le milieu médical
Les infirmiers libéraux ne sont pas les seuls concernés par ce type d’escroquerie. En 2023, 70 % du montant total de la fraude à l’Assurance-maladie provenait de professionnels de santé. « Des kinés, des dentistes, des infirmiers comme c’est le cas ici, éventuellement même des médecins qui peuvent surcoder des actes », explique Nathalie Coutinet, économiste de la santé.
Le fonctionnement déclaratif du système facilite ces abus. Les infirmiers enregistrent eux-mêmes leurs actes et les envoient via une plateforme en ligne. « Avec le tiers payant, souvent le patient ne voit pas forcément ce qui est facturé à la caisse. Il y a peut-être plus de facilité par ce biais-là aussi », analyse Ghislaine Sicre, présidente du syndicat Convergence Infirmière. L’enquête devra déterminer l’ampleur exacte du préjudice causé.